Voici la tribune libre des élu.es du groupe « Saint Gratien solidaire, écologique et citoyen », parue dans le magazine municipal de mai/juin2021. Toujours difficile de s’exprimer en si peu d’espace : nous sommes contraints à 1 000 caractères. Prochain magazine fin septembre 2021.
Tarifs de cantine + 1%. Nous avons voté contre cette nouvelle hausse des tarifs, qui sont déjà selon les quotients, de 15 à 41% plus chers que dans 13 villes voisines… pour des repas similaires.
Démocratie locale en berne : Eaubonne, Ermont, Enghien ont choisi de concerter leurs habitants avec des assises de la jeunesse, des budgets participatifs, des réunions de quartier par Internet, des permanences des élus en plein air. À St Gratien, le nombre de séances des Conseils municipaux diminue, la commission CCAS se tient en 20 min, la commission développement durable est reportée sine die, les retransmissions du conseil sur Facebook sont inaudibles… Une démocratie locale low-cost qui décourage les habitants de s’impliquer dans la vie de la cité.
Plantations : des arbres plantés devant la chapelle St Paul en octobre … déjà morts en avril faute d’arrosage. Pourtant la ville nous vante son budget espaces verts 4 fois supérieur aux crédits autrefois alloués aux Temps d’Activités Périscolaires…
I. Volat, S. Bauer
Déserts médicaux
Propos recueillis par Célia Cuordifede
Publié le 03/06/2021 à 18:48
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A Montluçon, le centre de santé s’apprête à fermer ses portes définitivement, laissant près de 7 000 personnes sans généraliste. Le résultat d’un éternel manque de chaînage de l’offre de soins d’après Gilles Noël, membre de la commission santé de l’association des maires ruraux de France.
Entretien.
Voilà dix ans que le nombre de Français vivant dans un désert médical progresse inexorablement. A Montluçon, dans l’Allier, un centre de santé avait ouvert ses portes en 2018 pour y remédier. En vain. La structure s’apprête à fermer ses portes le 30 juin prochain faute de médecins disponibles pour y travailler. La mise à l’arrêt de la structure, qui fonctionnait sur plusieurs médecins retraités, risque de priver près de 8 000 personnes de médecins traitant, dans une région déjà pauvre en offre de soins.
« On pense que 20% des patients vont arriver à se recaser (…) mais vous avez, grosso modo, 7 à 8.000 patients qui vont errer, qui ne vont pas se soigner. J’en ai vu qui n’avaient pas de médecin depuis deux ans, avec des catastrophes sur les analyses… Ils vont se retrouver aux urgences », a indiqué l’un des médecins du centre, Fabrice Gauvin à nos confrères de l’Agence France presse. D’une soixantaine en 2014, le nombre de médecins généraliste dans le bassin Montluçonnais est passé à 32 en 2020, pour près de 70 000 habitants.
Les centres de santé, où les médecins sont salariés et non pas libéraux, ont longtemps été étiquetés comme un remède anti désert médicaux, notamment parce qu’ils favoriseraient l’installation des praticiens et diversifieraient l’offre de soins. Une chimère d’après Gilles Noël, maire d’une petite commune de la Nièvre, longtemps sous doté en médecins, qui préconise davantage de ponts entre les services de médecine (ville et hôpitaux), membre de la commission santé de l’association des maires ruraux de France. Entretien.
Marianne : Depuis plusieurs années, les centres de santé sont mis en avant par les politiques et présentés comme un recours contre les déserts médicaux. Montluçon est-il la preuve qu’il y a des limites ? Lesquelles ?
Gilles Noël : Le salariat de médecins généralistes a des avantages et des inconvénients. Il répond à un moment et un endroit donnés à des besoins, mais avec des ressources trouvées ailleurs. Pourquoi ? Car il n’y a pas de ressources supplémentaires en main-d’œuvre de praticiens, au contraire. En France, quand quatre généralistes partent en retraite, seuls deux sont remplacés. De fait, certains territoires sont mieux dotés que d’autres. Mais la roue peut tourner à tout moment, notamment si le département d’à côté se met à être plus attractif que vous…
Dans mon village, à Varzy (1500 habitants) dans la Nièvre, nous n’avions plus qu’un médecin généraliste il y a cinq ans. Aujourd’hui, en 2021, avec des mesures d’attractivité nous avons réussi à faire venir des spécialistes autour de ce lui pour que l’offre de soin soit moins pauvre. Mais il n’y a pas de quoi faire le malin. Tout peut basculer du jour au lendemain et votre territoire se retrouver en perdition parce que chaque chose est liée.
On cautérise une jambe de bois en se réfugiant dans un modèle de santé exclusivement construit autour des centres de santé. Cela ne fait pas augmenter l’offre de soin partout sur le territoire, surtout dans les zones blanches. En réalité, on déshabille Paul pour rhabiller Pierre.
« Le sujet ne se pose pas tant en termes de financement que de ressources médicales désirant s’installer dans la région », a expliqué l’Agence régionale de santé. Pourquoi les recrutements sont-ils si difficiles ?
Dans la Nièvre, on rencontre aussi ce genre de problèmes. Il arrive parfois que l’on ait les financements, mais que l’on n’arrive pas à recruter. On observe que les médecins désormais se fichent des avantages financiers que l’on peut proposer, du cabinet médical que l’on peut leur brader, voire leur mettre à disposition gratuitement… Tout cela n’attire plus. Nous faisons face à une génération de médecins qui regardent la vie différemment et qui ne veulent plus être corvéables à merci au regard du serment d’Hippocrate. D’autant que le fait d’être un médecin seul dans une zone de désert médical en rebute plus d’un car la situation sanitaire est difficile à porter. Cela signifie de devoir endosser plusieurs casquettes et donc de travailler sans compter ses heures.
Les centres de santé qui salarient des médecins sont nécessaires mais ils ne peuvent pas être l’unique réponse face à la désertification médicale. C’est insuffisant.
Avec la fermeture du centre de santé, les médecins prévoient qu’entre 7 000 et 8 000 personnes se retrouvent sans praticien… Y a-t-il un risque d’engorgement des services d’urgences ou même de perte de chances de patients qui ne se feront pas dépister à temps pour des maladies chroniques ?
Bien évidemment. En Sarthe vous avez près de 100 000 personnes qui n’ont plus de médecin référant en raison de départs à la retraite non-remplacé, notamment. Cela a renforcé les complications médicales puisque les gens vont moins souvent chez leur médecin et, de fai,, prennent moins soin d’eux… Ils attendent sûrement trop longtemps lorsqu’ils ont un problème puisqu’ils ne savent pas où aller se retrouvent le plus souvent aux urgences. Résultat : ils attendent encore parce qu’elles sont déjà engorgées.
C’est un drame pour ces administrés et les professionnels de santé qui travaillent encore dans ces zones là. Eux ne peuvent aujourd’hui que constater les dégâts.
Avant Montluçon, avez-vous connaissance d’autres centres de santé qui auraient fermé brutalement, agrandissant une zone de désert médical ?
Je n’ai plus d’exemples en tête mais ça arrive régulièrement. Parfois elles rouvrent quelques mois, quelques années, puis referment. La raréfaction de l’offre attire aussi les mercenaires. Des médecins qui viennent s’installer en campagne un an ou deux, qui gonflent les prix de leurs consultations et repartent six mois ou un an après, abandonnant une nouvelle fois le territoire.
En outre, dans nos territoires sous dimensionnés en offre de soin, d’autres menaces planent, comme les fermetures de services d’urgences qui ne fonctionnent parfois déjà plus qu’à moitié (seulement en journée et en semaine), faute de personnel.
Quelle serait la solution ?
Il faut s’activer sur un ensemble de points. D’abord il me semble nécessaire de favoriser les stages d’internes en médecine dans nos zones sous dotées. Cela permettrait aux médecins, dès leur plus jeune âge, et à l’université dans son ensemble, d’avoir un regard sur le milieu rural plus bienveillant et attirant qu’il n’existe aujourd’hui.
Aussi, une loi qui inciterait des jeunes médecins à faire des deux ou trois années en zone sous doutée pourrait grandement nous soulager. Pour cela, il faudrait lever la liberté d’installation, ne serait ce qu’un temps (par exemple pour les médecins en début de carrière) pour revitaliser nos territoires et redonner la possibilités à nos administrés d’avoir confiance en leur médecin généraliste.
Autre point essentiel : un chaînage de l’offre de soin. C’est-à-dire une continuité entre le médecin généraliste, les spécialistes mais aussi les centres hospitaliers de proximité.
https://www.marianne.net/societe/sante/les-centres-de-sante-ne-peuvent-pas-etre-lunique-reponse-face-a-la-desertification-medicale?utm_source=nl_quotidienne&utm_medium=email&utm_campaign=20210604&xtor=EPR-1&_ope=eyJndWlkIjoiZmM5MWE3YjYwZDA2NTU3MTA5ZTExZDcyOTU0N2Y4OTQifQ%3D%3D
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