22 février, la Nupes à Eaubonne

Salle des fêtes d’Eaubonne comble ce mercredi 22 février 2023 pour la réunion sur la réforme des retraites, organisée à l’initiative des formations locales de la Nupes. Malgré les vacances scolaires, il a fallu ajouter des chaises… Divers orateurs et oratrices (PCF, PS, LFI, EELV, GDS, Unef et CGT) se sont succédé pour décortiquer le projet gouvernemental, avant des échanges avec la salle.

Mensonges sur le projet de réforme, sur les carrières longues, sur la possibilité de nouvelles recettes, sur les retraites des femmes, ou l’emploi des seniors, les critères de pénibilité, la fausse promesse de 1 200€.. toute cette propagande est heureusement rejetée massivement par les Français·e·s.

L’unité et la mobilisation syndicales, fondamentales pour gagner, ont été saluées par tous et toutes.

Impossible de résumer la richesse de cette soirée et des différentes interventions. Voilà donc quelques « morceaux choisis » ci-dessous.

Témoignage tout d’abord d’un conducteur de bus, de la CGT du 95, sur les conditions de travail et les rémunérations, qui appelle aux mobilisations des 7 et 8 mars, et à abonder la caisse de grève.

Cécile Dumas, responsable du PCF 95 et conseillère régionale, a ensuite rappelé l’histoire de la protection sociale dans notre pays et la place décisive du ministre communiste Ambroise Croizat en reprenant son propos de 1946 : « la sécurité sociale est la seule création de richesses sans capital, la seule qui ne va pas dans la poche des actionnaires mais qui est directement investie pour le bien-être des citoyens ». Aussi la bataille pour les retraites est une lutte pour une société solidaire, juste socialement. Aujourd’hui ce sont 341 milliards qui échappent au capitalisme financier… et qui excitent sa convoitise ! Cette loi aggrave les inégalités. Ce n’est pas un problème comptable, mais bien un choix de société.

Bien sûr, la question du financement d’une autre réforme apparaît centrale : l’égalité salariale hommes/femmes remettrait à elle seule 37 milliards dans la caisse des retraites, quand le gouvernement pleure qu’il en manque (peut-être) 12…  

Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail,  (et toujours brillant !) a lui, insisté sur la pénibilité, et particulièrement sur la remontée en France des accidents du travail. Travail de nuit, qui détruit la santé, ou travail posté, disparition des CHSCT, un AVC sur deux lié au travail… Il évoque avec le talent qu’on lui connaît les conditions de travail des égoutiers, infirmières, enseignants, métiers du bâtiment ou aide à la personne… tant d’activités touchées par la pénibilité qui bénéficiaient de compensations de nuisances particulières. Attention au vocabulaire, nous rappelle-t-il. Ne dites pas «  régimes spéciaux », ce sont des  conventions collectives, (et d’ailleurs discutées par branches entre patrons et salarié·e·s, donc légitimes) tout  comme les « charges » sociales sont des cotisations sociales.. Il rappelle que depuis 1982 ans, la retraite était à 60 ans. Aujourd’hui la France est quatre fois plus riche.. et il finit en raillant « l’index », sans possibilité de vérification ni de sanction, comme celui mis en place en 2021 sur l’égalité femmes/hommes et qui a duré deux jours…

Romain Jehanin, avocat et porte-parole de Générations.S, cible le gouvernement, qui veut moins dépenser pour les retraites, en dépensant 12% du PIB contre 14% aujourd’hui. Comme le nombre de retraités va augmenter, on voit tout de suite le problème… et donc on entend les mensonges gouvernementaux. Le système serait menacé ? C’est faux ! Le COR le dit : il est excédentaire en 2022 et connaîtra un léger déficit qui devrait se résorber seul. Aucune menace sur les retraites ! Que Macron et ses ministres prennent leur retraite au lieu de prendre la nôtre ! D’autres choix sont possibles : taxer de 2% la richesse des milliardaires, au lieu de reculer l’âge de départ… L’espérance de vie augmenterait ? On vit plus longtemps, et bien profitons de ce temps après une vie de travail. Le recul de l’âge de la retraite va à l’encontre du sens de l’histoire qui a toujours été la réduction du temps de travail, et ce avec une augmentation de l’espérance de vie.

Le débat avec la salle portera ensuite sur la possibilité que le Conseil constitutionnel retoque la loi, les mobilisations à venir, et sur le financement d’une autre réforme des retraites : taxer les revenus financiers des entreprises, augmenter les cotisations..  On revient ici sur tous ces sujets avant le 7 mars.    

     

7 réflexions sur “22 février, la Nupes à Eaubonne

  1. Le comptable

    « Ce n’est pas un problème comptable, mais bien un choix de société…. »
    La bonne blague… comme si la comptabilité était neutre…

    La comptabilité n’est pas politiquement neutre

    La comptabilité est un outil, une technique visant à traduire la réalité en informations synthétiques et quantitatives. La politique est l’art de la décision, du consensus. Politique et comptabilité ne sont pas sur un même niveau. La comptabilité peut être considérée comme un outil au service du politique, un système d’information au service de la prise de décision.
    Pour autant, cet outil n’est pas neutre.

    Il y a à peine plus de vingt ans, la réponse aurait pu sembler évidente. À l’époque du bloc soviétique, la comptabilité communiste était axée sur le calcul du coût de revient. Les entreprises appartenant toutes à l’Etat, la problématique de valorisation des capitaux propres (même si un tel compte existait) était totalement déconnectée de l’idée de revendre l’entreprise. La valorisation du patrimoine de l’entreprise passait au second plan, de même que l’était la notion de comptabilité d’engagement dans un système où primait le contrôle des paiements.

    Dans un système capitaliste de marché, la valorisation des capitaux propres au plus près des variations des cours apparaît au contraire comme beaucoup plus prégnante. Le débat sur la juste valeur, qui se développe alors que le financement par les marchés financiers se généralise depuis les années 1980, illustre ce phénomène.

    Dès lors, la comptabilité est politiquement engagée

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  2. Pour une comptabilité insoumise

    « Ce n’est pas un problème comptable, mais bien un choix de société… »
    les choix de société ne sont pas dans la comptabilité ?….

    La comptabilité répond aux besoins de la financiarisation mondialisée.

    L’évolution récente de l’économie vers la financiarisation a entraîné des besoins tournés vers les investisseurs financiers qui imposent de nouvelles normes qu’on n’appelle d’ailleurs plus « normes comptables » mais « normes de reporting financier » ; un changement qui n’est pas seulement symbolique. Ces nouvelles normes, inspirées des conceptions libérales anglo-saxonnes, sont destinées à servir l’extrême rapidité d’une circulation des capitaux tournée exclusivement sur sa propre mobilité. Elles ne visent donc plus à satisfaire une large gamme d’utilisateurs comme c’est le cas de la tradition comptable française.

    Elles conduisent à remettre en cause certains des principes fondamentaux sur lesquels repose notre comptabilité des sociétés. Par exemple le principe de prudence qui doit assurer aux créanciers une relative sécurité est battu en brèche pour laisser place à l’enregistrement de valeurs anticipées et estimées de façon assez arbitraire, ce qui peut avoir pour conséquence de distribuer des revenus, notamment aux actionnaires, qui ne sont pas encore effectifs.

    Étroitement subordonnée aux intérêts d’une finance spéculative, cette nouvelle logique s’oppose à la logique entrepreneuriale qui avait porté le développement du capitalisme industriel au cours des deux siècles précédents.

    La prégnance du court terme qui mobilise cet esprit spéculatif est dépourvu d’intérêt pour les raisons d’être de l’activité économique ; elle se révèle difficilement compatible avec un développement économique s’appuyant sur la recherche, l’innovation et des investissements sur la longue durée qui nécessitent d’avoir des objectifs avec un horizon lointain.

    En se soumettant ainsi, la comptabilité sert le capitalisme financier et, par conséquent, contribue à façonner l’économie contemporaine.

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  3. Problème comptable, problème de société :

    Le député communiste Fabien Roussel a accusé mercredi 22 février TotalEnergies d’avoir gagné de l’argent en profitant de l’électricité bon marché vendue par EDF à ses concurrents : « EDF vend de l’électricité à 42-46 euros le mégawattheure à des fournisseurs privés, dont Total, et Total revend cette électricité à 180, 200, 300, 400 euros aux gens, mais aussi à EDF, parce que EDF n’a plus assez d’électricité comme ils l’ont vendu pour fournir aux gens », a-t-il dit sur BFM.

    Si le début de la déclaration est vrai : EDF vend bien à des tarifs très bas une partie de sa production, en revanche Fabien Roussel est ensuite caricatural, notamment sur Total.

    Le mécanisme de l’Arenh :

    On reprend dans l’ordre : D’abord, EDF vend bien une partie de son électricité à bas prix le kilowattheure. Il s’agit du mécanisme de l’Arenh pour « Accès régulé à l’électricité nucléaire historique ». Pour faire simple : avec ce dispositif, l’État oblige EDF à vendre une partie de sa production à 42 euros le mégawattheure à tous les fournisseurs alternatifs d’électricité, dont fait partie TotalEnergies.

    L’an dernier, exceptionnellement, l’État a demandé à EDF de vendre encore plus d’électricité à bas prix à ces fournisseurs alternatifs. Objectif : faire baisser les factures des ménages. Cependant cette décision a des conséquences puisqu’EDF, qui a eu de nombreuses centrales nucléaires à l’arrêt en 2022, a finalement manqué d’électricité et a du en acheter sur les marchés.

    L’électricité de l’Arenh ne peut être revendue :

    Est-ce que Total a pu revendre à EDF cette même électricité mais beaucoup plus cher ? Non, c’est là que Fabien Roussel fait un raccourci parce que cette électricité peu chère achetée à EDF, ce n’est pas celle qui est revendue sur les marchés, mais seulement celle produite par TotalEnergies, via ses centrales à gaz, ses éoliennes et ses panneaux solaires. Par ailleurs, le volume d’Arenh perçu par TotalEnergies est « répercuté aux clients dans nos offres commerciales », s’est défendu le groupe dans une déclaration transmise à franceinfo.

    Ce qui est certain, c’est qu’EDF a effectivement payé beaucoup plus cher son électricité manquante puisque depuis le début de la guerre en Ukraine, le cours du mégawattheure est monté en flèche. On était autour de 300 euros l’été dernier, c’est-à-dire les prix évoqués par Fabien Roussel

    EDF a acheté sur les marchés

    Est-ce que Total a pu vendre à EDF de l’électricité à des prix plus élevés ? C’est possible, car quand EDF achète sur les marchés, ces derniers sont alimentés par une multitude de producteurs, dont fait partie Total Energies.

    En clair : Fabien Roussel met en lumière les limites du marché de l’électricité mais il est faux de dire que l’électricité achetée par Total à EDF à bas prix ait été revendue par Total jusqu’à six fois plus cher à EDF.

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