Je me rends régulièrement en mairie pour récupérer dans mon casier d’élue le courrier qui m’est adressé, notamment les convocations aux réunions municipales et les dossiers qui y seront étudiés.
Surprise cette semaine ! On me remet lors de mon passage un « paquet » de taille trop importante pour être déposé dans ma case. Je reste un peu interloquée, car il s’agit d’un « cadeau » ! La ville m’en faisant rarement… je m’interroge. Qu’ai-je donc fait pour mériter cela ? J’ouvre la boîte en carton. Il y a là des produits de « beauté », mon étonnement va grandissant ! Je poursuis mon exploration et l’explication m’apparaît : le maire fait un cadeau aux femmes de la collectivité à l’occasion du 8 mars ! Les bras pourraient m’en tomber, si la coutume n’était pas récurrente dans notre bonne ville. Mais en général, l’affaire est annoncée par un courriel vantant l’initiative. Cette année, rien de tel. (Peut-être que le maire a égaré mon adresse, ce qui expliquerait pourquoi il ne répond jamais à nos diverses demandes, on y reviendra.)
J’avais espéré faussement, notre maire n’a donc toujours rien compris à la « journée internationale des droits des femmes ». Il récidive dans le contre-sens qu’il y a à faire ce jour-là un « cadeau » aux femmes ! « Honorer les femmes en leur offrant un présent » nous écrit-il. Ce n’est pas de « cadeaux » dont les femmes ont besoin. Ce sont des droits qu’elles réclament. Quant à être « honorées » par un shampooing et une crème de jour…
Le 8 mars n’est pas une journée où on offre des « cadeaux » aux femmes, mais bel et bien un jour d’action et de revendication pour l’égalité femmes-hommes. Le « cadeau », que nous offre généreusement le maire avec l’argent des contribuables, est donc une absurdité.
En France en 2021, que ce soit en matière d’égalité professionnelle, de droit à l’avortement, de réels moyens humains et financiers pour lutter contre les violences faites aux femmes ou encore d’égal accès à tous les pouvoirs et toutes les responsabilités, de lutte contre la précarité menstruelle, bien des chantiers restent ouverts pour une réelle égalité. Cette année, des villes ont, malgré le contexte sanitaire contraignant, choisi de mettre en lumière le rôle essentiel des femmes souvent en première ligne, qu’elles soient caissières, infirmières, aides-soignantes, enseignantes… Articles dans les revues municipales, initiatives diverses dans les structures culturelles en partenariat avec les associations, mois de l’égalité… les idées n’ont pas manqué pour associer les élu.es, les agent.es des collectivités, les habitant.es, à la nécessaire lutte pour l’égalité.
Une suggestion pour le 8 mars 2022 ? Saint Gratien pourrait se pencher sur ses plaques de rues. Ces dernières portent les noms de…9 femmes pour… 85 hommes.
Avant qu’on ne me le reproche, je précise que je n’oublie pas le nouveau lieu dénommé « espace Citoyennes de la République », destiné aux femmes, récemment implanté aux Raguenets et où œuvrent différentes associations. Il mériterait d’être présenté aux élu.es, et popularisé plus largement que par un simple post sur Facebook… Et d’ailleurs, pourquoi ne pas donner à cet endroit… le nom d’une femme ?