Comment sortir de la crise déclenchée par la destruction par la ville du city stade des Raguenets ?
Un peu d’historique pour mieux comprendre.
Implantés de tout temps au pied des immeubles, rénovés et aménagés au cours des années, ce terrain a connu sa dernière rénovation en 2017. La ville y a consacré 60 000€ pour notamment le revêtement synthétique. Il apparaissait donc possible à cette époque d’investir de l’argent public dans un équipement de proximité. Au-delà de l’argent gâché- en ces temps où il ne coule pas à flots pour les communes-, on peut donc s’interroger sur la vision de la politique municipale qui rénove un équipement pour le détruire trois ans plus tard.
C’est surtout un énorme gâchis social, car cela suscite un climat d’affrontement et d’opposition, lourd de dangers. La destruction sans annonce préalable, sans recherche d’alternative, a été ressentie comme une grande violence. D’abord parce plus qu’un simple stade, cet espace est un symbole. La « bombonera » est un lieu de vie depuis des générations. Ensuite parce que le moment est particulier. Nous sortons de mois de confinement et d’angoisse, particulièrement pour les familles des quartiers qui vont subir une crise économique majeure. Les enfants et les jeunes connaîtront pour certains plusieurs mois sans contact direct avec l’école. Les collèges et lycées sont fermés, peu d’élèves ont repris le chemin des écoles élémentaires et maternelles. Les vacances d’été se dérouleront sur place, au pied des immeubles, pour beaucoup d’habitants des quartiers. C’est ce moment que choisit la ville pour engager un bras de fer. Y avait-il urgence, alors que le stade était condamné par des blocs de béton ? Une lourde responsabilité que de choisir la manière forte, sans aucune concertation, une semaine à peine après l’élection du « plus jeune maire du Val d’Oise » ! Plus que triste, c’est désolant, parce que cela marque la coupure immense entre la mairie et le quartier. C’est désolant parce que ce n’est pas le rôle d’un maire d’opposer les habitants entre eux. Il n’y a qu’à lire les commentaires sur certains sites pour s’apercevoir que la tension monte et que certains ont vite fait de désigner la « racaille ». Pour le moment, les choses n’ont pas dégénéré, les manifestations des jeunes sont pacifiques, à l’image de leur chant de La Marseillaise place du Forum. Mais tout est inflammable. Il faut trouver une issue, rapidement. Elle ne peut passer que par le dialogue, qui a tant manqué jusqu’ici.
Voici des propositions à mettre sur la table. Pour l’été tout d’abord. Parce que personne n’envisage que les choses restent en l’état. Au passage, le lieu dévasté reste ouvert à tous vents et demande à être sécurisé. Mais surtout quelle alternative proposer ? L’accès à un autre équipement sportif est indispensable. On ne peut imaginer que l’on reste trois mois sans offrir une autre possibilité. L’équipement le plus proche du quartier est le stade Robert Lemoine, au terrain synthétique lui aussi. La difficulté est la traversée de la rue d’Argenteuil, et bien sûr il faut l’avis des principaux intéressés sur cette question. Y laisser s’organiser dans le respect des contraintes de sécurité sanitaire des tournois de foot. Vite, des propositions de rencontre qui doivent émaner de la ville pour se mettre autour d’une table.
À plus long terme, une réflexion doit être menée avec l’ensemble des partenaires, jeunes, habitants, élus… sur le devenir de l’emplacement du city stade. La ville sort de son chapeau un projet d’espace de jeux pour les 6/12 ans qui n’a jamais été débattu ni même présenté à qui que ce soit. Si la destination de ce terrain devait être reconsidérée, c’est aux habitants qu’il revient en tout premier lieu de se prononcer. Cela pourrait être un excellent exercice de démocratie locale, elle nous manque tant à Saint Gratien ! À nous d’apporter alors des propositions, espace de jeu, espace vert, jardin partagé ? Mais qu’en sera-t-il alors de la nouvelle implantation du stade, car on n’imagine pas sa disparition.
Plus largement, cette crise suscite bien des questions. C’est toute une politique locale qu’il faut revoir. Concerter, au lieu de décider en petit comité. Rapprocher les quartiers, comme nous l’avons proposé lors de la campagne des municipales, et non les opposer entre eux. S’interroger sur l’emplacement des équipements sportifs, pour beaucoup d’entre eux situés loin du quartier des Raguenets. C’est en effet le « pôle sportif » des Cressonnières qui a bénéficié de toutes les rénovations récentes. S’interroger sur la politique sportive à mener, valoriser les réussites de tous…. S’interroger aussi sur l’absence de jeunes au sein des instances de décision de la ville, et notamment du Conseil municipal. Les jeunes sont absents également des réunions de quartier. On les comprend. La parole y est aussi « entravée ». Et si le problème était là ?