Une belle campagne

Déclaration de Ian Brossat à l’issue des élections européennes

Mesdames, Messieurs,

IB affiche.jpgJe souhaite ce soir remercier très chaleureusement les centaines de milliers d’électrices et les électeurs qui nous ont fait confiance.

C’est une belle campagne qui s’achève, après 12 ans d’absence à une élection nationale. C’est une campagne que nous avons voulue sincère, combative, fidèle aux combats et aux valeurs de la gauche. En dépit de nos efforts, il arrive que la marche soit parfois trop haute pour être franchie du premier coup. Ce soir, nous n’atteignons pas encore nos objectifs.

Première leçon. L’extrême-droite arrive en tête de ce scrutin. Rappelons-nous, il y a encore 10 ans, la liste du Front National ne dépassait pas les 6%. Le score d’aujourd’hui est le résultat d’un pari perdu, un pari forcément perdant et dramatique pour notre pays. Cette stratégie, c’est celle d’Emmanuel Macron, qui impose aux Français ce face-à-face avec Marine Le Pen pour assurer sa survie politique. Non, ce n’est pas un duel comme on cherche à nous le faire croire, c’est un duo : un duo imposé par les deux camps, un duo mortifère pour notre pays et pour la démocratie. A force de jouer avec le feu, Macron s’est brûlé.

Deuxième leçon. La gauche a également sa part de responsabilités. Je prends ma part de responsabilité, il ne s’agit pas de se dédouaner. Ce soir, la gauche est affaiblie, tout est à reconstruire.

J’ai l’intime conviction que l’avenir passe par l’humilité, le travail collectif, le respect mutuel, le refus de la tentation hégémonique. Écoutons-nous, respectons-nous, travaillons ensemble.

Cette gauche, cette gauche que nous devons reconstruire, que nous allons reconstruire, doit placer au cœur de son projet la justice sociale et l’urgence écologique.

Et soyons clairs: cette reconquête des cœurs et des esprits ne sera possible que dans la rupture avec le libéralisme.

Reconstruire une gauche digne de ce nom en France, c’est à cet objectif que le Parti Communiste doit consacrer tous ses efforts, dans les semaines et dans les mois à venir.

À tous les communistes, à celles et à ceux venus d’autres horizons et qui nous ont rejoints, je voudrais vous témoigner de ma profonde gratitude.

Être votre candidat, vous représenter, fut un honneur et un privilège.

Je voudrais dire à chacune et chacun de nous ce soir : le combat continue — il continue partout, il continue toujours.

Je voudrais remercier chaleureusement Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, pour son aide, pour son engagement, pour son énergie. Je voudrais avoir une pensée à destination de ma chère Marie-Hélène Bourlard, lui dire que nous y étions presque et que demain nous y arriverons.

Nous formons une belle et une formidable famille, mes amis, mes chers camarades.

Camarade, c’est un joli nom.

C’est uni, comme une famille, que je veux vous demander ce soir deux choses. Je vous le demande du fond du cœur.

Ce soir, demain, cette semaine, dans les prochains mois : conservons en nous ce formidable état d’esprit et cette énergie qui fut le nôtre durant cette campagne. Faisons-les vivre ! Conservons-en nous cette joie d’être ensemble, cette envie, ce bonheur de nous être retrouvés.

La deuxième chose que je vous demande et j’en terminerai ainsi : dans cette période politique trouble, n’oublions jamais que nous n’avons aucun adversaire à gauche. Conservons la bienveillance qui fut la nôtre, conservons cette envie sincère de tendre la main, de réussir le rassemblement demain.

Nous avons réalisé une formidable campagne. Ne nous arrêtons pas là !

Je vous remercie.

Japy !

Paris 16 mai 2019 : Je jape, tu japes, il-elle Japy !

Dimanche 26, je vote IAN BROSSAT !

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Retour sur le meeting au gymnase Japy, où en 2005, déjà lors d’un meeting, les communistes avaient appris que le « Non » était donné gagnant quelques jours avant le vote pour le référendum.

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Première surprise agréable, à la sortie de la station du métro Charonne, pas utile de sortie son GPS, il suffit de suivre la file de gens qui se dirige vers Japy, pour trouver l’endroit. Le bruit de la foule déjà rue Parmentier. Puis vision de la foule devant la salle.

Plein dehors. Plein dedans, avec un auditoire attentif :

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Qu’a-t-on vu à Japy ?

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Du rouge :

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On entend Marie-Pierre Vieu défendre son bilan, dont la pièce maîtresse est sa demande d’audit sur la libéralisation des services publics en Europe.

japy 37L’étude fait la démonstration concrète que l’Union européenne n’est pas une main invisible insaisissable mais qu’elle est le fruit d’un processus politique, tant parlementaire que gouvernemental, avec, à la manœuvre, les chefs d’État des 27 pays-membres. Notre impératif, à gauche, c’est qu’elle devienne un terrain citoyen et de revendications.

« La mise en place du processus de libéralisation auquel on est confronté actuellement est donc du ressort de la responsabilité politique des gouvernements ! »

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Lassana Bathily, né dans un village au Mali, est un travailleur franco-malien. Il est connu pour sa conduite lors de la prise d’otages de la porte de Vincennes (HyperCacher), le 9 janvier 2015. Ayant pu s’échapper, il a immédiatement collaboré avec la police.

Il préside le comité de soutien de la liste du Parti communiste français menée par Ian Brossat.

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Julia Castanier, responsable de la com du PCF, maîtresse de cérémonie

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Maryam Madjidi, Goncourt 2017 du Premier roman pour «Marx et la Poupée».

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Dans son livre, d’inspiration autobiographique, la romancière raconte comment ses parents, étudiants marxistes, l’ont déracinée d’Iran à l’âge de six ans pour fuir le régime de l’ayatollah Khomeyni.

« L’humain d’abord, l’humain toujours ! »

Nico Cué

Pour 2019, avec ses partis membres Die Linke (Allemagne), le Parti communiste français, Syriza,  la GUE a un « Spitzenkandidaten », à la tête de la commission européenne : Nico Cué, Espagnol de 62 ans, ancien syndicaliste arrivé enfant en Belgique, où il a vécu la majeure partie de sa vie.

Japy 43.jpgIl rend compte de son débat TV de la veille avec les autres prétendants au poste de président du futur nouveau parlement européen, post 26 mai :

« Communiste vous êtes, car pour proposer une alternative à ce monde, vous partez de votre expérience. Communiste vous êtes parce que vous partagez vos expériences ! Dans le camp d’en face, on n’entend que des propos vides de sens, ce sont des apparatchiks qui s’accrochent à leur place dans les instances de l’Union Européenne»

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En vidéo conférence, Patrice Prate, ex-conseiller et soutien de Arnaud Montebourg,  « mais le 26 mai communiste de cœur… »

« Je voterai pour une liste des gens ancrés dans le réel des Français ; des colistiers cohérents dans leurs positions ; nous sommes tous des Européens. Vous n’êtes pas des eurosceptiques. Vous portez un regard neuf, une expression juste, plus efficace et plus porteuse d’espoir que la grisaille qu’on impose à notre quotidien et dans cette campagne électorale»

Colistiers de Ian Brossat, un sportif de haut niveau et une militante LGBT

« Je suis pour qu’on défende au parlement européen  la clause de non régression de l’Européen ou de l’Européenne la plus favorisée ! de l’européen ou de l’européenne LGBT la plus favorisée ! C’est-à-dire étendre partout en Europe les solutions les plus favorables dont bénéficient ici et là les LGBT dans n’importe quel pays de l’UE, et qu’on s’y tienne ! »

« Oui c’est possible avec cette liste de faire élire le premier sportif de haut niveau au Parlement européen ! Votez aussi pour une Europe arc en ciel ! Les gens me disent en meeting que nous défendons une cause noble : sauvez la planète ! Sauvez la terre du capitalisme !»

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« On va vous raconter ce qui se passe au CHV », par  les infirmières et aides-soignants des urgences du Centre Hospitalier de Valence (CHV), dans la Drôme, accompagnée par la conseillère municipale communiste de Valence :

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« Ce qui se passe au CHV, dans les urgences de France, ne peut pas rimer avec… rentabilité »

« Entendez notre peine… Il y a de la colère dans le cathéter »

 « Comment peut-on s’y prendre pour enfin se faire entendre ? On va vous raconter ce qui se passe au CHV », scandent-elles pendant un peu plus de trois minutes, blouses blanches sur le dos. Fermeture de lits, suppression de postes, réorganisation et distribution des missions quotidiennes des professionnels de santé, manque de temps… Les employées du CHV y dénoncent leurs conditions de travail, submergées par l’afflux de patients aux urgences.

« Nous, on fait tout ce qu’on peut, on veut prendre soin d’eux, mais plus le temps de rien, mais on n’a plus de moyens. »

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À écouter ici

Japy 52Cours de relocalisation industrielle en Europe sur l’exemple des camarades coccinelles chinoises qui mangent les larves des coccinelles françaises en un clic…

Fabien Roussel prend l’exemple des coccinelles chinoises importées pour lutter de façon « bio » contre les pucerons et qui détruisent les larves de coccinelles françaises.

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Écouter ici Fabien Roussel sur les coccinelles chinoises

Cohérence : « le PCF est le seul parti de gauche à avoir rejeté tous les traités européens libéraux ! »

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Fabien Roussel et la réécriture des traités européens

Ian Brossat

« Que chacun convainque 10 personnes autour de lui d’ici dimanche. Ce n’est pas impossible. C’est possible ! »

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En un mot comme en mille : un très beau meeting !

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La presse ébaubie :

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Et voilà, c’est déjà Japy…

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S.B.

Pour eux, c’est Ian !

Ils soutiennent la liste Ian Brossat

HPR.jpgHenri Peña-Ruiz, philosophe, écrivain, maître de conférences à Sciences-Po Paris

« Ian Brossat fait honneur à la politique et au communisme. Il mène brillamment campagne en faisant le pari de l’intelligence et de la culture. Dans “communisme”, il y a commun. Commun à tous les êtres humains. Au-delà des amalgames injustes qui ont tenté de disqualifier l’idéal communiste, il est grand temps de rappeler ce sens du bien commun, de l’intérêt général et de la solidarité qu’implique la notion de communisme. Souvenons-nous du Front populaire, de la résistance au nazisme, puis de la Libération, avec l’œuvre inoubliable d’Ambroise Croizat, ministre communiste qui créa la Sécurité sociale. Oui, le Parti communiste français a joué un rôle décisif dans l’histoire de notre pays. Notamment pour promouvoir le progrès social. Aujourd’hui, face à la morgue de classe de M. Macron et à sa politique dévastatrice pour les plus démunis, il nous faut un Parti communiste fier de son histoire et décidé à jouer un rôle moteur dans le rassemblement des forces de progrès.… Au Parlement européen, les élus communistes ne manqueront pas de combattre une économie dévoyée par des financiers indifférents au sort des laissés-pour-compte. Il est temps de refonder l’Europe sur la justice sociale et la responsabilité écologique, sans oublier la laïcité, idéal d’émancipation plus actuel que jamais. Je souhaite un beau succès à Ian Brossat et à sa liste pour que la France de notre regretté Jean Ferrat parle haut et fort à Bruxelles. »

BT.jpgBaptiste Talbot, fonctionnaire territorial, militant CGT

« Le scrutin du 26 mai est une échéance majeure pour faire entendre les exigences du monde du travail. Voter le 26 mai, c’est une forme de lutte, c’est l’occasion de porter la nécessité de rompre avec les politiques mortifères actuellement à l’œuvre en France et en Europe. Dans son Appel aux fonctionnaires, Ian Brossat a fermement affirmé son attachement au statut des fonctionnaires et à une fonction publique forte. Pour l’avenir du service public, pour peser dans la bataille en cours pour le retrait du projet de loi gouvernemental sur la fonction publique, je voterai dimanche pour la liste conduite par Ian Brossat. »

MM.jpgMaryam Madjidi, écrivaine, prix Goncourt du premier roman

« Pourquoi je vous invite à voter pour notre liste ? Parce que nous avons plus que jamais besoin d’une alternative au système capitaliste. Notre liste est cette alternative, ce garde-fou contre cette Europe libérale que le PCF a toujours refusée. Il est urgent aujourd’hui de construire une union européenne qui soit fidèle à l’idée que nous nous faisions de l’Europe à sa création, à savoir une union des peuples, une solidarité entre les États, une garantie solide des services publics et une protection digne et solidaire envers les travailleurs immigrés, les réfugiés, les exilés. Je vous invite à voter pour notre liste parce que les Françaises et les Français, les Européennes et les Européens méritent mieux que cette union non pas des peuples mais des lobbyistes et des milliardaires. Il est temps de briser cette puissance de l’argent au profit d’une justice fiscale et sociale. Notre liste est à l’image de tous ces gens qui travaillent, qui paient leurs impôts, qui militent pour une solidarité envers les plus démunis, qui refusent que le monde de demain soit uniquement gouverné par une poignée de riches qui ont la ferme intention de s’enrichir encore et encore sur le dos de celles et ceux qui ne récoltent jamais ou alors très peu le fruit de leur travail. Je vous invite à voter pour notre liste au nom de notre humanité, cette humanité qui fait notre grandeur, qui fait notre dignité. »

HLJHélène Langevin-Joliot, physicienne, petite-fille de Marie et Pierre Curie

« L’avenir des peuples de l’Union européenne dépend pour beaucoup de l’usage qui sera fait des savoirs scientifiques et des technologies. Produire ces savoirs et les maîtriser suppose un effort public considérable, une recherche publique et des formations post-bac à un niveau bien supérieur à l’actuel, alors que les gouvernements de droite et du Parti socialiste ont supprimé plus de 1 500 postes au CNRS en quelques années. (…) Les réussites scientifiques européennes le montrent : c’est par la coopération et non par la mise en concurrence des peuples que nous trouverons des solutions aux défis que nous affrontons. La liste dirigée par Ian Brossat porte un projet cohérent à cet égard, fondé sur le soutien à la recherche publique, son besoin de liberté, de temps long, de dialogue avec la société pour l’usage des technologies. »

DDae.jpgDidier Daeninckx, écrivain

« La première raison de mon vote en faveur de Ian Brossat tient à la personnalité du candidat, à la clarté de son propos politique, au fait qu’il se soit abstenu d’attaquer les autres têtes de liste de notre camp si divisé. Une attitude qui préserve l’avenir et les chances d’une nécessaire et urgente reconstruction de ce qu’il faut continuer à nommer la gauche. Je suis sensible aussi à la composition de cette liste qui donne sa juste part au monde du travail.

J’ai également été attentif à son affirmation d’une Europe du partage et non de l’exclusion, une Europe créatrice de richesses responsables, une Europe qui fasse contribuer les plus riches et qui ne lésine pas sur la lutte contre la faramineuse évasion fiscale. Une Europe qui ne cède en rien aux mirages du souverainisme, qui se révèle trop souvent comme le masque du nationalisme. Auteur de Missak, un roman consacré à Manouchian, je me souviens que, dès 1939, des dizaines de milliers d’apatrides, de juifs exilés, d’Italiens et d’Espagnols pourchassés, faisaient la queue pour s’engager dans l’armée française afin de combattre les fascismes européens. Parmi eux, Missak et ses compagnons arméniens. J’aime que, contre les négateurs, Ian Brossat le rappelle avec force. »

JB.jpegJosiane Balasko, actrice

« Le 26 mai, j’aimerais essayer de vous convaincre d’aller faire entendre votre voix. Vous n’êtes pas forcément communiste et je ne le suis pas non plus. Mais, à travers mes différents engagements associatifs, j’ai souvent pu voir la présence de femmes et d’hommes communistes, et j’ai pu voir les valeurs qui les animaient, des valeurs populaires, jamais populistes. J’ai pu voir leur sincérité, j’ai pu voir leur disponibilité dès lors qu’il s’agit de défendre les plus modestes. C’est pourquoi j’ai décidé d’aller voter pour la liste de Ian Brossat. Parce que je crois que nous avons plus que jamais besoin de députés sincères, clairs, combatifs, à l’image de leur belle campagne. Surtout, en votant pour la liste de Ian Brossat, nous pouvons faire élire Marie-Hélène Bourlard, entrée à l’usine à l’âge de 16 ans, qui fut ouvrière du textile pendant 43 ans dans le Nord. Avec l’aide de nous toutes et de nous tous, Marie-Hélène Bourlard peut devenir la toute première femme ouvrière à entrer au Parlement européen depuis quarante ans. »

FG.jpgFlorent Guéguen, directeur d’une fédération d’associations de lutte contre l’exclusion

« Sur le continent le plus riche du monde, 86 millions d’Européens-es vivent en dessous du seuil de pauvreté, quand le nombre de personnes sans abri explose dans toutes les grandes capitales européennes. Dans ce contexte d’urgence sociale, les mal-logés, les chômeurs et les classes populaires ont besoin d’une gauche de combat fidèle à ses valeurs, qui lutte contre ces inégalités inacceptables et qui redonne un espoir aux millions de précaires. Avec ses propositions de Smic européen à au moins 60 % du revenu moyen, de clause de non-régression sociale et de réinvestissement dans les services publics, c’est la liste de Ian Brossat qui incarne cette volonté de conquête sociale. Je voterai aussi pour Ian car sa liste s’engage sans ambiguïté en faveur de l’accueil des personnes migrantes, qui fuient la guerre et l’extrême pauvreté, en assumant des sanctions financières contre les États qui ne respectent pas leur devoir de solidarité. Envoyons au Parlement européen des femmes et des hommes qui défendront fidèlement l’intérêt des ménages les plus modestes face à l’Europe de l’argent et des marchés financiers !

JF 2019Jacques Fournier, conseiller d’État honoraire, ancien secrétaire général du gouvernement, ancien PDG de la SNCF et de GDF.

« Je voterai pour la liste de Ian Brossat. Cette annonce pourra surprendre : Ian Brossat, adjoint au maire chargé du logement à la ville de Paris, est à la tête de la liste du Parti communiste, à laquelle les sondages ne donnent que fort peu de chance d’atteindre le seuil des 5 % qui permet d’avoir des élus.

Je n’ai jamais été anticommuniste. Mais j’ai fait en France, depuis le congrès d’Épinay en 1971, le choix du socialisme. J’y suis toujours resté fidèle et je ne le renie pas. Je persiste à penser que c’est autour d’un PS rénové et ragaillardi que pourra revenir au pouvoir un gouvernement de la gauche en France.

Trois des promoteurs des listes en présence le 26 mai sont issus du Parti socialiste, mais aucune de ces listes n’en porte le drapeau. Jean-Luc Mélenchon s’est lancé, avec la France insoumise, dans une démarche mégalomaniaque dont les excès deviennent insupportables. Benoît Hamon a cru que son succès relatif dans les primaires du PS lui donnait, avec Génération(s), un destin national qui se dérobe sous ses pieds. Olivier Faure, plus modestement, a essayé de reconstruire la maison, mais il a estimé ne pouvoir le faire qu’en allant chercher sur la place publique – que l’on me pardonne ce jeu de mots – le pion qui lui manquait.

Je pense, depuis longtemps déjà, qu’il faut donner un sérieux coup d’éperon à la monture européenne. J’ai cru, en votant Hollande en 2012, que la France allait s’engager dans une démarche résolue de remise en cause du traité d’austérité budgétaire, qui interdit aux pays membres de s’engager dans la voie de ce que j’appelle l’économie des besoins. Comme beaucoup d’autres, j’ai été déçu. L’Europe doit être non pas le vecteur de l’assujettissement de notre continent à la mondialisation capitaliste, mais le ferment d’une orientation nouvelle que son histoire et sa culture lui permettent de dessiner. Un vote pour la liste conduite par Raphaël Glucksmann, quelle que soit la considération que l’on peut avoir pour la personne de son chef de file, et même si l’on y trouve plusieurs de mes amis du PS, n’aurait pas cette portée. Je ne pense pas que les socialistes français soient en mesure d’infléchir la ligne, beaucoup trop attentiste à mes yeux, du groupe dans lequel ils entreraient s’ils arrivent à franchir le seuil des 5 %. C’est pourquoi, pour ce scrutin bien particulier, je préfère apporter mon suffrage à une liste se réclamant de la gauche radicale européenne. »

PCF is back !

Ian Brossat : « Nous revendiquons d’être LA liste repère à gauche »

À une semaine du scrutin européen, Ian Brossat compte bien concrétiser dans les urnes une dynamique de campagne qui « signe le retour du PCF sur la scène nationale ». Dans la dernière ligne droite, la tête de liste communiste appelle à convaincre les abstentionnistes. Entretien.

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À dix jours du scrutin, le gouvernement, malgré les mobilisations sociales, continue de détricoter les droits en s’attaquant, cette fois, à la fonction publique. Comment « mettre un carton rouge à Macron », le 26 mai ? Est-il votre principal adversaire dans cette campagne ?

Ian Brossat Nous avons deux adversaires dans cette campagne. Les macronistes au pouvoir et leur concurrent favori, l’extrême droite. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se livrent à une mise en scène ridicule où l’un prétend faire barrage à l’autre. Ils réduisent cette élection à ce faux duel entre fachos et libéraux dans le but commun d’évincer la gauche. Ce que nous proposons, c’est de faire émerger une gauche claire et offensive sur le devant de la scène, et pour cela d’utiliser notre bulletin rouge, le bulletin du Parti communiste et de la liste que je conduis.

Vous proposez une « clause de non-régression sociale ». Qu’y gagneraient concrètement les européen-nes ?

Ian Brossat La clause de non-régression, c’est une assurance-vie contre les réformes libérales imposées par Bruxelles. Les directives de libéralisation nous ont poussés à démanteler nos entreprises publiques, à instaurer la concurrence au détriment des usagers et des salariés. Dans le domaine de l’énergie, ils promettaient que la concurrence ferait baisser les prix, c’est le contraire qui est arrivé. Le prix de l’électricité va augmenter de 6 % la semaine qui suit les élections ! Nous assistons au même triste spectacle dans le domaine du ferroviaire, avec le démantèlement de la SNCF et les tarifs des billets de train qui s’envolent déjà. La clause de non-régression est un outil tout simple : les textes européens ne pourront qu’améliorer les droits des salarié.e.s. Les peuples auront un droit de veto automatique face à toute tentative de faire passer de nouvelles régressions, comme la directive Bolkestein et le travail détaché. Et tant pis pour les lobbyistes des multinationales.japy 21.jpg

Les traités budgétaires européens sont souvent invoqués pour tenter de discréditer toute alternative en Europe. Ce débat est-il pour vous dépassé ? Quelle méthode préconisez-vous pour s’affranchir des règles austéritaires ?

Ian Brossat Il faut rompre avec la logique des traités. Ils ont fait de l’Union européenne l’inverse de ce qu’elle devait être. Au lieu de la paix, de la croissance et de la justice, on a obtenu la concurrence, la crise et la précarité. On nous a vendu Flipper le dauphin et on se retrouve avec le requin des Dents de la mer… S’affranchir des traités, c’est possible. Dans la réalité, les gouvernements français ou allemand l’ont déjà fait à de nombreuses reprises, quand leurs dirigeants jugeaient que c’était utile… Parallèlement, nous pouvons écrire de nouveaux traités pour faire de l’Union européenne un outil de progrès social avec tous les pays membres qui le souhaitent. Aujourd’hui, la Commission européenne lance des procédures de sanction pour déficit excessif. Elle en a lancé 24 depuis 2011. À quand une procédure de sanction pour « pauvreté excessive » face aux gouvernements qui ne font rien pour réduire les inégalités ? Nous comptons 87 millions de pauvres au sein de l’Union européenne, 10 de plus qu’il y a 10 ans. C’est le système de valeur de cette Union européenne libérale qu’il faut revoir de fond en comble. La Commission peut bloquer un budget entier s’il ne correspond pas aux absurdes critères de Maastricht, mais elle ne fait rien quand un gouvernement d’extrême droite comme celui qui est au pouvoir en Italie instaure une amende de 5 500 euros contre les citoyens qui sauvent les migrants de la noyade !

Vous êtes l’une des surprises de cette élection. Vos performances médiatiques et le succès militant de votre campagne sont même salués dans la presse. Comment traduire cette dynamique en votes dans la dernière ligne droite ?

Ian Brossat Comme nous n’avons pas eu de candidat à l’élection présidentielle, les sondages ont du mal à nous estimer. Il y a une vraie dynamique de terrain, mais aussi dans les soutiens que nous recevons et qui viennent de toute la gauche. Je suis convaincu que nous pouvons réaliser une belle percée et faire élire des députés européens communistes le 26 mai. Mais beaucoup hésitent encore. Il faut aller chercher les voix une à une. Pour cela, nous avons un outil redoutable : notre téléphone ! Je le demande à celles et ceux qui nous lisent : aidez-nous. Donnez-nous ce petit coup de pouce qui nous permettra de faire événement le 26 mai au soir. Faites l’expérience en appelant vos amis, vos connaissances : nombreux sont ceux qui oublient qu’on vote le dimanche 26 mai. Pour convaincre, nous pouvons revendiquer d’être LA liste repère à gauche. Le PCF est le seul parti de gauche à avoir toujours rejeté les traités européens libéraux. Nous sommes également la seule liste à être composée à 50 % d’ouvrier.e.s et d’employé.e.s. Avec notre bulletin de vote rouge, nous pouvons faire l’Histoire : faire élire Marie-Hélène Bourlard, la première ouvrière au Parlement européen depuis 30 ans. Imaginez une seconde : Marie-Hélène faisant son entrée au Parlement pour porter la voix de ceux qui, si souvent, ne sont pas entendus dans cette instance dominée par les lobbies et les banques. Cela vaut la peine de se battre pour y arriver !

Pensez-vous d’ores et déjà avoir marqué des points en donnant une nouvelle image de votre parti ?

Ian Brossat Le Parti communiste change et, comme le dit Fabien Roussel, il est de retour sur la scène nationale. C’est un acquis de notre campagne, mais c’est surtout un jalon pour la suite. Car la gauche a besoin d’un PCF visible, clair, offensif et rassembleur. La gauche est en crise, il lui faut des repères ! Les Français doivent savoir qu’ils ont une force sur laquelle compter pour reconstruire la gauche de demain, dans la clarté et l’unité. J’ajoute un élément : nous traversons une période où beaucoup de gens doutent de la politique. La confusion généralisée y est pour beaucoup. Rendez-vous compte : 20 % des eurodéputés qui se représentent ont changé de parti depuis la dernière élection. Comment voulez-vous que nos concitoyens s’y retrouvent ? Au moins, quand on envoie des communistes au Parlement, on envoie des gens constants, cohérents, qui ne changent pas d’avis comme de chemise.

Vous avez déjà appelé la gauche – dont les scores additionnés risquent de ne pas dépasser les 30 % – à « retrouver le chemin du rassemblement » après les européennes. Pourquoi ce qui serait possible demain ne l’est pas aujourd’hui ?

Ian Brossat Les élections européennes sont particulières : à un seul tour, à la proportionnelle. Elles poussent à l’émiettement. Il en sera tout autrement pour les élections municipales de 2020. C’est pourquoi je crois fermement à l’émergence d’une volonté bien plus puissante de rassemblement. Je compte y prendre toute ma place, avec mes camarades.

L’abstention s’annonce à nouveau très élevée, en particulier dans l’électorat de gauche, laissant les mains libres au pouvoir macroniste et à l’extrême droite. Quels sont vos arguments pour les convaincre de se rendre aux urnes et d’y glisser un bulletin PCF ?

Ian Brossat Mon argument est simple : 100 % des banquiers, des grands patrons, des actionnaires, des financiers iront voter. Les grands supporters de la droite et de l’extrême droite ne se priveront pas de mettre un bulletin dans l’urne ! Si le peuple de gauche, si les habitants des campagnes et des quartiers populaires restent chez eux, ils laissent la victoire à ceux qui nous écrasent. Et si certains estiment que les enjeux européens ne valent pas la peine de se déplacer dimanche 26 mai, qu’ils réfléchissent : cette fois-ci, ils ont l’opportunité d’envoyer à Bruxelles la première députée ouvrière depuis trois décennies !

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui, paru dans l’Humanité du 17 mai 2019

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Merci à S.B. pour ses photos du meeting de la salle Japy à Paris  le 16 mai !

Européennes 2019 : Ian Brossat, communiste new-look

Article paru dans « Le Parisien »

La tête de liste du PCF aux européennes réussit sa campagne, sur le terrain et dans les médias… mais reste scotchée à 3 % dans les sondages.

C’est l’une des révélations de cette campagne des européennes. Ian Brossat, la tête de liste communiste, prend la lumière comme personne au PC depuis Georges Marchais. « C’est bien pour notre parti et pour le débat politique en général », se réjouit-on Place du Colonel-Fabien. Certes, les sondages sont loin d’être aussi brillants : le communiste, 39 ans depuis quelques jours, n’est même pas crédité des 3 % indispensables pour un remboursement de ses frais de campagne.

Malgré les meetings et les réunions qu’il enchaîne depuis plusieurs semaines. « Si Ian réussit à franchir ce seuil et à plus forte raison les 5 % nécessaires pour conserver des sièges au Parlement de Strasbourg, alors il sera promis à un avenir de premier plan au sein du parti », affirme Stéphane Peu, un briscard du PC et député de Seine-Saint-Denis.

Dans les débats diffusés par les télés et les radios, le conseiller de Paris défend avec brio des notions aussi arides qu’une clause de « non-régression sociale », un smic européen ou le renforcement de la lutte contre la fraude fiscale. Mais Brossat a aussi le sens de la formule. « Nathalie Loiseau, c’est un peu la Richard Virenque de la politique, elle a été candidate à l’insu de son plein gré », lance le communiste à propos de la présence de sa rivale, en 1984 à Sciences Po, sur une liste d’extrême-droite.

Même l’opposition parisienne le loue

Surtout, Brossat préfère la démonstration à la polémique, le débat à l’anathème. « Dans la période de grande confusion que vit la gauche, le parti communiste peut devenir un repère, analyse cet ancien professeur, agrégé de lettres, spécialiste de littérature américaine. Nous sommes là depuis des décennies sans jamais, contrairement à d’autres, changer tous les quatre mois d’idées ou de nom », vante Brossat qui, entré au parti à l’âge de 19 ans, y a « passé plus de temps dedans que dehors ». « Il faut nous juger sur ce que l’on fait localement et non sur ce qu’on disait dans les années 1970 », insiste l’adjoint au maire de Paris, en charge du logement.

Car la « Brossat touch » c’est l’affirmation d’une ligne réaliste face aux idéologues. La lutte contre Airbnb accusé de favoriser l’envolée des loyers, l’installation d’un centre d’hébergement pour SDF dans le très bourgeois XVIe arrondissement parisien… « Aujourd’hui, les gamins du centre vont dans les clubs de hockey sur gazon jouer avec les enfants des familles du quartier », se félicite-t-il.

Même l’opposition parisienne le loue. « Ian Brossat est porteur d’un idéal communiste qui passe, par exemple, par une politique de préemption à laquelle je m’oppose. Mais cet idéal, il veut le traduire dans le réel. Cela lui donne sa force », reconnaît Pierre-Yves Bournazel, député centriste et conseiller de Paris.

« Notre banque, ce sont nos militants ! »

Une forme d’engagement qui ne fait pas l’unanimité au sein de son parti. « Ian incarne une génération plus communicante qu’idéologue, tacle Stéphane Peu. Après tout, dans une époque où les certitudes ont vécu, la plasticité est peut-être un atout. » Chez les Insoumis, les critiques sont encore plus cinglantes. « Je ne comprends pas le choix de Brossat comme tête de liste. Il a été porte-parole d’Anne Hidalgo et reste son soutien. Il participe à Paris à un exécutif avec des soutiens de Macron. Son discours évolue donc selon les circonstances et ses intérêts », s’étrangle le député Alexis Corbières, un proche de Mélenchon.

Ce timide, à l’allure plus bobo que prolo, vivant avec le même compagnon depuis dix-huit ans, conserve la foi du charbonnier. « Si je n’avais pas été communiste, je serais peut-être croyant », confie ce petit-fils d’un médecin juif polonais qui, pour fuir les camps nazis, s’était engagé dans l’Armée rouge avant d’immigrer en 1947 à la naissance de l’État d’Israël… où il fut ensuite emprisonné vingt ans pour espionnage au profit de l’URSS.

« C’est mon grand-père qui m’a insufflé le sens du combat, explique Brossat. Je voue une reconnaissance infinie aux communistes qui l’ont sauvé. » La tête de liste aux européennes nourrit de grandes ambitions pour son parti. « C’est un parti de gens désintéressés qui grâce à leurs cotisations, au reversement par les élus de leurs indemnités, lui permettent d’être encore là. Notre banque, ce sont nos militants ! Je veux contribuer à ce que le parti communiste retrouve une place dans le paysage politique. Il le mérite. »

IB 2019

 

 L’Europe, soit elle change, soit elle crève

Interview de Ian Brossat, tête de liste du PCF pour les élections européennes, paru dans l’hebdomadaire « Politis » du 11 avril 2019

Ian-Brossat-Il-faut-se-battre-pour-l-encadrement-des-loyers-a-ParisIan Brossat : « L’Europe, soit elle change, soit elle crève »

Traités européens, services publics, lutte contre le capitalisme, souverainisme… La tête de liste du PCF aux élections européennes, Ian Brossat, détaille le programme de son parti.

Désigné le 3 juin 2018 pour porter la liste du Parti communiste français, l’adjoint à la mairie de Paris sait que l’élection est loin d’être gagnée. Sa liste étant créditée, au mieux, de 3 % des intentions de vote, il lui reste six semaines pour remonter la pente et atteindre les 5 % nécessaires pour obtenir des élus.

Ni fédéraliste ni souverainiste, le PCF plaide pour une « union de nations et de peuples souverains » en Europe. C’est-à-dire ?

Ian Brossat : De plus en plus de peuples sont exaspérés par le cours actuel de l’Union européenne, qui, depuis des années, leur impose un modèle économique libéral. En France, elle remet même en cause un certain nombre d’éléments acquis depuis des décennies. Je prendrai un exemple concret : notre pays avait mis en place des services publics, adossés à des entreprises publiques dotées d’un monopole dans un certain nombre de secteurs (énergie, transports, télécoms). L’Union européenne, à coups de directives de libéralisation, nous a contraints à sacrifier tout cela. Les logiques d’intérêt général ont été terrassées par des logiques de business. Le seul moyen de sauver l’Europe, c’est qu’elle permette à des modèles économiques différents de cohabiter, qu’elle ne puisse pas entraîner un peuple, un État, vers un chemin qu’il n’a pas choisi. Nous plaidons pour la création d’une « clause de non-régression sociale », une sorte de veto social : lorsqu’un État est confronté à une disposition qui ne correspond pas à sa tradition, à ses valeurs, il peut faire valoir le droit de ne pas l’appliquer.

Comment cette clause fonctionnerait-elle ?

Prenons l’exemple du quatrième paquet ferroviaire, qui nous impose la mise en concurrence du transport de voyageurs. On a bien vu que, dans le domaine du fret, ça a été catastrophique : la mise en concurrence a conduit à diviser par 2,5 le fret ferroviaire en France. Il en sera de même pour le transport de voyageurs. Nous, Français, pourrions dire que nous ne souhaitons pas mettre en concurrence notre transport de voyageurs dans le domaine ferroviaire. Concernant l’énergie, les prix ont augmenté de plus de 70 % depuis la directive de libéralisation de 1996. Si l’UE n’accepte pas que cohabitent en son sein des modèles économiques différents, elle explosera.

Cette clause ne constituerait-elle pas une entrave au principe de concurrence libre et non faussée ?

Non, puisqu’avec ce système nous ne privons personne de rien ! Mais cela suppose que nos entreprises publiques se concentrent sur leurs missions en France, que la SNCF, plutôt que d’aller investir dans tous les pays du monde, assume son cœur de mission. Ces services publics, hérités de 1945, fonctionnaient relativement bien, à la satisfaction des usagers – à l’époque on ne disait pas « clients ». Il faut avoir une drôle de conception du monde pour vouloir casser un système qui apportait une certaine satisfaction. C’est pourtant ce qu’on a fait ! Aujourd’hui, l’Union veut imposer par la force et partout son modèle économique, qui repose sur deux dogmes : l’austérité – la règle des 3 % – et la mise en concurrence de tout. On nous a présenté la construction européenne comme un moyen de se serrer les coudes, et on a aujourd’hui une Union dans laquelle on passe son temps à se tirer dans les pattes.

Faudra-t-il s’allier avec d’autres États pour permettre cet assouplissement des règles ?

Il faut accepter l’idée d’une Europe à géométrie choisie. Évidemment, je suis favorable à une harmonisation fiscale, à ce qu’il n’y ait plus, au sein de l’UE, de taux d’imposition sur les sociétés inférieurs à 25 %. Simplement, si on attend d’être 27 pour la mettre en place, on ne le fera jamais. Ceux qui disent « il faut être 27 » sont ceux qui, en fait, ne veulent rien, et ils savent pertinemment qu’on n’y arrivera pas. C’est pareil pour l’harmonisation sociale : on n’arrivera pas du jour au lendemain à un Smic identique dans l’ensemble des pays.

Y aura-t-il des lignes rouges à cette désobéissance ?

Tout est modulable dans le domaine économique et social. Sur la question des réfugiés, c’est différent. C’est peut-être impopulaire en France mais, si on ne fait rien, nous aurons honte. L’UE doit être unie sur l’accueil des réfugiés, et des sanctions doivent être appliquées aux pays qui s’y refusent, telles la Hongrie et la Pologne. La Pologne touche 12 milliards d’euros par an de l’Union européenne. Elle ne peut pas toucher l’argent d’une part et laisser les pays du Sud gérer seuls la question des réfugiés d’autre part. La solidarité, ça marche dans les deux sens.

Vous plaidez donc pour un retour en grâce des services publics, mais en proposez aussi un nouveau, dévolu à la rénovation énergétique et financé par la Banque centrale européenne.

En France, il y a chaque année 50 000 personnes qui meurent de la pollution ; en Europe, c’est 600 000 ! C’est un crime, mais un crime sans coupable. Dans l’Union européenne, quand on parle des pollueurs, on parle du salarié qui utilise son diesel pour aller au travail, mais pas des grands groupes, des grosses multinationales, ni des ménages les plus fortunés, qui polluent 40 % de plus que les plus pauvres. Et c’est aux plus pauvres qu’on explique qu’ils doivent changer de mode de vie !

Nous, communistes, proposons une fiscalité complètement revue qui favoriserait les modes de transport non polluants et pénaliserait lourdement les autres. Il n’est pas normal que le taux de TVA sur le train soit le même que sur l’avion. Et nous sommes favorables à un vaste plan d’investissement en faveur du ferroviaire et de la rénovation énergétique des bâtiments, financé par la BCE. Celle-ci, en dix ans, a versé 3 000 milliards d’euros aux banques privées en leur accordant des prêts avec un taux d’intérêt quasiment nul. C’est honteux !

Faut-il désobéir aux traités ?

Il faut s’affranchir de tous les traités qui renvoient à la politique économique européenne – pas ceux qui consacrent les droits de l’homme. Même Emmanuel Macron a fini par s’affranchir des 3 % à la suite du mouvement des gilets jaunes. Et ce n’est pas la première fois que ça arrive. Ni Sarkozy, ni Hollande, ni Macron n’ont véritablement joué le bras de fer avec l’Union européenne pour imposer d’autres logiques. François Hollande, qui avait promis de renégocier les traités budgétaires, s’est écrasé au bout de dix jours devant Angela Merkel. Si la France s’affranchissait des traités, je suis persuadé que personne n’irait la soumettre à quelque sanction économique que ce soit – nous sommes quand même la deuxième puissance économique de l’UE…

Il faut donc s’affranchir des traités, mais, ensuite, il faut mener un combat politique pour de nouveaux traités. D’abord, fixer le principe qu’aucun peuple ne doit être entraîné vers un chemin qu’il n’a pas choisi et permettre que des modèles économiques différents cohabitent – c’est mon mécanisme de veto social ; ensuite, fixer pour l’ensemble des pays des politiques sociales qui nous tirent vers le haut.

N’est-ce pas comparable à la stratégie « plan A-plan B » défendue par La France insoumise ?

Je ne suis pas favorable à une sortie de l’Union européenne. Les liens, les échanges entre pays de l’UE sont tellement forts qu’on n’en sort pas sans dégâts. L’expérience britannique le montre : les promesses des partisans du Brexit se heurtent aujourd’hui à la réalité. Quand on pense à la débauche de démagogie qu’on avait entendue à l’époque… Sortir de l’UE pose plus de problèmes que ça n’en règle. D’autant que l’expérience prouve que, quand on sort de l’UE, on ne sort pas du capitalisme. Mais le Brexit est un signal d’alarme : soit l’Europe change, soit l’Europe crève. Au-delà même du Royaume-Uni, les nationalismes montent partout : en Europe de l’Est d’abord, mais dans les pays fondateurs aussi.

L’abstention risque d’atteindre des sommets le 26 mai. Comment remobiliser les citoyens ?

Ça n’est pas évident. La parole des Français, comme celle des Européens, a été foulée aux pieds à de très nombreuses reprises. L’expérience de 2005 – et du « non » français au référendum européen – l’a prouvé. Les libéraux s’accommodent très bien d’une abstention élevée. Lorsque surviennent les élections européennes, les partisans de l’UE actuelle votent massivement, et ceux qui n’y sont pas favorables considèrent que ça n’est pas leur élection et restent chez eux. Le résultat, c’est que la grande majorité des eurodéputés défendent les orientations actuelles de l’UE.

Cependant, par endroits, les mobilisations sociales ont eu raison du dogme libéral de la Commission. Il en va ainsi de la directive sur les travailleurs de la route. La Commission avait élaboré, il y a un an, une directive très néfaste pour les conditions de travail des routiers. Il y a eu une mobilisation très forte des organisations syndicales et des euro-députés de notre groupe, la Gauche unitaire européenne (GUE). En dépit de ce rapport de force qui ne nous était pas favorable au départ, nous avons obtenu à deux reprises que la directive soit repoussée par le Parlement européen. Et, en fin de compte, le principe « à travail égal, salaire égal » a été retenu dans la directive adoptée au Parlement européen le 4 avril.

Comment s’extraire du duel imposé entre libéraux et extrême droite ?

Il est dans l’intérêt d’Emmanuel Macron de résumer le débat européen à un affrontement entre libéraux et « fachos ». « Les libéraux ou le chaos », prévient-il, et il se présente en sauveur. L’annonce de la candidature de Nathalie Loiseau à la tête de liste au moment où elle est assise en face de Marine Le Pen est très révélatrice de leur stratégie. Tout cela est à la fois périlleux et mensonger. Périlleux, parce que c’est une machine à fabriquer des « fachos » : les libéraux jettent dans les bras de l’extrême droite tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le libéralisme, avec la loi de l’argent.

Par ailleurs, cette opposition est factice. Sur la question des réfugiés, Macron est-il le rempart à l’extrême droite ? Qui a refusé d’accueillir les rescapés de l’Aquarius, d’accorder à ce bateau un pavillon français ? Qui mène actuellement une politique de chasse aux migrants particulièrement féroce ? Il n’est pas vrai non plus que l’extrême droite est antilibérale ou porteuse d’un progrès social quelconque : elle n’est favorable ni à l’augmentation du Smic ni au rétablissement de l’impôt sur la fortune. Au Parlement européen, le groupe de Marine Le Pen a voté pour la directive sur le secret des affaires, qui protège les multinationales contre les investigations des journalistes.

Marteler que le gouvernement est libéral et que l’extrême droite n’est pas sociale suffira-t-il à requinquer la gauche ?

Non. Il faut dire les choses franchement : une élection européenne ne suffira pas. La gauche ne s’est pas remise de la défaite de 2017. Et l’Europe n’est pas le sujet le plus facile pour lui permettre de se rassembler, parce que c’est un sujet qui nous divise depuis très longtemps. Le défi principal de la gauche, c’est de s’adresser à nouveau à ceux qui souffrent le plus des politiques libérales : les catégories populaires. Nous ne pouvons pas les laisser à l’extrême droite.

Dans quel groupe siégerez-vous si vous êtes élu ?

Le nôtre ! J’insiste sur ce point. Il n’y en aura pas d’autres. Et si certains pensent qu’on vit mieux divisés qu’unis, c’est leur problème. Dans notre cas, il y a un groupe qui s’appelle la GUE (1). C’est un très bel outil qui nous permet de porter des combats communs, le seul groupe qui s’est opposé à l’ensemble des traités européens, qui est aux avant-postes pour refuser les politiques d’austérité. Il faut donc le préserver comme la prunelle de nos yeux.

(1) Sur les 52 membres du groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, cinq sont français, dont deux membres du PCF. C’est aussi le groupe de Die Linke (Allemagne), Podemos (Espagne), Syriza (Grèce), Sinn Féin (Irlande), etc. Le Parlement européen compte 750 députés.

IB 2017

En septembre 2017, Ian Brossat était notre invité à la fête de l’Huma, pour un échange autour de son livre « L’espion et l’enfant ».

Ian Brossat : le communiste qui voulait être utile

Article paru dans l’hebdomadaire « Politis » du 11 avril 2019

Le Parisien Ian Brossat est doué pour les médias, où son style modernise l’image du PCF. S’il est apprécié des socialistes, il est en revanche honni par les insoumis…

Ian BrossatTu le connaissais, toi, le candidat des communistes ? » Au lendemain du débat sur France 2, qui a vu le 4 avril s’opposer pas moins de 12 candidats aux européennes, la tête de liste du PCF a fait sensation. « Si ne pas avoir accueilli l’Aquarius, c’est un modèle de fierté pour vous, nous ne devons pas avoir les mêmes valeurs », a-t-il lâché à la candidate macroniste, Nathalie Loiseau.

Si beaucoup de Français l’ont découvert ce soir-là, Ian Brossat, 38 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Et à Paris comme dans l’appareil du parti, il n’est pas un inconnu. Élu de la capitale depuis 2008, ce fils d’une sociologue et d’un professeur de philosophie l’assume : il est résolument parisien. Il a grandi entre les XIXe et XIVe arrondissements et a fait ses classes au prestigieux lycée Henri-IV – aux côtés d’un autre candidat, celui du PS et de Place publique, Raphaël Glucksmann. « Nous n’étions pas proches », précise-t-il cependant.

Alors que ses parents militent tous deux à la Ligue communiste révolutionnaire, Ian Brossat fait un autre choix. « En entrant au Parti communiste, j’ai fait un petit pas à droite de leur point de vue. Je partage les mêmes valeurs et la même révolte qu’eux, mais, à leur différence, j’assumais le fait d’être dans les institutions, car j’avais envie d’être utile », confiait-il au Journal du Grand Paris en 2015. Cette envie d’être « dans les institutions » le poussera, une fois agrégé de lettres modernes, à siéger au Conseil de Paris, en plus de ses trajets pour Sarcelles (Seine-Saint-Denis), où il enseigne le français et la littérature à des lycéens.

Aujourd’hui retiré de l’Éducation nationale, il a été nommé en 2014 par la maire de Paris au poste stratégique d’adjoint chargé du logement, de l’habitat durable et de l’hébergement d’urgence, où il a fait de la lutte contre Airbnb son cheval de bataille. « Il a senti très tôt que cette économie du partage, salutaire un temps, devenait néfaste pour la ville, confie un proche de la maire de Paris. Il a en quelque sorte été un lanceur d’alerte. » Doué pour les émissions de radio, les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, Ian Brossat sait y exprimer ses colères et mettre en lumière ses combats, et ne s’en prive pas. « Il sait dire simplement les choses compliquées sans éluder la complexité », vante Fabien Guillaud-Bataille, chef de la fédération PCF du Val-de-Marne. Nouvelle génération, nouveau genre, même militants… chez qui il suscite l’engouement. « Il est énergique, combatif et fait preuve d’une grande cohérence politique », renchérit Olivier Dartigolles, porte-parole du parti, qui confie : « Nous avons des retours très positifs. »

De son passage à l’émission de France 2, Ian Brossat n’a pourtant pas récolté que des éloges. Alors qu’il dénonçait l’impact des trajets en avion sur l’environnement et la trop faible taxation sur le kérosène, des photos postées sur son compte Instagram le montrait en vacances à Cuba, à New York… Paradoxe que des internautes n’ont pas manqué de relever – dans le jargon, on appelle ça un « bad buzz ». « Cette polémique, c’est la rançon de la gloire », sourit Olivier Dartigolles.

Mais d’autres polémiques guettent, et le fait d’être l’adjoint de la maire socialiste-mais-pas-si-de-gauche-que-ça Anne Hidalgo vaut à Ian Brossat des procès plus politiques. Attentiste ? Carriériste ? « Partout où l’on peut se rendre utiles et améliorer la vie des citoyens, on le fait », défend Fabien Guillaud-Bataille. Homme d’appareil, Ian Brossat a su faire plus que se rendre utile – « Il n’est pas dogmatique, pas sectaire, il travaille très bien », vante-t-on dans l’entourage d’Anne Hidalgo. Apprécié… mais pas de tous. Pourtant pas si éloignée des communistes sur le plan des idées politiques, l’élue insoumise de Paris Danielle Simonnet ne retient pas ses coups. « J’ai du mal à croire que quelqu’un qui a voté la contractualisation [droit de regard de l’État sur les finances des collectivités locales] de la ville de Paris puisse s’opposer à l’austérité européenne et à la règle d’or », explique-t-elle. Face à la Commission européenne, il faudra bien montrer les muscles. En cas d’échec ? Il restera toujours Paris…