8 mai 1945 – 8 mai 2019
Cérémonie pluvieuse, mais cérémonie heureuse. Doublement.


En ce 74ième anniversaire de la victoire des alliés sur le nazisme, on s’attendait à être un peu surpris par le rituel du discours de Monsieur le maire devant le monument aux morts.

Monsieur le maire aurait ainsi pu, par exemple, dire un mot :
– sur Marianne Golz-Goldlust (Autriche) qui a résisté à l’injustice par tous les moyens possibles. En 1939, elle a fait le nécessaire pour que son mari Hans, qui était juif, puisse fuir la Tchécoslovaquie occupée par les Allemands et se rendre en Angleterre. Elle est, elle, restée. En 1942, les nazis ont découvert son réseau de passeurs. Marianne Golz-Goldlust, d’origine autrichienne et chrétienne, a été condamnée à mort et guillotinée le 8 octobre 1943.
– ou bien sur Oda Schottmueller (Allemagne) qui en tant que sculptrice et danseuse comprenait le pouvoir de l’art. Les nazis aussi. Ils lui demandaient des spectacles enjoués qui remontent le moral des gens. Elle a d’abord accepté, mais s’est vite révoltée et a commencé à présenter en secret des spectacles critiquant le régime. Cela a attiré l’attention des autorités. Elle a été exécutée pour trahison.
Mais Monsieur le maire en ce 8 mai a préféré – après le classique rappel de la victoire historique des alliés et des barbaries de la guerre – prolonger son propos par une ode à la construction européenne, dont les accents auraient davantage agrémenté, selon nous, un discours pour la journée du 9 mai qui elle, fête l’Europe.
Cependant, après une très rigoriste mise en avant des bienfaits de la construction européenne en matière de construction économique, sa nécessité pour la compétitivité et la puissance de nos industries (Airbus et Ariane ont par exemple été cités, comme Erasmus), pour « faire » face aux puissances économiques que sont la Chine ou bien les États-Unis, Romain Gary a été convoqué.
« Tout repli nationaliste est dangereux et peut conduire au pire ». D’où l’intérêt de la présente commémoration pour la paix en Europe et dans le monde, afin de préserver un climat de bienveillance vis-à-vis d’autrui et un humanisme nous permettant de vivre ensemble en Europe.
C’est là que Monsieur le maire a surpris la tranche la plus aguerrie de son auditoire, puisque « ce n’est qu’ensemble, nous européens pouvons faire face aux défis économiques, sociaux, culturels qui nous attendent et aussi face aux migrants. »
« Et aussi face aux migrants »…. avec un aspect cependant assez équivoque dans le discours de Monsieur le maire, car en même temps, il a fait référence à l’humanité dont on doit faire preuve mais aussi aux remparts que l’Europe doit ériger pour se protéger de menaces.
Dans ce « en même temps », nous préférons retenir le versant positif… . Monsieur le maire aurait-il amorcé un virage à 180° ?
Car c’est dans cette même chère ville de St-Gratien qu’une commerçante au marché de Noël a été exclue il y a 6 mois de son stand – pourtant contractuellement loué en bonne et due forme à la ville -, au motif qu’elle était coiffée d’un foulard….
Car il y a 8 ans, une vingtaine de familles ont été congédiées manu militari du foyer du 35 avenue du Général Leclerc, où elles avaient trouvé involontairement et légalement un toit, au motif que leur statut de réfugiés économiques et/ou politiques ne leur accordait pas un droit de « stationnement pérenne » dans notre chère commune. Elles ont été priées de trouver un hébergement ailleurs. Loin de St-Gratien.

Une cérémonie heureuse car nous avons aussi pu :
– donner en main propre à Monsieur le maire nos courriers sur quatre dossiers qui nous tenaient à cœur (nous y reviendrons plus tard dans le détail) : l’interdiction qui nous a été faite de communiquer à des tiers en amont du conseil municipal les dossiers des commissions ; le fondement de la demande de protection fonctionnelle du maire suite à l’affaire dite du foulard ; nos propositions pour le marché de St-Gratien ; le dysfonctionnement à la gare des toilettes publiques SNCF et de la rampe pour les personnes à mobilité réduite ;
– échanger avec la placière du marché qui a convenu avec nous que la ville pourrait faire plus : neutraliser l’utilisation du parking Hémonnot les jours de marché pour le réserver à la clientèle du marché qui y vient en voiture ; neutraliser la rue devant le marché à la circulation et l’interdire au stationnement par une barrière, ce qui n’est plus le cas depuis que la dite barrière s’est tordue un pied… ; améliorer la signalétique autour du marché concernant la réglementation en matière de stationnement afin que la police municipale puisse verbaliser sans scrupule ; annoncer à chaque entrée de ville les jours et les horaires d’ouverture du marché municipal de St Gratien.
Pour nous résumer, une cérémonie pluvieuse, mais doublement heureuse. Lors de laquelle nous avons essayés d’être visibles et utiles aux Gratiennois et à leurs commerçants.
NB : nous avons pu constater avec tristesse les effets collatéraux de l’optimisation des dépenses de fonctionnement de la ville. À force d’être rationalisés, certains élus ont troqué leurs chaussures en cuir contre des baskets sans marque.
S. B.