Suite de notre série d’articles sur l’édition 2018 de l’université d’été du PCF
Angers, Université d’été 2018, aperçus :
Un moment intense pour s’informer, se former, échanger, rencontrer.
En un mot de l’éclectisme :
– Éclectisme des thèmes des ateliers
Nous concernant, nous avons plus particulièrement suivi :
Antisémitisme : de la Pologne du XX ième siècle à l’Europe contemporaine avec Valère Staraselski, écrivain
Dans le prolongement de son livre « Le parlement des cigognes », il fait écho au devoir de mémoire concernant le sort des juifs de Pologne sous la botte nazie.
Après un rappel historique de la naissance de l’antisémitisme, dans des références aux textes religieux chrétiens, est abordée l’histoire contemporaine.
Aux Juifs, les nazis disaient ne rien vouloir prendre : seulement la vie. Et ils déployèrent des trésors d’horreur imaginative pour massacrer des dizaines de milliers de civils parfaitement innocents. Avec la participation, résignée ou enthousiaste de nombreux Polonais catholiques.
Le devoir de mémoire est d’autant plus difficile à accomplir que les assassins ont fait disparaître toutes les traces de leurs crimes : les cimetières juifs avec leurs pierres tombales qui leur servirent à construire des routes, les ultimes témoins de 1945. Les Polonais « de souche » leur prêtèrent main forte par peur des représailles : il fallait tuer les Juifs pour ne pas être tués par eux après la victoire des alliés. Tous ces Polonais se connaissaient : un habitant de Cracovie sur quatre était juif. Un Juif dénoncé rapportait un kilo de sucre.
Il est rappelé, que dans l’époque la plus récente, des historiens polonais ont écrit que chasser les juifs s’expliquait aussi parce que les bolchéviques russes comme les communistes polonais comprenaient beaucoup de juifs, et que finalement l’antisémitisme avait été le reflet d’un combat contre les communistes. Ce qui est faux historiquement puisque, l’antisémitisme s’est poursuivi en Pologne ensuite, sous d’autres formes, sous le régime communiste…
Il est aussi question dans le débat avec Valère Staraselski du récent projet de loi en Pologne – révisé depuis, puisque une peine de prison n’est plus prévue -, motivé par la volonté de lutter contre l’emploi – abusif et erroné – de l’expression « camps de la mort polonais » pour désigner les camps d’extermination construits par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale sur le territoire de la Pologne occupée.
Après le plan Borloo sur les banlieues, quelle égalité des territoires dans la République ? Avec Philippe Rio, maire de Grigny.
Philippe Rio est revenu sur l’appel de Grigny. Sur la genèse du plan Borloo et la fin de non-recevoir que le plan Borloo a reçu de la part d’Emmanuel Macron.
Il a rappelé « l’été meurtrier » de 2017 et sa triple peine : 5% de baisse pour les APL, la suppression des contrats aidés qui ont provoqué la mort d’associations : « le plus grand plan social qu’a connu la France, a été celui du monde associatif. Et la baisse des crédits à la politique de la ville.
A partir de cela il y a eu une convergence du monde associatif et du monde politique et il y a eu l’appel de Grigny, qui est arrivé comme cela, un peu par hasard. Grigny a accueilli plus de 1000 personnes pour réfléchir sur les moyens de s’en sortir, et pas que pleurer sur notre sort. 1000 personnes drainés par des mouvements comme Bleu, blanc, zep, Villes et banlieues, Villes moyennes de France.
Dax, Aurillac, Périgueux ont aussi des quartiers populaires. On était tous sur le même diagnostic : la fracture urbaine s’enkyste aussi en province. Il s’est agi d’un mouvement transpartisan, trans géographique, pour dire que dans ces territoires : il y a des solutions !. Malgré ces inégalités, il y a des parcours extraordinaires, des solidarités, des choses magiques.
Malgré la fraîcheur par laquelle le plan Borloo a été reçu par l’Élysée, on a marqué des points :
1) D’abord dans les têtes : Comment rétablir l’égalité ? Pas avec un petit ministère avec ses 1% de budget. Même diagnostic pour la politique du logement en France.
2) Pour la première fois, sous l’égide de Jean Louis Borloo, qui a mis à notre disposition sa légitimité d’ancien élu municipal (être maire de Valenciennes n’est pas une partie de plaisir) et son carnet d’adresses d’ancien ministre, on a pu prendre la température « pour de vrai » de ce qui se noue : le phénomène de décrochage social et communautaire qui se met à l’œuvre.
3) Nous avons été beaucoup été médiatisés. Les quartiers populaires ont été souvent invités sur les plateaux TV… non pas parce qu’il y avait des émeutes… non pas pas pour dire « il est où le Molenbeck à la Française ».
À partir du moment où l’on dépasse les identités des partis, cela interpelle, à la fois la classe politique d’en haut, et les médias. BFM TV, par exemple, n’avait pas de relais sur le terrain pour expliquer le fonctionnement des banlieues et les bons fonctionnements à l’œuvre dans une équipe municipale de banlieue. Ils sont venus nous voir. Il y a eu une remise en cause des médias. Nous avons été fièrement et dignement respectés dans la presse et les médias. Pour une fois on a eu des débats justes sur nos banlieues. Cela n’avait jamais existé auparavant.
Alors malgré une partie conclusive décevante dans ses prises de décisions, j’aime à rappeler comme l’a écrit Jean Ziegler que « les murs les plus puissants tombent par leur fissures ». Tous ensemble nous avons commencé à faire des trous dans le mur pour que se fissure l’idée que beaucoup de choses ont été essayées et que rien n’est possible en banlieue.
S.B.
À suivre…