Pas de cadeau le 8 mars !

Billet d’humeur…

Le 8 mars à Saint Gratien, que se passe-t-il ?

Pas grand-chose…

Poursuivant la tradition de l’époque J. Eustache (dans ce domaine comme dans bien d’autres…), le maire « offre » un cadeau, sur les deniers municipaux, bien évidemment, aux femmes agentes et élues de la collectivité.

Je ne me suis pas précipitée pour aller chercher le présent, et j’ignore donc de quoi il s’agit cette année. Je ne manquerai pas de vous faire partager mon agacement lorsque j’irai vider mon casier en mairie.. En général, j’y trouve un produit de beauté (soupir…) ou un objet artisanal venu de l’étranger, sous prétexte de solidarité internationale avec les femmes du monde.

Un geste assez incompréhensible, car le 8 mars n’est pas une journée où on « offre des cadeaux » aux femmes. Elles réclament des droits et luttent dans cet objectif ! Tout le contraire d’un cadeau, c’est un dû qu’elles veulent ! Le maire est donc complètement à côté de l’histoire.

Le site Facebook de la commune croit mieux faire, ou bien il hésite à rester silencieux en cette date qui prend de plus en plus d’importance au fil des ans. Alors il affiche fièrement le nombre de femmes artistes ayant exposé à Saint Gratien, soit à la salle Villeglé, soit au centre culturel du Forum. Bilan sans appel : 8 (huit) femmes depuis… 2007, soit en 16 ans. À raison de 5 expos environ par an, il y a donc eu 8 (huit !) femmes sur 80 artistes au total. Vraiment de quoi se vanter ?? Ou faut-il reconnaître, que là comme ailleurs, la ville a un sérieux retard ? Comme dans la dénomination de ses rues, par exemple, puisqu’à peine 9 (neuf !) rues portent le nom de femmes, contre 85 ceux d’hommes. Or, la visibilité des femmes dans l’espace public n’est pas une question anodine.

Saint Gratien se fait d’ailleurs épingler par le site Facebook de « Héroïnes 95 », un groupe de citoyen.ne.s du Val d’Oise qui se mobilisent contre les violences sexistes. Saint Gratien est visée comme ville « ne faisant rien » ou « le cachant bien » !

Le 8 mars, certaines villes du Val d’Oise ont des initiatives qui renforcent des stéréotypes sexistes, remarque le même site. Heureusement, il existe aussi des villes qui mettent en valeur les droits des femmes, leurs revendications et leurs luttes. Expo « femmes, vie, liberté » sur le combat des femmes d’Iran, documentaire sur les conditions de travail avec le film « Debout les femmes », des conférences et des débats sur les femmes qui se sont battues pour leurs droits dans l’histoire, des murs ou fresques d’expression sur l’égalité, une concertation pour des quartiers égalitaires.. cela existe aussi dans le Val d’Oise.

Les idées ne manquent donc pas pour faire de ce 8 mars une journée de solidarité avec les femmes du monde, et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes, qu’elles soient économiques ou sexuelles. Saint Gratien ferait bien d’y  réfléchir.   

8 mars 2023

Rappelons-le pour ceux qui s’obstinent à nous faire des cadeaux ou à nous offrir des fleurs ce jour-là : le 8 mars, ce n’est ni la fête des mères, ni la fête des femmes, c’est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

C’est en solidarité avec les femmes du monde entier qui se mobilisent pour leurs droits, pour exiger l’égalité au travail et dans la vie ou encore contre la réforme des retraites encore plus injuste pour les femmes, que plusieurs dizaines d’organisations appellent à la grève féministe. Leur texte est à lire ci-dessous. Le PCF soutient cet appel. Images du blog.

8 mars, grève féministe ! Grandes gagnantes, le retour

Nous appelons à la grève féministe en solidarité avec nos sœurs du monde entier, notamment iraniennes, afghanes et kurdes qui subissent une remise en cause de leurs droits fondamentaux et qui payent parfois de leur vie leur résistance acharnée à l’oppression. Nous soutenons nos sœurs ukrainiennes confrontées à une guerre cruelle et meurtrière dont un grand nombre vit en exil ou ont à affronter la peur des bombardements et les exactions des soldats russes. Nous soutenons nos sœurs féministes russes qui manifestent contre ces menées militaristes au prix souvent de leur liberté.

Nous appelons à la grève féministe pour gagner l’égalité au travail et dans nos vies, pour garantir notre indépendance économique.

En France, le gouvernement s’attaque de nouveau et frontalement aux femmes avec une réforme des retraites, qui va les percuter de plein fouet. Au cœur de la lutte contre cetteréforme, le 8 mars est l’occasion de mettre sur le devant de la scène la situation et les revendications des femmes et d’amplifier la mobilisation.Le 8 mars 2020 a été la dernière manifestation avant l’enterrement de la réforme des retraites à points ! Faisons du 8 mars 2023 celui du retrait de cette nouvelle réforme de régression sociale majeure. Ensemble, nous gagnerons !

Toujours payées un quart en moins, concentrées sur les emplois moins bien rémunérés et à temps partiels, les femmes sont de plus en plus nombreuses à ne pas pouvoir boucler les fins de mois. Au lieu de sanctionner les entreprises qui discriminent, au lieu d’augmenter les salaires et les pensions,de lutter contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, ce gouvernement et le patronat veulent imposer une réforme des retraites violente et injuste. Contraintes par des salaires plus faibles et des carrières plus courtes du fait de la prise en charge des enfants et des aîné·es, nous touchons déjà aujourd’hui une pension en moyenne inférieure de 40% à celle des hommes. Reporter encore l’âge de départ, alors que nous sommes nombreuses à partir en retraite avec une carrière incomplète dégradera encore notre situation. Nous refusons de travailler plus pour gagner moins ! Au contraire, mener des politiques volontaristes pour l’égalité des salaires et des taux d’emploi procurerait des cotisations supplémentaires supérieures au déficit invoqué par le gouvernement pour justifier la réforme des retraites.

Handicapées, nous subissons d’autant plus les violences sexistes, y compris sexuelles, qu’elles soient privées, institutionnelles, médicales, ou économiques. Nous ne voulons plus être invisibles, privées de nos droits à l’auto-détermination, à l’éducation, à l’autonomie, à l’emploi, aux soins, et à la procréation pour celles souhaitant devenir mère. Nous voulons notre indépendance économique, l’accessibilité universelle de l’ensemble de l’espace public, des logements, des écoles et lieux de formations, professionnels ou de loisirs.

Travailleuses sans papier, nous voulons être déclarées et pouvoir cotiser. Pas question, comme le fait le projet de loi asile immigration, de donner les pleins pouvoirs aux patrons pour décider de notre régularisation !

Privées d’emploi, nous ne voulons pas que la durée de notre indemnisation, comme le prévoit désormais la loi, dépende des aléas de la conjoncture économique.

Nous refusons de subir les effets du projet de loi sur le logement Kasbarian-Bergé actuellement en discussion qui criminalise les locataires et occupantes précaires mises dans l’illégalité en accélérant les mises à la rue, précarisant encore davantage celles qui subissent des violences et des inégalités.

Nous appelons à la grève féministe pour défendre le droit à l’avortement toujours menacé ou criminalisé dans le monde. En France, ce droit doit être inscrit dans la Constitution ! Il doit aussi être effectif sur l’ensemble du territoire avec le maintien et la réouverture de maternités et hôpitaux de proximité.

#MeToo a mis en lumière que les violences contre les femmes et les filles étaient partout. Nous voulons enfin en tous lieux être respectées et 2 milliards pour l’accompagnement des victimes, la mise en œuvre des politiques de prévention pour assurer la fin des violences sexistes et sexuelles. Nous en avons assez de l’impunité des agresseurs ! Nous voulons une réelle solidarité avec les victimes ! Nous voulons que les lois existantes soient complétées et appliquées !

De bons salaires, de bonnes retraites, c’est la garantie de notre indépendance économique. Pas question, de dépendre de nos pères, de nos conjoints ou de toute forme de patriarcat !

Nous voulons du temps pour vivre, un vrai partage des tâches domestiques et parentales, une réduction du temps de travail pour toustes ! Nous voulons des services publics pour socialiser ces tâches et prendre en charge nos enfants et nos parents !

Nous voulons avoir les moyens de faire nos choix de vie et de vivre librement notre orientation sexuelle et nos identités. Nous voulons mettre fin aux attaques et discriminations misogynes, racistes et LGBTQIAphobes. Celles-ci sont relayées par les discours de l’extrême droite dont l’ADN est la haine de l’« autre ».

Nous voulons une éducation non sexiste, la mise en place effective d’une éducation à la sexualité et au consentement, la fin des stéréotypes dans les manuels scolaires et une orientation scolaire et professionnelle non genrée.

Le 8 mars, on s’arrête toutes et on manifeste. On fait la grève féministe.

On montre la solidarité et la force des femmes. Le 8 mars, on grève, on débraye, on agit. Faisons du bruit à 15h40, heure à laquelle chaque jour les femmes arrêtent d’être payées. Le 8 mars, tous·tes ensemble, on envahit les rues contre la réforme des retraites, pour l’augmentation des salaires, contre les violences sexistes et sexuelles et en solidarité internationale avec les femmes du monde entier.

Ras le bol du patriarcat !

Cadeau

Je me rends régulièrement en mairie pour récupérer dans mon casier d’élue le courrier qui m’est adressé, notamment les convocations aux réunions municipales et les dossiers qui y seront étudiés.

Surprise cette semaine ! On me remet lors de mon passage un « paquet » de taille trop importante pour être déposé dans ma case. Je reste un peu interloquée, car il s’agit d’un « cadeau » ! La ville m’en faisant rarement… je m’interroge. Qu’ai-je donc fait pour mériter cela ? J’ouvre la boîte en carton. Il y a là des produits de « beauté », mon étonnement va grandissant ! Je poursuis mon exploration et l’explication m’apparaît : le maire fait un cadeau aux femmes de la collectivité à l’occasion du 8 mars ! Les bras pourraient m’en tomber, si la coutume n’était pas récurrente dans notre bonne ville. Mais en général, l’affaire est annoncée par un courriel vantant l’initiative. Cette année, rien de tel. (Peut-être que le maire a égaré mon adresse, ce qui expliquerait pourquoi il ne répond jamais à nos diverses demandes, on y reviendra.)

J’avais espéré faussement, notre maire n’a donc toujours rien compris à la « journée internationale des droits des femmes ». Il récidive dans le contre-sens qu’il y a à faire ce jour-là un « cadeau » aux femmes ! « Honorer les femmes en leur offrant un présent » nous écrit-il. Ce n’est pas de « cadeaux » dont les femmes ont besoin. Ce sont des droits qu’elles réclament. Quant à être « honorées » par un shampooing et une crème de jour…

Le 8 mars n’est pas une journée où on offre des « cadeaux » aux femmes, mais bel et bien un jour d’action et de revendication pour l’égalité femmes-hommes. Le « cadeau », que nous offre généreusement le maire avec l’argent des contribuables, est donc une absurdité.

En France en 2021, que ce soit en matière d’égalité professionnelle, de droit à l’avortement, de réels moyens humains et financiers pour lutter contre les violences faites aux femmes ou encore d’égal accès à tous les pouvoirs et toutes les responsabilités, de lutte contre la précarité menstruelle, bien des chantiers restent ouverts pour une réelle égalité. Cette année, des villes ont, malgré le contexte sanitaire contraignant, choisi de mettre en lumière le rôle essentiel des femmes souvent en première ligne, qu’elles soient caissières, infirmières, aides-soignantes, enseignantes… Articles dans les revues municipales, initiatives diverses dans les structures culturelles en partenariat avec les associations, mois de l’égalité… les idées n’ont pas manqué pour associer les élu.es, les agent.es des collectivités, les habitant.es, à la nécessaire lutte pour l’égalité.

Une suggestion pour le 8 mars 2022 ? Saint Gratien pourrait se pencher sur ses plaques de rues. Ces dernières portent les noms de…9 femmes pour… 85 hommes.

Avant qu’on ne me le reproche, je précise que je n’oublie pas le nouveau lieu dénommé « espace Citoyennes de la République », destiné aux femmes, récemment implanté aux Raguenets et où œuvrent différentes associations. Il mériterait d’être présenté aux élu.es, et popularisé plus largement que par un simple post sur Facebook… Et d’ailleurs, pourquoi ne pas donner à cet endroit… le nom d’une femme ?  

8 mars 2021

Faut-il le répéter, le 8 mars n’est pas la « journée de la femme » (il est donc inutile voire stupide de nous faire un cadeau !) mais la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Partout dans le monde le 8 mars, des mobilisations ont lieu pour gagner l’égalité entre les femmes et les hommes. En France, la dernière manifestation dans la rue le 8 mars 2020 a réuni 150 000 manifestant.es.

La crise sanitaire n’a fait qu’aggraver la situation des droits des femmes :  augmentation des violences sexistes et sexuelles, des charges domestiques et familiales, de la précarité, un droit à l’avortement fragilisé et les questions d’égalité professionnelle oubliées.

Pendant cette crise, l’utilité sociale de nombreuses professions très féminisées a été mise en lumière et l’urgence de leur revalorisation est encore plus criante. Que ferait-on sans les femmes enseignantes, caissières, infirmières, aides-soignantes, femmes de ménage … ?

La question des droits des femmes est toujours d’actualité dans notre pays. Des exemples ? La France ne compte que 4 % de femmes cheffes d’orchestre, elles sont plus de 30 % à être à temps partiel, contre 7% chez les hommes, et l’écart de salaires entre les hommes et les femmes est toujours de 25 %. Chaque jour à partir de 15h40, les femmes travaillent gratuitement. Cette heure symbolise le « quart en moins » de salaire.

Les discriminations, les violences sexistes et sexuelles sont légion. 94 00 femmes victimes de viols ou tentatives en France par an !

Et si les femmes représentent 47% des député.es, elles ne sont que 20% des maires et 12% des président.es d’intercommunalités.

Selon l’ONU, dans le monde 47 millions de femmes et de filles dans le monde passeront sous le seuil de pauvreté en 2021 à cause de la pandémie de coronavirus, annulant ainsi des décennies de progrès.

Enfin, les femmes restent les grandes oubliées de l’histoire. À Saint Gratien, seules 9 rues portent des noms de femmes… contre 85 des noms d’hommes.  

Une fois n’est pas coutume, la télé met à l’honneur ce 8 mars 2021 une femme oubliée et pourtant exceptionnelle, Martha Desrumeaux, ouvrière communiste.. et féministe !

Lire ici 

Un peu d’histoire…

La journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars est une journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes.

Elle est issue de l’histoire des luttes féministes. À la suite d’une proposition de Clara Zetkin en août 1910, l’Internationale socialiste des femmes célèbre le 19 mars 1911 la première « Journée internationale des femmes » et revendique le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. Depuis, des rassemblements et manifestations ont lieu tous les ans.

Clara Zetkin

C’est la Russie soviétique qui est le premier pays à l’officialiser en 1921 en en faisant un jour férié. C’est finalement en 1977 que l’ONU officialise la journée, invitant tous les pays de la planète à célébrer une journée en faveur des droits des femmes. C’est une journée de manifestations à travers le monde et l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité en droits.

Ci-dessous, l’éditorial de l’Humanité en ce 8 mars 2021, qui bien qu’écrit par un homme… est un beau texte féministe !

Éditorial. Universalité

Lundi 8 Mars 2021, Christophe Deroubaix dans l’Humanité

Dans un monde idéal, le 8 mars n’existerait pas. Ou alors à titre commémoratif, afin de célébrer la pleine égalité enfin atteinte. Mais on sait que, dans un monde réel qui tend vers l’idéal, cette quête demeurera permanente. Avec la même ligne d’horizon en vue, chaque avancée ouvrira une nouvelle perspective qui elle-même permettra d’autres percées. Un cap a incontestablement été franchi ces dernières années avec ce qu’il est convenu d’appeler la « libération de la parole », lointaine cousine de la « libération sexuelle », toutes deux ayant la fonction d’un coup de masse fissurant un édifice séculaire : le patriarcat.

On mesure sans doute la puissance de cette vague que nous décrivons, dans notre une du jour, comme « irrésistible » à la pauvreté des arguments des syndics de l’ordre établi. Ici, ils tentent d’assimiler la partie au tout, en instrumentalisant des formes d’actions marginales afin de discréditer ce puissant mouvement. Là, ils entendent jouer de la déstabilisation d’hommes qui se sentent sincèrement perdus ou stigmatisés au milieu de ce réagencement historique dans l’ordre des genres.

Si cela va sans dire, cela va sans doute mieux en l’écrivant : il ne s’agit pas d’un combat des femmes contre les hommes, d’une bataille de la moitié de l’humanité pour elle-même contre l’autre moitié, de retourner les armes, mais de désarmer. Fidèles à un « esprit Mandela », plus moderne que jamais, assumons que la fin du patriarcat émancipera les femmes ET les hommes, libérant les unes et les autres du poids – à la hauteur de ce qu’il leur a fait vivre – d’un système d’assignation et de domination. C’est donc un combat de l’humanité tout entière pour sa propre réalisation. Échappant, année après année, à une sorte de piège de « saint-valentinisation » (dessécher une belle idée en la confinant), le 8 mars se hisse, peu à peu, au calendrier de l’émancipation, à la hauteur de l’universalité d’un 14 Juillet.

8 mars 2020

Sororité

Alors non, le féminisme n’est ni « consensuel », ni « puritain », ni « victimaire », comme on entend ici ou là le proférer les fils malades du patriarcat dans leur guerre préventive contre l’égalité. Et gare au retour de bâton

8 mars 2020Gardez vos roses, messieurs. Avec les Rosie en grève, le 8 mars a ­repris des couleurs, ­renouant avec les origines ouvrières et socialistes de cette journée. ­Depuis trois ans, le patriarcat subit les plus vifs coups de boutoir de son histoire. Cette nouvelle vague féministe, portée par une jeunesse qui ne supporte plus de courber l’échine devant la violence de la domination masculine, redessine l’imaginaire social et les rapports de pouvoir qui perpétuent les inégalités de genre.

Le courant est si puissant que les grands de ce monde, sentant le vent tourner, font mine de s’y ­atteler, à coups d’opportunisme marketing et autre « féminisme washing ». Sur ce registre, l’imposture féministe du gouvernement sur les retraites n’aura dupé personne. Mieux, les conséquences dramatiques de cette réforme sur les pensions des femmes, que le pouvoir macroniste condamne à la perspective du minimum vieillesse, ont mis de l’huile dans le moteur du mouvement social, renouvelé avec créativité ses modes de lutte. Le grand débat de société ouvert sur l’enjeu des retraites a démontré les effets pervers de l’assignation au travail reproductif, mais aussi combien la surexploitation du deuxième sexe est un outil de dumping social pour le patronat.

Alors non, le féminisme n’est ni « consensuel », ni « puritain », ni « victimaire », comme on entend ici ou là le proférer les fils malades du patriarcat dans leur guerre préventive contre l’égalité. Et gare au retour de bâton. « L’histoire de l’opposition des hommes à l’émancipation des femmes est plus intéressante peut-être que l’histoire de cette émancipation elle-même », avançait Virginia Woolf. Les récentes ­restrictions du droit à l’IVG, aux quatre coins de la planète, rappellent combien le patriarcat ne cédera pas gentiment la place. Et aucun groupe social, aucune famille politique, aucune religion n’en est immunisé. Bien loin des polémiques hexagonales manichéennes, rappelons ici que, pour des millions de femmes dans le monde, leur engagement féministe ne les expose pas qu’à une vindicte réactionnaire, mais à la prison ou la mort.

Maud Vergnol, dans l’Humanité du 8 mars 2020

 

Un cadeau ? Non, des droits !

Journée internationale des droits des femmes

8 mars : journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes, journée de lutte pour l’obtention de nouveaux droits sociaux. Elle est  issue de l’histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain. C’est Clara Zetkin, figure historique du féminisme socialiste, qui lancera la première,  en 1910, l’idée de cette journée (le 19 mars !), revendiquant le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. En 1977, les Nations-Unies officialisent la journée.

La journée du 8 mars est inscrite depuis 1982 en France comme celle des droits des femmes. Elle symbolise des décennies de luttes mais rappelle également que le chemin vers l’égalité hommes/femmes est encore long.

C’est une journée d’importance pour faire entendre la parole des filles et des femmes et porter nos revendications, toujours nombreuses, face à un système patriarcal qui perdure et se réinvente.8 mars 2019 2

Les écarts entre les sexes demeurent aujourd’hui considérables et dans bien des domaines. Certes, le 20è siècle a été marqué par de grandes avancées comme la contraception ou l’instauration de l’IVG. En avril 1945, pour la toute première fois, les Françaises exercent le droit de vote qu’elles viennent enfin d’acquérir, presqu’un siècle après les hommes. Les femmes investissent massivement le marché du travail. Mais l’équilibre des genres est encore bien loin d’avoir été atteint. Une situation contrastée, car si des progrès ont été accomplis, de nouvelles formes d’inégalités se sont développées : nature des emplois occupés, essentiel des tâches familiales encore dévolues aux femmes, écarts de salaires. Précarité, bas salaires, temps partiel subi, inégalités salariales, pressions de tous ordres et harcèlement, cela reste trop souvent le quotidien de nombreuses femmes. Un tiers des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le rapport de décembre 2018 de l’association Oxfam France pointe une différence de 25 % sur les salaires entre les hommes et les femmes (ce qui signifie qu’à partir de 15h40, chaque femme travaille gratuitement…), ou encore que 78 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes mais aussi que les hauts postes à responsabilités restent majoritairement pourvus par des hommes, pourtant moins souvent diplômés que les femmes. Les pensions des femmes retraitées sont de 40% inférieures à celles des hommes. En ce qui concerne les mandats électoraux, les femmes restent minoritaires dans la vie politique : 29 % au Sénat, 39 % à l’Assemblée Nationale, 16 % des maires de villes de plus de 100 000 habitants. Dans le domaine culturel, aucune femme ne dirige de théâtre national ni d’orchestre national. Le Panthéon ne compte que 4 femmes contre 72 hommes. Le mouvement #metoo a montré l’ampleur du harcèlement et des violences sexuelles dans tous les milieux sociaux et professionnels.

Un long chemin reste donc à parcourir dans de nombreux domaines. Le combat des femmes pour accéder au partage du pouvoir (et n’est-ce pas là l’essentiel ?) est loin d’être terminé.

Aujourd’hui en France, les crédits alloués aux inégalités femmes-hommes, pourtant « grande cause nationale » sont des plus faibles : en 2016, ils ne représentaient que 0,006% du budget de l’État et en 2017, pour cause d’économies budgétaires, ils seront réduits de 25%…

Quelques inégalités en chiffres :

9,8% : en 2018, seulement 9,8 % des pays du monde sont dirigés par des femmes (ONU Femmes).

1h30 : les femmes consacrent environ 1h30 de plus que les hommes, par jour, aux tâches domestiques (INSEE, 2010).

: une femme meurt tous les trois jours en France des violences de son compagnon ou ex-compagnon.

100% : 100 % des femmes sont harcelées dans les transports en France (Haut conseil à l’égalité hommes/femmes, 2015).8 mars 2019

Le 8 mars, des villes s’engagent pour faire progresser les droits des femmes : des projections, des débats, des informations d’accès au droit, des expositions, des ateliers,  des spectacles humoristiques, des animations et du théâtre. À Aubervilliers, les femmes sont invitées à participer à une grande photo collective, puis à prendre la parole au théâtre de la commune afin d’évoquer leur quotidien de femmes dans la ville. À Saint Denis, le collectif « Place aux femmes » investit de manière festive la place de l’Hôtel de Ville pour promouvoir une véritable égalité des sexes et un usage mixte de la ville en tous lieux et à toute heure. À Dieppe, c’est une expo de portraits de femmes dieppoises, puis une conférence d’Oxfam sur les inégalités salariales, un spectacle, un marché artisanal, un concert, une mise à l’eau de lanternes et un dîner. La ville de Stains saisit l’occasion pour mettre en lumière le rôle déterminant des femmes dans la société et les inégalités persistantes dans le monde du travail, avec partage d’expériences, et mise à l’honneur de figures féminines. On pourrait multiplier les exemples.

Et à Saint Gratien, me direz-vous ? Le maire remet aux femmes salariées et élues de la ville un cadeau confectionné par des femmes en difficulté. Cette année, il vient de Madagascar. Pourquoi pas en cette journée qui est aussi de solidarité internationale. Regrettons pourtant que chez nous le 8 mars reste si confidentiel : rien sur le site de la ville… aucune initiative publique…, et si peu combatif. Car ce n’est pas de cadeaux dont les femmes ont besoin. Ce sont des droits qu’elles réclament.