L’ONU et les armes nucléaires

Chronique de Francis Wurtz, parue dans l’Humanité Dimanche du 21 au 27 janvier 2021

C’est ce 22 janvier qu’entre en vigueur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) adopté par l’ Assemblée générale des Nations unies le 7 juillet 2017. La règle veut, en effet, que le texte voté franchisse ce seuil symbolique 90 jours après sa ratification par un cinquantième État, ce qui fut le cas du Honduras le 24 octobre dernier. 
Hasard du calendrier, cet événement coïncide, à deux jours près, avec le départ forcé de Donald Trump qui, avant même son élection, en réponse à des questions précises et pertinentes d’un journaliste de la chaîne MSNBC sur le recours éventuel à des armes nucléaires, avait répondu : « Pourquoi les États-Unis fabriquent-ils des armes si ce n’est pas pour les utiliser ? (…) Je ne me priverai jamais d’aucune de mes options (…) Pour personne ! » Comme quoi, le danger nucléaire n’est pas l’apanage de la Corée du Nord ou de l’Iran : il est consubstantiel à l’existence d’un arsenal diabolique qui s’étend désormais à au moins neuf pays (1) , sans parler de ceux qui hébergent l’arme nucléaire à travers l’OTAN (2).
On savait depuis la guerre froide qu’il était irresponsable de faire courir à l’humanité le risque d’un engrenage fatal dégénérant en conflit nucléaire suite à une crise internationale échappant au contrôle de ses protagonistes ou celui d’une dramatique erreur débouchant sur l’irréparable. Ce danger est encore plus réel dans le monde sans boussole que nous connaissons depuis plusieurs décennies. Mais il s’y ajoute désormais un scénario-catastrophe, jusqu’alors insoupçonné : depuis le cauchemar-Trump, personne ne peut plus ignorer le péril que peut représenter la possession des codes nucléaires par un Chef d’État à l’état mental douteux, comme l’a fort justement souligné la Présidente de la Chambre des Représentants des États-Unis, Nancy Pelosi. Que le sort de la paix mondiale puisse dépendre d’un seul individu est, en tout état de cause, une anomalie que tout esprit rationnel devrait juger inacceptable !
 L’entrée en vigueur du TIAN -qui n’a, hélas, pas de caractère contraignant pour les puissances nucléaires- devrait, à tout le moins, être l’occasion de relancer le débat sur tous ces enjeux , ainsi que sur l’urgence de panser les nombreuses plaies ouvertes par l’ancien hôte de la Maison-Blanche, dans ce domaine ultra-sensible. Deux dossiers sont, à cet égard, particulièrement cruciaux. Le premier d’entre eux est l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, torpillé par Trump, et qui doit être restauré de toute urgence. L’autre est la prolongation du traité américano-russe New Start  sur la réduction des armes nucléaires stratégiques -une négociation que Trump avait gravement compromise,  alors que ce traité majeur arrive à échéance le 5 février prochain !
 Il est décidément grand temps de faire gagner en crédibilité et en soutien auprès de nos contemporains une vision de la sécurité internationale libérée du spectre nucléaire !

(1) États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, ainsi que Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël.(2) Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie et Turquie.

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