Fin de règne

Après le remaniement ministériel, statu quo au Gouvernement des riches

ChassaignePar André Chassaigne, Président du groupe GDR à l’Assemblée nationale

À peine plus d’un an après l’accession au pouvoir du président Macron, le quinquennat est englué dans un profond marasme, dans lequel nous ont plongés les valeurs néolibérales qui guident sa politique inégalitaire.

Une réalité qui éclate au grand jour, comme la rupture entre une majorité de Français et un président monarque profondément déphasé, désormais abandonné jusque par les siens. La manière dont ses propres ministres d’État en charge de l’écologie et de l’intérieur ont quitté le navire gouvernemental en dit long sur l’esprit de fin de règne qui s’est d’ores et déjà installé en ce début de quinquennat. L’impuissance frappe déjà celui qui se rêvait en Jupiter.

L’ordre du jour est désormais le suivant : sauver les apparences et être dans le déni. Mine de rien, droits dans leurs bottes, les deux têtes de l’exécutif font montre d’un dogmatisme qui dévoile les idéologues en chef qu’ils sont. Le néolibéralisme est leur religion et ils n’ont pas l’intention d’entreprendre une quelconque démarche de déradicalisation.

La décision de ne pas nommer un nouveau gouvernement et de ne pas procéder à une déclaration de politique générale traduit cette volonté de continuité. Dictée par les riches et pour les riches, la feuille de route du « gouvernement Philippe 2 bis » est destinée à poursuivre une politique régressive sur le plan social, écologique et démocratique.

Ainsi, en recevant le trophée dit de « champion de la Terre », le président Macron confirme son titre de « champion de la mystification » en matière de politique environnementale. Ce titre-là, c’est son propre ministre de la Transition écologique qui le lui a implicitement décerné lors de sa démission en signe de camouflet. Dans un aveu saisissant, la gorge serrée, Nicolas Hulot avait reconnu qu’il se sentait « seul » au gouvernement pour lutter contre « la tragédie climatique ».

Les forces de l’argent et des lobbies ont raison de toute action à la hauteur des enjeux du réchauffement climatique et de la sauvegarde de notre environnement. Elles bloquent tout plan d’action d’urgence globale pour répondre au défi de notre siècle.

Si le président Macron a abandonné le front de la lutte contre le réchauffement climatique, il est un front où il est bien présent et actif : celui de la défense des plus fortunés.

Il en a gagné un autre titre : celui de président des riches et des très riches, symbolisé par une série de choix fiscaux toujours aussi injustes : remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par un impôt sur la fortune immobilière (IFI) limité aux seuls biens immobiliers ; création d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux uniforme de 30 % sur les revenus du capital… ! Selon une étude publiée en janvier 2018 par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les 5 % de ménages les plus aisés devraient capter 42 % des gains à venir des mesures socio-fiscales du gouvernement d’ici à la fin 2019. Et c’est pour le 1 % des plus aisés que l’amélioration s’avère même la plus importante ! La première année du quinquennat a donc consisté à concentrer le gain fiscal pour les plus riches des riches…

À l’inverse, son gouvernement, le gouvernement des riches, n’a cessé de mener une politique antisociale d’une violence inouïe à l’encontre des salariés, des personnes privées d’emploi, des retraités, des jeunes…

Une violence sociale et un mépris de classe qui transparaissent clairement des nombreuses images de face-à-face entre le président et nos concitoyens, les renvoyant au rang des privilégiés. Une politique dont l’ambition est de détruire notre modèle de protection sociale, comme l’atteste le premier bilan des « ordonnances travail », synonymes de facilitation des licenciements, d’affaiblissement des organisations syndicales et de dérégulation au service de la précarisation du monde du travail. Ou bien encore la hausse injuste de CSG pour les retraités, le gel de leurs pensions, les coups de rabot sur les APL et les allocations familiales. L’objectif est clair : faire une société de « débrouillards » tout en substituant à notre modèle social un système d’assistance pour les plus indigents.

Enfin, la crise sociale entretenue par l’action gouvernementale se conjugue avec une profonde crise démocratique. La célébration du 60e anniversaire de la Ve République n’a trompé personne. Les apologistes du régime soulignent la longévité/solidité de ses institutions, pour mieux ignorer la faible adhésion populaire à ce système.

L’esprit de fin de règne qui souffle actuellement ne concerne pas seulement la majorité au pouvoir : c’est le régime lui-même qui est démonétisé, décrédibilisé aux yeux de nos concitoyens. Si la foi dans la res publica demeure toujours prégnante, elle s’accompagne désormais d’un profond rejet de la pratique présidentialiste du pouvoir, qui consiste à la fois à concentrer le pouvoir à l’Élysée, à neutraliser le Parlement et à s’appuyer sur une technocratie acquise aux dogmes du néolibéralisme et soumise au marché.

En cela, la présidence Macron marque l’avènement d’une « technocrature » foncièrement antidémocratique, animée par la volonté de satisfaire une extrême minorité de nantis, plutôt que par le sens de l’État, du peuple et de l’intérêt général. C’est pourquoi nous plaidons en faveur d’un véritable débat constituant qui soit de nature à fonder une authentique République démocratique. Elle portera un nom : la VIe République.

11 réflexions sur “Fin de règne

  1. Lettre ouverte de la Sdj Radio France à Mr Mélenchon

    Monsieur Mélenchon,

    Hier, vendredi 19 octobre, vous avez dans une vidéo violemment attaqué le travail des journalistes de la cellule investigation de Radio France. Critiquer, contester, démentir le contenu d’une enquête journalistique est votre droit le plus strict. Votre collègue, député de la France Insoumise, Adrien Quatennens, invité de la matinale de France Info vendredi matin ne s’en est pas privé. Vous êtes le bienvenu pour le faire sur toutes les chaînes de Radio France, mais vous refusez systématiquement les invitations qui vous sont lancées. Car selon vous, les radios de Radio France ne sont pas des chaines de service public, mais des radios d’Etat. Étonnant concept que voilà, des radios d’Etat qui invitent les plus farouches opposants au pouvoir en place… Dans votre vidéo, vos affirmations sont autant haineuses qu’imprécises et erronées. Tout d’abord, vous réservez vos insultes aux seuls journalistes de France Info, sachez que la cellule investigation de Radio France est une entité transversale, il y’a donc des « abrutis » dans toutes les rédactions de Radio France. Entité transversale qui depuis sa création fait un travail salué par tous et qui, Mr Mélenchon s’intéresse autant aux comptes de campagne de la France Insoumise qu’à ceux de La République en Marche. Entité transversale qui se doit de coordonner la publication de ses enquêtes sur plusieurs chaînes, c’est pourquoi, contrairement à ce que vous affirmez, il n’a jamais été question de diffuser ces reportages mardi dernier, mais, comme chaque semaine vendredi, sur France Inter et France Info dans une version allégée, puis samedi, dans de formats plus larges sur France Info et dans l’émission « Secrets d’info » sur France Inter.

    Plus loin dans votre intervention, vous invitez vos soutiens à nous « pourrir » et nous « discréditer », car, parlant des journalistes de France Info (vous oubliez tous les autres), vous poursuivez : “Ils ont l’air de ce qu’ils sont, c’est-à-dire d’abrutis. Je demande à ceux qui nous suivent de relayer nos arguments, de montrer pourquoi France Info ment et de discréditer les journalistes qui s’y trouvent”.” Relayez, relayez sans arrêt. Pourrissez-les partout où vous pouvez. Parce qu’il faut qu’on obtienne au moins un résultat […] il faut qu’à la fin il y ait des milliers de gens qui se disent ‘Les journalistes de France Info sont des menteurs, des tricheurs’.”

    Que répondre à tels propos ? Mardi vous assuriez que votre personne était « sacrée ». Alors voilà, Mr Mélenchon ce qui est « sacré » pour nous : L’information. Oui, ça peut paraître désuet dit comme ça, mais sachez que les journalistes de Radio France ont chevillée au corps la conviction que dans leurs radios de service public (et toutes les enquêtes de satisfaction du public le confirment) le traitement de l’information ne fait l’objet d’aucune approche partisane, de censure ni d’autocensure. Et la Société des Journalistes qui s’adresse à vous ici effectue chaque jour un travail de veille et de vigie sur le traitement de l’information à Radio France qui donne lieu à des débats permanents, car oui, Mr Mélenchon, il est des journalistes qui se remettent en question.

    Vos propos sont blessants, ils pourraient être drôles. Quand vous affirmez que certains d’entre nous « vendent des barquettes de frites dans les supermarchés pour 1000 euros de l’heure », nous pourrions en rire. Mais après de telles atteintes à notre intégrité, non, franchement, nous n’avons pas ri. Car voyez-vous Mr Mélenchon, vous qui déclariez en mars dernier que « la haine des médias était juste et saine », vous allez tellement loin que nous nous demandons quelles pourraient être les conséquences de tels propos. Si demain un ou une journaliste de Radio France se faisait physiquement agresser par une personne habitée d’une « haine juste et saine » et qui aurait mal interprété votre appel à « pourrir » des « abrutis », quelle serait alors votre réaction ?

    « La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat ». Hannah Arendt.

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  2. Riches traders

    A Wall Street, les traders ont oublié la crise

    Ouf! Après des années de disette- non, on rigole, c’est pour énerver un peu plus les militants de France Insoumise et leur admirable chef- les bonus américains ont retrouvé leur niveau d’avant-crise.422 500 dollars en moyenne en 2017, c’était en effet le salaire moyen des traders, banquiers et autres analystes opérant sur les marchés à New York, contre 400 000 dollars en 2007. Le système serait cependant plus vertueux qu’il y a dix ans avec des salaires de base plus élevés et des primes plus sages, donc poussant moins aux prises de risque inconsidérées. Cette année sera encore un bon millésime. A moins que…

    Source : Les échos.fr

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  3. Olivier F.

    « Il est temps d’en finir avec les carrières, et d’avoir des gens qui viennent avec des convictions. »

    Olivier F. France Inter 25102018.
    NB : c’est au sujet du PS. mais cela peut s’appliquer à d’autres. Voire être mis dans un texte de congres….

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  4. Fin de règne ?

    Dans un contexte polémique, Jean-Luc Mélenchon voit sa cote d’influence chuter en octobre. Elle baisse de 7 points auprès des Français pour atteindre 18% et les baisses auprès de l’électorat de gauche sont très marquées. Sa cote d’influence perd ainsi 15 points auprès des sympathisants de la gauche (41%) chez lesquels il quitte la 1ère place pour la 7ème derrière François Ruffin (48%). Il perd également 16 points auprès des sympathisants PS (14%).
    Il est important de souligner que les résultats auprès des sympathisants de La France Insoumise suivent la même pente : la cote d’influence de Jean-Luc Mélenchon y reste élevée mais baisse de 11 points pour atteindre 71%.
    L’image du mouvement régresse également en octobre : 24% des Français ont désormais une bonne opinion de La France Insoumise contre 31% en septembre.

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