Retours sur l’atelier développement durable – biodiversité & schizophrénie, qui s’est tenu à Camille Claudel sous l’égide de la Communauté de Commune mercredi 15 juin 2022.
Le Maire, Julien Bachard, qui pourtant préside la commission développement durable à la Communauté d’agglomération Plaine Vallée (CAPV) n’est pas là pour ouvrir. Déjà, au grand débat, il avait déserté la salle de réunion au bout de 5 minutes.
40 à 50 personnes. C’est peu à l’échelle de la CAPV : 17 communes ; 200 000 habitants.
Et surtout, la sociologie de l’auditoire ne reflète pas le quartier qui accueille l’évènement.
De fait l’assemblée, on le découvrira malgré nous lors du tour de table organisé lors des ateliers, est constitué d’un tiers de consultant.e.s, et d’un tiers de fonctionnaires ou d’élu.e.s des communes de la CAPV travaillant sur les questions d’environnement. On retrouvera par exemple le chef de service du Développement Durable de Saint Gratien. Et d’un tiers de (vrais) habitants.
En guise d’amorce de la séance, une initiative des adolescent.e.s du quartier est présentée à l’assistance. Surprise : les jeunes des Raguenets ont tracé et testé un circuit allant à vélo jusqu’au château de la Chasse. Il semble roulable en sécurité. Après son test en condition réelle, son bilan est positif.
Surprise n°2 : Patrick Zamolo, adjoint au maire en charge des questions d’environnement à Saint Gratien, les félicite de cette « initiative remarquable ». Il fait savoir qu’« ils peuvent compter sur lui car il prend l’engagement de pérenniser ce circuit qui emprunte les voies de 5 communes ». Et qu’il compte bien qu’« il y ait, un jour, au bout de cette sortie à vélo qui sera proposée aux familles des Raguenets, un pique-nique au château de la Chasse ».
Bien content que les jeunes Gratiennois.e.s recueillent ce type d’appréciation de la part d’un élu de la majorité habituellement très tiède sur la thématique vélo.
Après ce premier tour de chauffe, débutent les ateliers.
(J’étais venu avec nombre de questions, mais certaines ont déjà été présentées par mes collègues habitants : préservation des chauves-souris ; abeilles ; crapaud avec construction de tunnels permettant leur passage sous les axes routiers ; végétalisation des murs et des toits des bâtiments public et des écoles ; replantation d’arbres en ville et notamment au niveau des entrées d’écoles ; pédagogie ; compost dans les écoles ; jardins pédagogiques ; désartificialisation des sols des zones de friches industrielles… trame noire : extinction des feux la nuit comme la lumière dans les magasins ou au 3ième étage du lycée Monod…, pour éviter de perturber les oiseaux migrateurs notamment.)
Je mets au pot cinq idées que je rédige sur les post it ad hoc, autour du leit motiv suivant : faire en sorte que la nature – la faune, la flore – regagne du terrain dans nos centres villes, ici au bout de nos rues :
- Développer des jardins partagés associatifs en ville, y compris au pied des immeubles, au motif que c’est bon pour la flore, la faune, le lien social et le pouvoir d’achat. Une consultante dira qu’on peut s’inspirer de ce qui est fait à Gennevilliers. Je lui réponds qu’il existe une réalisation menée avec succès à Saint Gratien derrière le cimetière. Qu’on peut s’en inspirer. Cela coûte peu cher : avant tout de l’huile de coude. Et que cela correspond à une vraie attente des habitants. Je répète la nature du projet : des jardins partagés associatifs entre les immeubles.
- Re-végétaliser le pourtour du lac d’Enghien, pour éviter que se déversent les jours de fortes pluies, des eaux qui emportent avec elles les poussières de caoutchouc des pneus qui se trouvent sur le bitume, et polluent l’eau du lac ; qu’on ait bien des conduites distinctes des eaux usées et des eaux de pluie, pour éviter que ce mélange se déverse dans les trois rus qui alimentent le lac d’Enghien et participe au développement d’algues toxiques.
Avec la montée en température du lac lors des fortes chaleurs, on a là un cocktail explosif : 15 tonnes de poissons morts ont été évacués par des équarrisseurs mi-août 2020…
- Sensibiliser à ne pas jeter de mégots au sol, mais dans des dispositifs ad hoc qui permettent de les collecter, pour les recycler. C’est dorénavant possible. Car aujourd’hui, les mégots jetés au sol se retrouvent dans les estomacs de petits rongeurs, d’oiseaux, quand il ne s’agit pas de ceux de chats ou chiens. Et de toutes les façons, chacun sait qu’un mégot jeté au sol, c’est un mégot à la mer…
- Créer des bassins de retenue d’eaux de pluie en ville, le cas échéant sous-terrain pour ainsi réutiliser l’eau pour arroser les espaces verts municipaux. Avec l’exemple du ruissellement des eaux de pluie du Collège Langevin contre l’un des murs de la salle d’armes, et dont la stagnation, faute de bassin de rétention, a participé à la dégradation d’une des façades de la salle d’armes. L’étude de la réalisation d’un bassin de rétention ici, permettrait de disposer d’eau de pluie pour par exemple arroser les plantations qui se trouvent sur la casquette du BIP à 500 m de là, qui ont très fortement souffert de la vague de chaleur de l’été 2020… voire sont mortes.
- Installer sur les toits des immeubles des rampes de panneaux solaires, pour participer à la fabrication d’eau chaude sanitaire pour les habitants de ces appartements. Cela existe sur les toits de résidences collectives à Soisy et à Épinay. Une étude pourrait nous dire si c’est réalisable ici.
Et c’est là que les masques sont tombés. Voilà les remarques que ces propositions ont essuyées.
- Jardins partagés: l’idée est assimilée par des fonctionnaires d’autres collectivités de la CAPV et par leurs élus à « un jardin pédagogique », « encadrés par quelqu’un qui s’y connait », parce que… hein ! »
- Le lac d’Enghien ? Quelle catastrophe écologique ?
Selon l’adjoint au développement durable d’Enghien, « il faut proratiser les enjeux : la « catastrophe » du lac d’Enghien était surtout dû aux associations de pêcheurs [!] qui empoissonnaient démesurément et à hauteur de 4 tonnes de poisson par an le lac. Depuis l’empoissonnage est interdit. « Cela va mieux » [sic]. Croisons par conséquent les doigts lors de la vague de chaleur qui vient !
Mais « on s’attèle quand même à la re-végétalisation des berges, notamment du côté quai Tabarly où les grands platanes ont été coupés et déracinés à l’occasion des aménagements des berges il y a quelques années. Et oui il faudra inciter les propriétaires des maisons autour du lac à réaliser des aménagements pour re-végétaliser d’autres parties du lac ». Il s’agit là d’une reconnaissance qu’il y a peut-être eu erreur dans la conception de la jetée Tabarly, et un laisser-faire auprès de certains propriétaires ? Quant aux circuits de collecte des eaux, oui, il y a un problème, sinon il n’y aurait pas de travaux au bassin des Cressonnières.
La question est alors de savoir si cette action se classe dans « l’action de dés-imperméabilisation des sols » ou d’une « conservation de l’existant », qui se résume pour un autre fonctionnaire « à ne rien faire » (on ne crée pas un second lac ; on préserve le lac existant avec sa faune, ses poissons et les oiseaux mangeant les poissons… ndlr.). Les porteurs de stylos qui étaient ce soir des consultants, ne trouveront pas la bonne orthographe du lac d’Enghien. Je souligne que se fixer pour objectif de conserver la biodiversité du lac d’Enghien, ce n’est pas « ne rien faire », au regard des sommes déjà dépensées pour « effacer » les dégâts de l’épisode de chaleur d’août 2020. Et que le terme « dés-imperméabilisation » qualifie davantage l’ambition qui va devoir être la nôtre si on veut préserver et développer cette zone humide.
- Installer sur les toits des immeubles des rampes de panneaux solaires pour produire de l’eau chaude dans les collectifs ? « Hors sujet ! C’est une thématique énergie. Ici c’est un atelier bio diversité ». Certes dis-je… mais en introduction de l’atelier il a bien été pointé que ce sont les bâtiments chauffés au gaz qui dans la CAPV produisent le plus de C0² et participent le plus à la destruction de la faune et de la flore… en un mot à la destruction de la biodiversité de la CAPV… D’où la pertinence de proposer une solution alternative à l’aide d’une énergie renouvelable… qui en plus devrait pouvoir impacter favorablement le pouvoir d’achat, eu égard à la hausse du prix du gaz…
Une consultante lors des échanges dénonce « la schizophrénie des élus qui veulent tout et son contraire : à la fois des actions qui s’inscrivent dans le PCAET et des réalisations opposées ». Je cite pour illustrer ses propos, le projet du BIP qui doit se prolonger de la station d’essence BP derrière la gare Champ de Courses à la nationale 1, au-delà de Saint Brice, et qui est portée par la présidente du conseil départemental et le maire de Soisy. Cela se traduira mécaniquement par la poursuite de l’artificialisation des sols ; de la pollution ; d’un déport un peu plus à l’est de la CAPV des bouchons… Silence dans l’assistance.
« Il ne faut pas rêver», reprend plus loin un fonctionnaire d’une des 17 communes. Il y a des choses qui coûtent cher. Qu’on ne pourra pas réaliser. La même consultante que plus haut poursuit : « il vaut mieux réaliser des choses pour lesquelles il y a des financements. Et aller chercher ces financements ». Quitte à réaliser des investissements qui vont à l’encontre de l’objectif du PCAET ? Et à l’encontre de l’intérêt général, fais-je remarquer ? Comme le grand projet inutile qu’est la création d’une gare en plein champ au Triangle de Gonesse ? Silence…
17h. C’est presque fini. Les fonctionnaires et les consultants se saisissent des fiches actions, fruits des ateliers, et les lisent à l’assistance. Comme anticipé et dit en séance, les actions possibles concernant le lac d’Enghien ne seront pas citées lors de la restitution à l’auditoire qui a perdu 50% de ses effectifs depuis 14h. Pour éviter de remuer le couteau dans la plaie… ?
L’élu en charge du développement durable viendra me voir en fin de séance pour me demander mon avis sur l’après-midi, par un « ça va ? quand même ? »
Bah, si on peut se satisfaire des échanges, du lieu choisi pour ceux-ci… il y a bien un « quand même ».
– Consultants et fonctionnaires + élus majoritaires présents ont monopolisé près de la moitié du temps de parole de mon atelier, sur des aspects administratifs et aspects financement des projets…
– Ils ont beaucoup mentionné l’existence de subventions. À « aller chercher » ! Chasse à la subvention ? Pour financer les projets.
– Et les cabinets de consulting… Juges et parties ? Nécessité de faire un PLU Intercommunal ; connecter tel projet à un autre dans telle et telle ville de la CAPV, avec avant une étude à faire… par un des cabinets de consulting présents cette après-midi… ?
– La plupart des habitats sont partis AVANT la restitution finale à 17h.
Mon « diagnostic territorial » de l’organisation de cet atelier : d’excellents échanges avec la population… inexistants dans la restitution finale… qu’en ont fait les cabinets de …consulting…
Une défaite de l’investissement citoyen dans ce type d’action. Qui explique aussi en partie le taux d’abstention actuel… à fortiori dans le quartier où était organisé l’événement…
Et au fait ! Où était donc mercredi après-midi Estelle Folest, Directrice de la communication de l’Office français de la biodiversité (https://www.ofb.gouv.fr) et accessoirement candidate « En marche ! » dans notre circonscription ?
Estelle ? Pas vue !
Dimanche 19 juin, ne soyez pas schizophrène au moment de voter. Souvenez-vous en !
Stéphane Bauer, élu du groupe municipal » Saint Gratien solidaire écologique & citoyen »
Respire ! Il faut que tu respires…
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Respire encore !
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Jean-Louis T. : l’homme de couleurs schizophrène
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Musique : Francis LAI & Pierre BAROUH
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Lire friches industrielles… et non » friches individuelles « , NDLR
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Vivre pour vivre
(extrait de la musique du film « Vivre pour vivre », avec Jean-Louis Trintignant)
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« Le réchauffement, les pics de chaleur, vont toucher tout le monde, mais surtout en ville, dans les quartiers peu végétalisés »
« Je peux pas dormir ! » Christian Thurillat, septuagénaire vit dans un minuscule appartement sous les toits à Paris et subit la précarité énergétique d’été, un phénomène encore négligé et qui va s’aggraver avec le réchauffement climatique.
Au sixième étage d’un immeuble haussmannien, où il est logé depuis 2013, cet ancien peintre en bâtiment reçoit la visite d’un bénévole de l’association Petits frères des pauvres, Matthieu Mazo.
« Vous pensez à boire souvent? N’hésitez pas à prendre des douches », lui conseille le jeune homme.
Sous des toits en zinc, un ventilateur sur la table basse et deux fenêtres, dont une seule peut s’entrouvrir, ne suffisent pas à atténuer la chaleur.
« La nuit, à une ou deux heures, je dors pas. Cette nuit, à deux heures du matin, je regardais la télé », raconte Christian à l’AFP. Vendredi, les températures ont dépassé les 34 degrés à Paris.
Comme lui, de nombreux ménages ont trop chaud dans leur logement et n’ont pas les moyens d’y remédier.
Le problème, qui va s’aggraver avec le réchauffement climatique et les canicules de plus en plus fréquentes et longues, est bien connu des organisations d’aide aux mal-logés.
– Inégalités –
« J’ai déjà été interpellé par des locataires qui me disent +quand est-ce que notre bailleur va nous installer des volets ?+ », raconte à l’AFP Alain Gaulon, secrétaire national de la Confédération nationale du logement (CNL) qui défend des habitants de logements sociaux.
« Il faut qu’on trouve des solutions pour alléger la chaleur subie par les gens. Et je commence à en parler avec des bailleurs qui n’en ont pas encore pris la mesure. Le réchauffement climatique, c’est quelque chose qui leur passe encore au-dessus de la tête », affirme-t-il.
Car si la précarité énergétique d’hiver, qui frappe les ménages n’ayant pas les moyens de se chauffer correctement, est désormais un sujet de préoccupation, son pendant estival est encore très peu documenté. Ainsi, pour l’Union européenne, les seules données officielles remontent à… 2012.
Elles révèlent que près d’un Européen sur cinq vivait dans un logement à la température inconfortable l’été, la France se situant dans la moyenne.
Avec des inégalités flagrantes : parmi les 20% d’Européens les plus riches, seul un sur sept était dans cette situation, contre un sur quatre parmi les 20% les plus pauvres.
Des écarts qui s’accentuent pour les Etats du Sud de l’Europe (Grèce, Espagne, Italie, Bulgarie…), les plus en proie aux fortes chaleurs.
Contre la chaleur, des mesures ciblant les logements seuls ne suffisent pas : c’est l’urbanisme qu’il faut repenser, pour éviter les îlots de chaleur urbains.
« Le réchauffement, les pics de chaleur, vont toucher tout le monde, mais surtout en ville, dans les quartiers peu végétalisés », souligne-t-il. Or, c’est souvent le cas des quartiers populaires, où par ailleurs, « les gens sont dans des logements surpeuplés, moins bien isolés, et ils ont moins d’argent pour climatiser si besoin ».
Dernier problème : généraliser la climatisation, très consommatrice d’énergie et émettrice de gaz à effet de serre, n’est pas compatible avec l’atténuation du réchauffement climatique. Et les appareils les moins chers sont aussi les plus consommateurs d’énergie. Pour les ménages modestes, un piège écologique et économique, en pleine flambée des prix…
AFP, publié le samedi 18 juin 2022 à 16h13
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