Sauvegarder le pluralisme au Conseil régional d’Île-de-France

J’ai signé l’appel ci-dessous et je vous invite à le signer également.
Appel des forces républicaines et citoyennes contre les dérives autoritaires de Valérie Pécresse et de sa majorité

Le 31 mai, Valérie Pécresse mettra au vote la suppression de deux groupes d’opposition du Conseil régional d’Île-de-France. En cours de mandat, la Présidente de Région veut changer les règles du débat démocratique et ainsi dissoudre les groupes formés par les élu.es insoumis et apparentés d’une part, les élu·es communistes et citoyen·nes d’autre part.

Il nous apparaît contraire à l’esprit républicain de venir retirer, du jour au lendemain, des droits à l’opposition et d’en supprimer une partie d’entre elles, en l’espèce deux groupes de gauche sur les quatre que compte le Conseil régional. Le seul motif invoqué par Valérie Pécresse et sa majorité n’est ni sérieux, ni responsable et se résume en un leitmotiv : réduire de quelques dizaines de minutes les rares séances du Conseil régional, convoquées une fois par trimestre en dehors du budget. Sans nul doute, une avancée majeure pour la vie quotidienne des Francilien.nes…

La  critique et le débat nourrissent la démocratie. Il est sain, en République, de permettre la juste représentation de l’opposition au sein des institutions locales. C’est en effet reconnaître et respecter l’ensemble du corps social, maintenir un contre-pouvoir et ouvrir la possibilité d’une alternative politique. L’opposition est nécessaire et utile. Elle ne doit pas être « choisie », comme bon lui semble, par la majorité et ses prérogatives doivent être élargies. Elle doit pouvoir, quand nécessaire, mettre en cause la responsabilité de l’exécutif. Sa parole ne doit pas être indument limitée par un temps programmé par l’exécutif. Elle doit avoir le droit de questionner et de proposer.

En fournissant un travail réel au service des Francilien·nes, les deux groupes politiques menacés de disparition contribuent au débat démocratique et à l’amélioration des politiques publiques. Ils formulent des propositions et relaient régulièrement la voix des Francilien·nes dans toutes les instances où ils siègent.

C’est dans cet état d’esprit qu’ils ont ensemble rencontré plusieurs dizaines de milliers de personnes avec la mobilisation STOP GALÈRE dans les transports franciliens. C’est avec cette volonté d’améliorer la vie quotidienne qu’ils dénoncent les conditions d’enseignement des jeunes lycéen·nes. C’est avec la même préoccupation qu’ils alertent sur les récents choix comptables de la droite régionale opérés au détriment de la formation et de l’enseignement professionnel.

En dépit de ce travail et agacée par celui-ci, Valérie Pécresse abuse de toutes les manœuvres possibles pour dissimuler ses erreurs à la tête de l’Île-de-France et faire taire les critiques, y compris au sein de son camp.

Nous ne pouvons accepter cette fuite en avant, symptomatique d’une époque où le pouvoir en place préfère l’autoritarisme au pluralisme.

Sans coup d’arrêt immédiat, ce qui se passe en Île-de-France annonce une remise en cause plus large des droits de l’opposition dans ce pays.

Celles et ceux qui, comme nous, sont attachés aux valeurs de la République sont invités à signer, partager et faire connaître cet appel.

Signez ici

Avec la Gauche communiste, écologiste et citoyenne du Conseil régional, acte 2

Le groupe de la Gauche Communiste Écologiste et Citoyenne invitait à une journée de travail au siège du Conseil régional à Saint-Ouen le vendredi 10 février 2023 – acte 2.

Parmi l’ordre du jour était abordée la situation dans les lycées franciliens : dotations, restauration, plan d’urgence, lycées professionnels…

Dans plusieurs lycées d’Ile-de-France, une dotation globale de fonctionnement en forte baisse

En raison d’un écrêtement décidé par la région, certains lycées publics franciliens ont vu leur dotation globale de fonctionnement diminuer drastiquement.

Le journal « Le Monde » le notait, il y a quelques jours :  pas de vidéoprojecteurs ni d’écran roulant dans la salle de travail pour le lycée technologique de Bessières (17e arrondissement de Paris), qui a vu sa dotation globale de fonctionnement plonger à 156 263 euros, alors qu’elle était de 303 283 euros en 2022. Même constat au lycée Van Dongen, à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), dont le budget 2023 a été amputé de moitié. « Nous voulions changer deux fours qui sont déjà dysfonctionnels. S’ils tombent en panne, ce sera repas froid jusqu’à la fin de l’année », ironise Blandine Vidal-Naquet, élue du conseil d’administration.

La dotation globale de fonctionnement des lycées (DGFL), qui sert à financer les équipements mais aussi les activités pédagogiques des établissements publics, est calculée en fonction du nombre d’élèves, de l’offre de formation et de la surface de l’établissement. Elle était, jusqu’en 2022, attribuée sous forme de « forfait ». Or, pour le budget 2023, « la région a estimé que les lycées qui ont des fonds de roulement – qui servent en cas d’imprévus – dont les montants étaient supérieurs à plus de trois mois de dépenses de fonctionnement seraient écrêtés », explique Jean-François Gay, responsable de la FSU en Ile-de-France.

Un fonctionnement qui existe déjà dans d’autres collectivités territoriales, indique James Chéron (UDI), vice-président de la région Ile-de-France, chargé des lycées, et qui aurait permis à la collectivité de réaliser environ 17 millions d’euros d’économie. Une décision prise « seulement cette année », pour faire face à la hausse des coûts de l’énergie (électricité et gaz) payée directement par la région.

La suite dans les diapos qui suivent…

Avec mise au débat la DGF du Lycée Monod d’Enghien les Bains qui n’était pas impactée par la politique précisée ci-dessus, mais dont la rénovation des toilettes se fait attendre depuis… 1972…

Une paille.. !

Réussir le dé confinement

Déclaration des élu.e.s communistes et républicain.e.s d’Île-de-France

Dangers d’un dé confinement mal préparé : dire la vérité aux Francilien.ne.s, rétablir la confiance

déconfinement

La manière dont le confinement est en train d’être levé en Ile-de-France fait naître de nombreux doutes et craintes. Les Francilien·ne·.s sont inquiet.e.s et particulièrement celles et ceux, parents, qui sont sommé.e.s de décider si leurs enfants retourneront à l’école ou encore celles et ceux qui, pour se rendre sur leur lieu de travail, devront emprunter les transports en commun cette semaine.

Notre Région reste le premier foyer épidémique avec un nombre de malades et un niveau de contamination élevés et une tension hospitalière forte. Toute la Région est classée « rouge ».

Pour des raisons sociales et économiques, parce que le confinement est une dure épreuve pour tous et toutes, singulièrement pour les personnes défavorisées, engager progressivement le dé confinement est bien sûr attendu et nécessaire. Mais nous le redisons avec force : il doit se faire en toute sécurité sanitaire pour les Francilien.ne.s, sécurité dont l’État doit être le garant. Ce qui n’est pas le cas pour l’heure.

Aujourd’hui, les élus locaux sont aux premières loges pour témoigner de l’impréparation de l’État. Que le Sénat, qui entend ce qui monte des territoires, rejette le plan de dé confinement gouvernemental, que plus de 300 maires francilien.ne.s s’adressent au Président de la République pour exiger de l’ État qu’il assume la responsabilité de la réouverture des écoles en garantissant les conditions sanitaires, que les opérateurs de transports publics s’adressent au Premier Ministre pour signifier leur incapacité à assurer le respect de la distanciation physique par manque de moyens… prouvent à quel point le gouvernement est déconnecté des réalités du terrain. Toutes ces alertes, nous les entendons quotidiennement avec nos concitoyen.ne.s.

Nos concitoyen.ne.s déplorent le manque de masques, leur prix élevé. Ils pointent avec justesse l’incurie de l’État en la matière, la succession de propos contradictoires quant à l’usage du masque dans l’espace public, la non-volonté étatique de fournir à tou·te·s et partout des masques pourtant nécessaires pour se protéger et protéger les autres. Nos collectivités ont pris leurs responsabilités dès qu’elles se sont rendues compte de la défaillance de l’État, mais la saturation des entreprises de textile et la difficulté d’approvisionnement font qu’il sera difficile de fournir à tous nos concitoyen.ne.s des masques alternatifs en nombre suffisant pour le 11 mai. Nous demandons donc, à nouveau, à l’État de garantir à tous les habitant·e·s l’accès à des masques gratuits de qualité, en saisissant ceux vendus dans la grande distribution et en réquisitionnant les stocks privés.

Nous demandons également que toute la transparence soit faite sur les capacités de l’État à fournir des tests, alors que le Premier Ministre en a promis 700 000 par semaine pour mi-mai. Tester les personnes à symptômes, les personnes en contact, les personnes fragiles, les personnels soignants, les personnes en contact avec du public dans leur profession… est nécessaire pour accompagner la levée du confinement. Les tests permettent d’isoler les personnes contaminées et de briser les chaines de contamination. Tester sauve des vies. Nos collectivités ont mis à disposition des lieux pour permettre l’isolement des personnes contaminées, mais ceux-ci sont sous-occupés. Cela nous alerte sur la volonté réelle de l’État de mettre en œuvre la stratégie « test et isolement »pourtant indispensable pour lever le confinement avec réussite. Nous ne voulons pas que, comme pour l’acquisition des masques, les habitant·e·s de nos collectivités soient mis en concurrence pour pouvoir être testés. Une étude de l’Inserm indique que pour maitriser l’épidémie en Ile-de-France, il faut être en capacité d’isoler une personne contaminée sur deux et pour cela, il faut tester à hauteur de 20 000 tests par jour. Des tests PCR et sérologiques doivent être disponibles. Une logistique avec les laboratoires doit être mise en place. Nos collectivités sont prêtes à jouer leur rôle, mais c’est à l’État d’organiser un cadre national que pour l’heure nous ne voyons pas venir.

Nos concitoyen.ne.s s’inquiètent de la réouverture des écoles et des crèches. Après l’annonce d’une date présidentielle, des calendriers farfelus divulgués, voici désormais que le principe du « volontariat » détermine le retour ou non à l’école, plongeant ainsi les familles dans des affres de questionnements insolubles. Comment peut-on placer ainsi les familles au pied du mur, en les sommant de choisir alors qu’aucune garantie sur les conditions sanitaires n’est donnée ? C’est à la fois totalement irresponsable de la part de l’État mais aussi dévastateur pour l’idée même de ce que doit être l’école : un lieu d’apprentissage et de sociabilité pour tous les enfants.

En tant qu’élu·e·s locaux, comme de nombreux maires franciliens, nous refusons la délégation aux collectivités territoriales de la responsabilité de l’ouverture des établissements scolaires alors qu’aucun moyen humain, matériel et financier n’est accordé à nos communes, départements et région pour la mise en œuvre des protocoles sanitaires. Faire porter la responsabilité aux familles et aux collectivités pour cacher les défaillances du gouvernement et le temps perdu par un État qui ne veut plus être stratège est lourd de graves dangers. À terme, ce que souhaite le gouvernement est que le libre-choix des individus sur nos communs, sur ce qui nous faisait faire société ensemble, comme l’école, devienne la règle. Comme élu·e·s, nous le réaffirmons avec responsabilité, si l’ouverture des écoles est une nécessité pour de très nombreuses familles, cela ne peut pas se faire dans la précipitation et au détriment de la santé des enfants et des personnels. Nous exigeons de l’État qu’il s’en donne les moyens en fournissant les tests et équipements de protection individuels nécessaires et en annulant toutes les fermetures de classes prévues à la rentrée de septembre.

Les Francilien·ne·s s’inquiètent de devoir reprendre les transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail. Les agents de la SNCF, de la RATP et du réseau Optile s’en alarment également, et disent que les risques sont immenses tant le réseau de transports en commun est un vecteur massif de contamination. Il est évidemment inenvisageable de revenir aux plus de 5 millions d’usager.e.s quotidiens du réseau. Pour garantir le respect de la distanciation physique, il faut au maximum 1 million d’usager·ère·s par jour. Les 70% d’offre de transports annoncés sont déjà trop faibles, et ne seront vraisemblablement pas réalisables non plus. Tellement peu est prêt. Si peu que la décision de lever le confinement a fait l’objet d’hésitation gouvernementale jusqu’à la dernière minute du fait des risques dus aux conditions de transport. Pour éviter de multiplier les risques de contaminations, il faudra éviter les cohues aux arrêts de bus, à l’entrée des gares, des stations, dont un certain nombre resteront fermées ou non desservies et dont les voyageurs resteront à quai les uns près des autres. Qui régulera les flux de voyageur.se.s ? Et comment ? Faudra-t-il exposer davantage pour cela les agents ? Les distributions massives de masques gratuits aux usager.e.s et agents, la mise en place de distributeurs de gel hydroalcoolique, seront absolument essentielles. Mais sur tous ces points, le gouvernement n’est absolument pas à la hauteur. Et à l’incurie de l’État s’ajoute l’irresponsabilité de la Région qui, en conscience de l’impréparation dit qu’il faut essayer quel que ce soit le coût car l’activité économique doit reprendre à tout prix… Comme élu·e·s responsables, nous devons le dire : pour l’instant, rien n’est prêt !

Nous proposons un plan global pour limiter au maximum le recours aux transports en commun et éviter une reprise très rapide de la contamination dans notre Région. Un très haut niveau de télétravail doit être maintenu jusqu’à l’été. Cela est une solution transitoire mais nécessaire car nous sommes conscient.e.s qu’il peut être facteur de risques stress. Les horaires des transports en commun entre 7h et 9h et 16h et 19h doivent être réservés aux seuls salarié.e.s, avec un système d’information efficace en temps réel sur la fréquentation des lignes. La quantité de salarié.e.s contraint.e.s de prendre les transports doit être maîtrisée en régulant les autorisations de réouverture de certaines activités, en limitant dans chaque entreprise la part du personnel pouvant être physiquement présent et en maintenant les dispositifs de chômage partiel le temps nécessaire. Il faut évidemment exiger de l’État la distribution gratuite, et dans la durée, de masques à tou.te.s les usager.e.s, qui doivent être obligatoires, en arrêtant de culpabiliser les usager·ère·s par une énième sanction.

Se pose aussi la question d’un retour massif de l’usage des voitures, qui relancerait la pollution atmosphérique, dont on sait qu’elle contribue aux maladies respiratoires aggravant les symptômes du Covid 19. Il faudrait aussi réserver l’usage des routes aux heures de pointe aux seuls salariés afin de ne pas transformer notre Région en embouteillage géant. L’incitation forte à l’usage du vélo, avec l’extension des réseaux cyclables est également plus que jamais nécessaire. Certains départements et villes ont déjà mis en place ces mesures, elles doivent être soutenues et développées rapidement. Mais toutes ces conditions ne peuvent être remplies qu’avec des engagements concrets de l’État : ce n’est pas le cas aujourd’hui.

La très forte fréquentation de certaines lignes et les regroupements très denses dans certaines gares dès cette semaine donnent un aperçu du fiasco que pourraient vivre, à leurs dépens, les usager.e.s francilien.ne.s cette semaine. En tant qu’élu·e·s, nous le disons : l’impératif de reprise économique ne peut se faire au détriment de la santé des Francilie·ne·s.

Un dé confinement réussi passe par le rétablissement auprès de nos concitoyen·ne·s de la confiance envers la parole publique et politique. L’État a rompu cette confiance. Comme élu·e·s municipaux, départementaux et régionaux, nous avons le devoir de dire avec vérité quelle est la situation actuelle dans notre Région. Aujourd’hui, nous alertons sur les conditions désastreuses dans lesquelles s’amorce la levée du confinement en Ile-de-France. Nous agissons pour les éviter, mais nous ne disposons pas des principaux leviers pour le faire. Avec lucidité, nous savons que mal lever le confinement nous placerait tous dans une situation dangereuse humainement, sanitairement et économiquement. L’État a la responsabilité d’établir un cadre national et de mobiliser les moyens nécessaires, en partenariat et en appui avec les acteurs locaux, pour engager un dé confinement progressif et donc réussi. Le chemin emprunté en Ile-de-France n’est pas celui-ci.

déconfinement 2

 

 

 

Lorsque les inégalités tuent

Covid 19 & quartiers populaires : lorsque les inégalités tuent.

Mardi 14 avril, les élus du groupe Front de Gauche du Conseil régional d’Île de France ont publié une tribune publique dans Médiapart afin de dénoncer les conséquences de la crise sanitaire liée au Covid 19 dans les territoires populaires.

À lire ci-dessous.

La crise sanitaire met tragiquement en lumière la paupérisation organisée de notre service public de santé, dénoncée depuis longtemps par les soignant·es. Elle est aussi un puissant révélateur des inégalités sociales et territoriales de notre pays, singulièrement de l’Île-de-France. Des inégalités qui n’ont cessé de s’accentuer sous l’effet des politiques néolibérales des gouvernements successifs.

L’Ile-de-France est, désormais, l’épicentre de la pandémie en France. On y dénombre plus d’un quart des décès et des personnes hospitalisées en réanimation de notre pays. Si la forte densité de population francilienne l’explique, il est certain que la bataille nationale contre le Covid 19 se joue de manière décisive en Ile-de-France. La façon dont les pouvoirs publics y juguleront cette situation sanitaire gravissime déterminera l’après confinement pour tout le pays.

« Front sanitaire et front social : des luttes indissociables dans ces territoires minés par les inégalités »

Contre cette pandémie, les luttes sur le front sanitaire et sur le front social sont donc indissociables. Elles le sont encore plus dans les territoires minés par les inégalités, où l’État et ses services publics n’ont cessé de reculer et où l’égalité républicaine n’est plus qu’une promesse vague et lointaine. Les habitants des quartiers populaires, de tous âges, sont particulièrement affectés par l’épidémie de Covid 19. C’est en premier lieu le cas en Seine-Saint-Denis, qui est le département francilien le plus touché, avec en mars dernier une surmortalité de 62 %, dont une surmortalité chez les moins de 65 ans de 55,5 %.

lettre FDG avril 2020

Si les habitant·e·s des quartiers populaires sont ainsi touchés, ce n’est pas, contrairement aux allégations obscènes du préfet de police de Paris, par refus de se plier aux règles du confinement. Mais d’abord parce qu’ils sont, de par leurs faibles revenus, les plus exposés à la crise structurelle du logement en Ile-de-France. Le confinement dans des logements exigus et surpeuplés, où la mise à distance du virus relève de l’impossible, est dévastateur. D’abord aussi parce qu’ils occupent les métiers les plus exposés au risque de contamination (mais également au stress et à l’insécurité liés à ce risque) : aides-soignant·e·s, infirmier·ère·s, caissier·ère·s, livreur·se·s, agents d’entretien, de sécurité… Ce sont toutes celles et tous ceux dont Emmanuel Macron disait qu’ils « ne sont rien », et dont on voit bien à présent qu’ils sont tout, qu’ils font tenir notre pays, mais ceci au prix de leur santé, voire de leurs vies. D’abord, encore, parce que ces territoires sont trop souvent sous-dotés en infrastructures médicales, ce qui dans ce contexte retarde dangereusement les prises en charge des malades. La Seine-Saint-Denis est ainsi, depuis longtemps, le premier désert médical français.

« Agir sans attendre pour répondre aux besoins des habitants et salariés des quartiers populaires »

Agir contre les inégalités c’est donc, sans attendre, répondre aux besoins de ces habitants et de ces salarié·e·s.

C’est stopper immédiatement les activités économiques non indispensables pour ne plus exposer à la contamination leurs salarié·e·s.

C’est fournir en masse les protections nécessaires pour celles et ceux des secteurs de première nécessité : masques, gel hydroalcoolique, gants, etc.

C’est renforcer les moyens des centres de santé locaux, essentiels dans les quartiers populaires.

C’est, pour les familles, débloquer des aides sociales d’urgence destinées à l’alimentation, mettre en place des banques ou tickets alimentaires pour pallier les fermetures de cantines scolaires. C’est agir pour garantir une continuité alimentaire à tous les enfants et leurs familles, ainsi qu’à tous les étudiants dont la précarité alimentaire s’aggrave avec le confinement. 

C’est déployer des moyens pour les initiatives solidaires locales prises par les associations humanitaires et de solidarité, jusqu’aux plus petites, qui accompagnent au quotidien les habitants et leurs enfants. C’est les accompagner par des fonds d’urgence, mais aussi par la création d’emplois associatifs aidés, qui sont utiles et qualifiants.

C’est répondre aux fractures en matière d’éducation, par l’aide au soutien scolaire, la fourniture de matériel numérique gratuit et le raccordement au réseau internet. C’est oser dire que la continuité pédagogique ne peut pas se faire avec les mêmes moyens partout sur le territoire. C’est augmenter le nombre de personnels d’éducation pour la reprise. C’est mettre en place un moratoire sur les cartes scolaires qui prévoyaient des suppressions de classes.

C’est, en matière de logement, travailler avec les bailleurs sociaux pour aider au paiement des loyers des locataires en difficultés financières, mettre en place une suspension des loyers pour les ménages les plus fragilisés et étaler ces payements sans pénalités. 

C’est intervenir auprès des EHPAD, de leurs occupants comme de leurs personnels qui, pour la très grande majorité, sont issus des quartiers populaires.

C’est aider les occupants des Foyers de migrants, notamment les retraités qui, touchés par la maladie, en situation précaire alors qu’ils ont passé leur vie à travailler en France, doivent bénéficier du même accès aux soins que tout autre citoyen.

C’est soutenir l’activité de nombreuses PME-PMI, TPE-TPI, mais aussi des structures de l’économie sociale et solidaire, qui prennent actuellement des initiatives utiles pour produire des biens de première urgence, tout en préservant l’emploi. C’est refuser de subventionner avec de l’argent public les entreprises qui, méprisant la solidarité nationale, versent des dividendes à leurs actionnaires.

C’est, en matière sociale, abolir toutes les contres réformes : celle détruisant notre système solidaire de retraites, celle dynamitant l’assurance chômage ou encore celle réduisant les aides au logement.

C’est enfin, et surtout, un État qui débloque immédiatement un fonds d’urgence conséquent pour pérenniser et amplifier la solidarité que les collectivités territoriales sont les seules à garantir. Nombreuses sont les mesures déjà prises par des collectivités, qui demandent à être développées dans tous les territoires populaires franciliens, en lien avec les initiatives associatives et citoyennes. Les communes et les départements sont en première ligne pour pallier les défaillances et l’impréparation de l’État. A tel point que quand une collectivité distribue des masques, cette mesure de bon sens est vue comme un miracle. Protéger les populations et singulièrement les plus fragiles nécessite des moyens exceptionnels.

Demain, pour l’après, il faudra pour protéger encore celles et ceux qui parmi les nôtres sont les plus fragiles, refuser la cure d’austérité annoncée, et imposer une fiscalité redistributive.

La Région Ile-de-France doit être un acteur majeur d’une action publique renforcée, et un bouclier social pour ses habitants. Mais rien ne se fera sans une mobilisation plus déterminée de l’État.

« Saisir les initiatives solidaires prises aujourd’hui pour les développer demain, partout, et retrouver le chemin de l’égalité sociale »

Agir c’est donc aussi, au-delà des réponses d’urgence, penser l’avenir. C’est faire en sorte qu’aux inégalités, cessent de s’en ajouter perpétuellement de nouvelles. Nombreuses sont les forces conservatrices qui souhaiteraient que le fameux « jour d’après » ressemble aux jours d’avant en pire.

Les crises actuelles, dont les habitant·e·s des quartiers populaires paient une fois encore un prix exorbitant, doivent sonner la fin des faux-semblants et du déni politique sur la situation profondément inégalitaire de ces quartiers.

Discourir, organiser des coups de com’ selon l’actualité du moment, injecter quelques milliers d’euros en fonction d’agendas opportunistes ne saurait se substituer à des politiques publiques conséquentes, à court et long terme, dans ces territoires. Depuis les États généraux des quartiers populaires tenus à Grigny en 2017, les espoirs ont toujours été déçus tant par le Président Macron, que par la Présidente de Région Valérie Pécresse, qui n’a jamais traité ces quartiers autrement qu’avec mépris. Nous avions pourtant proposé, en octobre 2017, un grand plan d’action pour ces quartiers en Ile-de-France, incluant de nombreuses mesures en matière d’accès à la santé, au logement, à l’éducation, aux transports, à l’emploi ou à la culture. Toutes ces propositions sont restées lettre morte ; la droite préférant regarder ailleurs, et réduire la vie de ces quartiers au sempiternel discours sur “l’assistanat” et le “deal”. Ces provocations irresponsables et stigmatisantes doivent cesser. Les quartiers populaires, que le président de la République a cités lors de son allocution du 13 avril dernier, n’ont pas besoin de mots condescendants mais de mesures concrètes, comme celles que nous proposons.

Les pouvoirs publics doivent se saisir des initiatives solidaires prises aujourd’hui pour développer demain, partout, de nouvelles solidarités. La puissance publique doit assurer la continuité des moyens d’existence pour les habitants des quartiers populaires. Cela ne peut que passer par un plan de rattrapage massif pour retrouver une puissance des services publics de la santé, de l’éducation, du social, de l’écologie, de l’alimentation, des transports dans des territoires délaissés et durement éprouvés par la pandémie.

Seules des politiques publiques nationales et locales fortes sont à même de protéger les habitants en planifiant les investissements et en prenant en compte l’urgence sociale et environnementale.

Il faut tourner la page, rompre avec le libéralisme pour retrouver le chemin de l’égalité sociale. Abroger les réformes de casse sociale des derniers mois et des dernières années. Repenser et rebâtir un État-providence est le moyen pour engager la transformation sociale et écologique indispensable pour toutes et tous. Cela devrait être la feuille de route pour toutes les forces politiques et citoyennes qui veulent sortir de cette crise avec une perspective de progrès. C’est celle que nous voulons porter en Ile-de-France.

Les élu·e·s du groupe Front de Gauche du Conseil régional d’Île-de-France.

lettre FDG avril 2020-1

Ils sauvent des vies

Communiqué du groupe des élus Front de Gauche au Conseil régional d’Île-de-France

Soutien du groupe Front de Gauche aux personnels soignants

Crise du COVID-19
Soutenir et agir pour celles et ceux qui sauvent des vies

Paris, le 25 mars 2020

FDG CRLa vague de la pandémie de Coronavirus touche de plein fouet l’Ile-de-France. Notre Région compte le plus grand nombre de malades du Covid 19 et sa situation sanitaire est très préoccupante. Les communes, les départements et la Région sont pleinement mobilisés aux côtés des Francilien.ne.s.

Durant cette crise sanitaire d’ampleur, les élu.e.s Front de Gauche tiennent à réaffirmer leur totale solidarité aux personnels soignants qui sauvent des vies.

Infirmier.e.s, aides soignant.e.s, médecins, personnels ouvriers, techniques et logistiques des hôpitaux… elles et ils sont en première ligne et exercent leur métier avec un sens aigu de l’intérêt général.
Depuis des années pourtant, les soignants dénoncent avec force les fermetures massives de services et de lits, le manque de moyens, les bas salaires, les pertes de postes, la destruction pierre après pierre du service public de santé, la transformation de l’hôpital en entreprise…
Depuis des années pourtant, les soignants, avec leurs organisations, demandent que l’austérité ne soit plus la boussole dans la gestion de nos hôpitaux.

Avant l’épidémie, les réponses gouvernementales à leurs justes revendications étaient bien trop souvent les canons à eau et les matraques. Avant l’épidémie, il manquait 600 millions d’euros pour les hôpitaux, 400 postes d’infirmières en Ile-de-France n’étaient pas pourvus.

Emmanuel Macron salue aujourd’hui l’engagement des soignants. Cela ne fait pas oublier que le service public de santé a été dépecé méthodiquement depuis des décennies. L’ampleur et la gravité de la crise sont telles que tout peut s’effondrer. Si tous les soirs à 20 heures, des millions de Français applaudissent, casserolent et chantent pour soutenir les personnels soignants, collectivement, ces Français démontrent aussi leur attachement au système public de santé.

Il est, dès lors, impossible que les mots prononcés ne soient pas suivis de décisions financières. Il est impossible que la santé essentielle à la nation reste soumise aux « lois » du marché.

Dès à présent, du matériel (masques, gants, combinaisons, lunettes) de protection doit être produit en masse et mis à disposition de nos soignants. La Région a commandé 20 millions de masques pour pallier en partie l’impréparation de l’État. Dès lors des tests systématiques doivent être faits pour protéger les soignants et leurs familles dont une grande partie est déjà contaminée.

Dès à présent, un rectificatif budgétaire doit être voté afin de financer correctement l’hôpital public et pour rémunérer correctement ses personnels.

Dès à présent, un moratoire sur la tarification à l’activité dans les hôpitaux doit être pris.

Plus tard, tout doit être revu afin que le service public de santé soit une priorité nationale, que celles et ceux qui le font vivre puissent le faire correctement et soient rémunérés à la hauteur de leur travail indispensable et que la santé soit réellement un droit pour tous et toutes.