Pour la gratuité des masques

L’appel de l’Humanité pour la gratuité des masques

masques gratuits 3Dans les jours qui viennent commence une nouvelle étape qui nous permettra peut-être de retrouver progressivement une part de liberté. Les trois semaines qui nous séparent du mois de juin correspondent à la phase d’incubation du virus ; il sera donc possible d’ici là d’avoir une évaluation sur l’évolution de l’épidémie, et surtout sur la possibilité d’une deuxième vague de Covid-19.

La prudence doit donc être de mise même si de nombreux facteurs montrent actuellement une diminution de son intensité. Dans ce contexte, il serait indispensable de continuer à protéger plus efficacement les personnels soignants, à multiplier les tests, et de rendre gratuits les masques de protection. C’est d’ailleurs un principe constitutionnel du droit à la santé, et du devoir de l’État de protéger les populations.

C’est le sens de la campagne lancée par L’Humanité pour obtenir la fourniture gratuite des masques aux citoyens. Car dans le contexte actuel les masques ne peuvent être considérés comme de simples marchandises qu’on étalerait aux caisses des supermarchés : ils représentent un moyen de protection collective et un outil de santé publique. En conséquence, ils doivent être gratuits. Certains pays européens l’ont déjà décidé. Des collectivités locales également. Pourquoi le gouvernement de la sixième puissance mondiale ne le pourrait-il pas ?

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masques gratuits

L’affaire des masques de protection devient le sparadrap rouge collant aux basques du pouvoir.

Il y eut d’abord ces mensonges en séries sur leur inutilité pour camoufler une pénurie qui n’a rien de naturelle. Celle-ci découle d’une part de la destruction de nos industries textiles considérées comme dépassées par les grands penseurs du libéralisme et leurs serviteurs au pouvoir depuis des décennies, et d’autre part des choix de réduction des crédits publics poussant au « zéro stock », également présenté comme le nec plus ultra de la modernité. Cette pénurie a mis en danger soignants comme patients. Elle est sans doute responsable de nombreuses contaminations et décès.

Puis au fil des semaines, le masque est devenu utile, indispensable même, alors que les soignants continuaient d’en manquer. Et le pouvoir souhaite désormais le rendre obligatoire dans les transports publics.

Depuis quelques jours, ce qui n’existait pas tombe par paquets de millions, mais sur les étals des supermarchés, comme produit d’appel pour attirer le chaland qui devra demain reprendre les transports en commun. Le scandale est encore plus gros quand on sait que cette opération a été annoncée tambour battant il y a huit jours dans un communiqué commun de la Fédération du commerce et de la distribution et de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, et présentée comme un haut fait d’armes. De qui se moque-t-on ? Une commission d’enquête parlementaire doit rapidement faire la clarté la plus nette sur une affaire qui a plus à voir avec le mercantilisme qu’avec la santé publique.

Les masques ne peuvent être des marchandises étalées aux caisses des supermarchés pour grossir le ticket de caisse, attirer et fidéliser les clients.  Ils sont un moyen de protection civile et collective, et un outil de santé publique. A ce titre, ils devraient être assurés, en lien avec les collectivités, par les services de la Sécurité civile. Si les travailleurs contraints de reprendre leur activité venaient à contracter le virus faute d’avoir pu accéder à des masques de protection, l’État serait comptable d’une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen nous rappelle que « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». Et, l’article 11 du préambule de la Constitution confirme bien ce « droit à la protection ». En conséquence, les masques doivent être gratuits.

Certains pays européens l’ont décidé. Des collectivités locales également. Pourquoi le gouvernement de la sixième puissance mondiale ne le pourrait-il pas ? Ce pays où l’argent des dividendes continue de couler à flot, ce pays où l’on peut en une nuit débloquer des milliards pour consolider des entreprises dont la trésorerie est loin d’être à sec. Pourquoi une famille de quatre personnes qui a déjà du mal à joindre les deux bouts doit encore alourdir ses dépenses du mois de 80 à 150 € pour assurer sa santé et celle des autres ? On nous dit que les prix des masques seront bloqués en deçà de 1 euro, soit peu ou prou leur prix de revient. Pourtant, plusieurs témoignages indiquent que non seulement ce prix est pour l’instant fictif, mais qu’en plus on trouvait en janvier des masques à seulement 8 centimes. Une prise en main par L’État imposant la gratuité couperait court à toute tentative de spéculation.

Réclamons partout et par tous les moyens la gratuité des masques. Il en va de l’intérêt public. Et, pour une fois, appuyons nous sur cette déclaration de Mme Agnès Buzyn le 29 janvier dernier : « si un jour nous devions proposer à telle ou telle population ou personne à risque de porter des masques, les autorités sanitaires distribueraient ces masques aux personnes qui en auront besoin » C’était certes pour cacher la pénurie. Mais, aux actes maintenant ! Lançons un grand mouvement pluraliste pour la gratuité des masques !

Pour le budget masque d’une famille il faut compter 200 euros par mois, estime Alain Bazot.

Tout le monde ne pourra pas s’offrir le masque arboré, mardi, par Emmanuel Macron dans une école des Yvelines. Fabriqué par la bonneterie Chanteclair, dans l’Aube, cette protection en tissu lavable est facturée 4,92 euros pièce. Très au-dessus du prix des masques chirurgicaux, plafonné à 95 centimes l’unité. Sauf que ces derniers ne sont pas réutilisables. « Avec un masque chirurgical, disons à 60 centimes d’euro, le budget pour une famille de quatre personnes peut s’élever à plus de 200 euros par mois », estime le président de l’UFC-Que choisir, Alain Bazot, qui réclame « une mise à disposition gratuite ou à vil prix » de ces masques dans les services publics, les écoles et les transports.

Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité

Cécile

Triste coïncidence : au moment même où nous évoquions ici la mémoire d’Henri Rol- Tanguy, à l’occasion du 75è anniversaire de la capitulation nazie de 1945, tombait la nouvelle de la disparition de Cécile Rol-Tanguy, à l’âge de 101 ans. Ci-dessous, l’hommage de Fabien Roussel. 

cécile rol tanguyCécile Rol-Tanguy était la mémoire de celles et ceux qui ont refusé la collaboration et ont combattu l’occupant nazi.

Le PCF perd une de ses grandes figures, une grande dame qui est restée engagée toute sa vie. A 101 ans, Cécile Rol-Tanguy nous quitte, entourée de sa famille, dans sa demeure de Monteaux  en Loir et Cher.

Avec elle disparaît une des dernières figures de la Résistance intérieure française et plus précisément de la Libération de Paris en août 1944.
Car Cécile Rol-Tanguy n’était pas que la femme du Colonel Rol Tanguy, présente à ses coté le 25 aout 1944 pour obtenir l’acte de reddition du général Von Sholtitz.

C’était aussi une militante de la paix, de la liberté, des droits des femmes s’opposant à toutes les formes d’intolérance.
Médaillée de la Résistance, Grand-Croix de l’Ordre national du Mérite, Grand Officier de la Légion d’Honneur, elle a mené de nombreuses batailles tout au long de sa vie. Elle était une femme d’écoute et d’échanges, jamais d’idées imposées.

Cécile Rol-Tanguy, née Marguerite Le Bihan le 10 avril 1919 à Royan, est la fille de François Le Bihan, syndicaliste, cofondateur du Parti communiste français (PCF), qui sera déporté à Auschwitz dans le convoi des 45000, et de Germaine Jaganet.

En 1936, elle s’engage au syndicat des métaux CGT d’Île-de-France. En 38 elle adhère au PCF. Elle milite à l’Union des Jeunes Filles de France et participe en même temps activement aux Comités d’aide à l’Espagne Républicaine, pour soutenir les Brigades internationales combattant le franquisme en Espagne.

Puis la guerre arrive. Dés le mois de juillet 1940, elle s’engage dans la Résistance et entre dans la clandestinité. Henri, son mari qu’elle a épousé un an plus tôt, la rejoint à Paris. Elle devient agent de liaison et il lui arrive de cacher des armes dans le landau de ses enfants.

Elle tape des tracts, des journaux syndicaux et autres documents illégaux de la CGT interdite et travaille pour les avocats communistes qui défendent les premiers emprisonnés du régime de Vichy.

C’est aussi, elle, qui va aider le Colonel Rol-Tanguy à rédiger l’appel à l’insurrection des Parisiens. Les combats victorieux de la Résistance parisienne amènent la Libération de la capitale le 25 août 1944.

Toute sa vie, elle a tenu à faire vivre la mémoire de la Résistance, celle de ses ami-es et camarades mort-es au combat.

Avec Lucie et Raymond Aubrac, Cécile et Henri Rol-Tanguy resteront comme les deux couples symboles de la Résistance intérieure française.

Ils auront été pour de nombreux communistes l’incarnation de la Résistance, la mémoire de celles et ceux qui ont refusé la collaboration et ont combattu l’occupant nazi. Cécile Rol Tanguy a instruit de nombreux militants et formé des dirigeants de notre parti. Jamais nous l’oublierons.

Tous les communistes de France sont tristes aujourd’hui. En leur nom, je tiens à adresser toute mon amitié à ses enfants, Hélène, Claire, Jean et Francis, sa famille, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord

Confinés mais pas démotivés !

La Fête du Travail et journée internationale des Travailleurs confinés mais pas démotivés

Un mot d’histoire

muguet 2020-11La Fête du Travail et journée internationale des Travailleurs telle qu’elle est célébrée de nos jours tire son origine des combats du mouvement ouvrier pour obtenir la journée de huit heures, à la fin du XIXe siècle.

Aux États-Unis, au cours de leur congrès de 1884, les syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils choisissent de lancer leur action le 1er mai, date du moving day parce que beaucoup d’entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable, et que les contrats ont leur terme ce jour-là, l’ouvrier devant déménager (d’où le terme de moving day) pour retrouver du travail. La grève générale du 1er mai 1886, impulsée par les anarchistes, est largement suivie. Ils sont environ 340 000 dans tout le pays.

À Chicago, la grève se prolonge dans certaines entreprises, et le 3 mai 1886, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester.

Le lendemain a lieu une marche de protestation et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.muguet 2020-12

C’est alors qu’une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait un mort dans les rangs de la police. Sept autres policiers sont tués dans la bagarre qui s’ensuit. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort (Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel, August Spies et Louis Lingg) ; quatre seront pendus le vendredi 11 novembre 1887 (connu depuis comme Black Friday ou « vendredi noir ») malgré l’inexistence de preuves, le dernier (Louis Lingg) s’étant suicidé dans sa cellule. Trois autres sont condamnés à perpétuité. Lors du procès, le procureur Julius Grinnel déclare dans sa plaidoirie :

muguet 2020-13« Nous savons que ces huit hommes ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivaient, mais ils ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs ; Messieurs du jury, faites d’eux un exemple, faites-les pendre, et vous sauverez nos institutions et notre société. »

En France :

En France, la loi no 46-828 du 26 avril 1946 fait du 1er mai 1946 un jour chômé et payé.

En avril 1947, sur proposition du député socialiste Daniel Mayer et avec le soutien du ministre communiste du Travail Ambroise Croizat, le 1er mai est réinstitué jour chômé et payé dans le code du travail, sans être une fête nationale (mais il n’est pas officiellement désigné comme fête du Travail). La loi no 48-746 du 29 avril 1948 fait du 1re mai un jour férié et chômé mais payé.

Ce n’est que le 29 avril 1948 qu’est officialisée la dénomination « fête du Travail » pour le 1er mai.

muguet 2020-14Aujourd’hui…

La déclaration du Président de la République a confirmé que nous serons toujours confinés le 1er mai.

L’activité traditionnelle du PCF lors du 1er mai est d’une grande importance politique et financière. L’enjeu politique est d’autant plus fort cette année que les droits des travailleurs.euses sont particulièrement attaqués par le pouvoir et le patronat dans cette période inédite de crise sanitaire et économique.

Pour rester dans des conditions les plus proches de ce que nous avions l’habitude de vivre, nous offrons ces quelques photos des ventes des années précédentes du muguet à Saint Gratien.

N’hésitez pas les relayer auprès de vos camarades et de vos ami-e-s pour que le plus grand nombre puisse avoir droit à son brin de bonheur en ces temps si particuliers et nécessitant solidarité, partage et humanité.muguet 2020-19

Une souscription est ouverte par voie postale au 9 rue d’Eaubonne (ou à déposer directement dans la boite aux lettres). L’argent collecté servira à financer les activités du PCF sur la commune (lettre des élu-e-s, photocopie, édition de matériel de communication, abonnement du blog sur sa plateforme, réservation de salles, etc.).

N’hésitez pas à partager à l’adresse de ce blog vos photos de brins de muguets, elles seront publiées.

S.B.

1er mai 2020

En fin de billet, notre concours « masqué.e.s pas muselé.e.s » continue !

Merci de vos photos !

muguet 2020

1er mai : ce n’est pas la fête du travail, mais la fête des droits des travailleurs ! Depuis 1890, cette date donne lieu à des manifestations pour les droits des salariés et marque la solidarité internationale aux quatre coins du monde. Et depuis des dizaines d’années, les communistes de Saint Gratien vous proposent leur muguet !

Cette année, rien ne sera comme d’habitude..muguet 2018 3

En 2020, c’est un 1er mai confiné, sans manifs ni vente militante de muguet ! Et pourtant, rarement le rôle des travailleurs et leur place dans notre société auront été autant visibles. Que ferions-nous, que serions-nous sans les vendeuses et caissières, sans les agriculteurs, sans les éboueurs, sans les livreurs, postiers, policiers… et bien sûr sans les travailleurs de la santé, médecins, infirmières, aides-soignantes ? Ce 1er Mai 2020 est sous le sceau de la crise sanitaire qui frappe le monde. Il révèle avec beaucoup de violence les inégalités, l’exploitation, la spoliation des droits des salariés… dans notre pays et à travers toute la planète.  

Certes, nous ne pouvons pas nous retrouver dans la rue, sur les trottoirs, au porte-à-porte,  pour manifester, mais nous pouvons continuer à utiliser les réseaux sociaux, les balcons… pour le faire.

Et plus que jamais, même virtuel, le brin de muguet, symbole de lutte, d’espoir, de bonheur, est d’actualité. Vous pouvez contribuer à la souscription exceptionnelle du 1er mai, pour permettre au PCF de mener ses actions, d’avancer ses propositions, tout au long de l’année.  

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Voici le programme du PCF pour ce 1er mai 2020. Avec le slogan «  MASQUÉ.E.S PAS MUSELÉ.E.S ! », dans les conditions spéciales du confinement et de la lutte contre le COVID-19, le PCF se mobilise pour défendre les droits des travailleurs et faire entendre la voix des salariés dans le pays. 

À cet effet, le PCF organise une série d’initiatives :

Jeudi 30 avril

17h30 : Table ronde en direct sur la page facebook du PCF : 1er mai, masqué.e.s mais pas muselé.e.s !

Avec Fabien Roussel, secrétaire national du PCF ; Delphine Bithorel, ouvrière – représentante CGT ; Christophe Prudhommme, médecin, porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France

Vendredi 1er mai 

Campagne de vente du muguet virtuel du PCF 

– Livraison de muguet aux personnels soignants

– Lancement de la mobilisation #MasquésPasMuselés 

Nous invitons l’ensemble des citoyen.ne.s à exprimer leurs revendications en utilisant le hashtag #MasquésPasMuselés et en affichant celles-ci sur les réseaux sociaux (Facebook, twitter, instagram…)

Banderoles à vos fenêtres, manifestations chez vous, slogans sous forme de selfies. On compte sur votre inventivité ! 

– Prise de parole de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, à 18 heures, à retrouver sur la page Facebook et le compte Youtube du PCF

Pour notre part, nous participons au concours « MASQUÉ.E.S PAS MUSELÉ.E.S » ! Nos premières productions ci-dessous ! Envoyez-nous les vôtres !

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Un plan dangereux

Fabien Roussel est interrogé par franceinfo.

Dé confinement : « Nous estimons que ce plan est dangereux » dit Fabien Roussel, secrétaire général du PC

Fabien-Roussel-nouveau-secretaire-national-Parti-communiste-francais_0_1398_1062Le chef du Parti communiste estime que le plan dévoilé par le Premier ministre est précipité et qu’il répond « aux besoins de la machine économique » plutôt qu’à un souhait « de créer les conditions de la sécurité pour tous ».

« Nous estimons que ce plan de dé confinement est dangereux » dit Fabien Roussel, secrétaire général du Parti communiste et député du Nord sur franceinfo, mardi 28 avril, après l’allocution du Premier ministre Édouard Philippe.

franceinfo : Est-ce que vous votez pour ce plan finement présenté par Édouard Philippe?

Fabien Roussel : Non. L’exercice était difficile parce qu’on a découvert ce plan de dé confinement à 15 heures, comme tout le monde, on ne l’a même pas eu en amont pour pouvoir l’étudier. Nous avons donc déterminé notre vote à l’écoute de ce plan et nous estimons que ce plan est dangereux. Le mot est lourd, mais il y a tellement d’approximations, d’incertitudes, de flou, que face à un tel virus, aussi dangereux, nous ne pouvons plus laisser place à tant d’incertitudes et d’approximations. Organiser un dé confinement est certainement plus difficile que d’organiser le confinement et pour permettre à chacun de vivre avec le virus, tant qu’on n’a pas de vaccin, il faut garantir des sécurités sanitaires pour tous. Avec le même accès à la sécurité sanitaire pour tous, sur tout le territoire, en France comme dans les Outre-mer. Et pour cela, il y avait plusieurs choses à prendre comme décisions et que nous attendions.

Nous demandions à ce qu’il y ait des moyens humains qui soient mis dans les écoles pour pouvoir organiser la reprise.

Par exemple, nous demandons à ce que chacun de nos concitoyens ait accès à un, voire deux ou trois masques gratuits à usage multiple et aux normes, c’est le minimum. À ce sujet, le Premier ministre n’a pas fait d’annonces précises sur la manière dont ça allait être organisé, ni sur le fait que ça allait être gratuit. Il a dit que ce serait accessible dans les pharmacies et au prix que décideront les pharmaciens. Nous demandions à ce que ces prix soient encadrés. Nous n’avons pas de réponse non plus là-dessus. Nous voulons la reprise de l’école, mais pas à cette date du 11 mai qui est trop précipitée. C’est pour cela que nous demandons à ce que le temps soit pris et on peut prendre quelques jours de plus pour organiser la rentrée et y mettre les moyens humains nécessaires.

Comment aurait-il fallu procéder pour cette rentrée ?

Elle se fait de manière très inégalitaire. On est en République quand même, on doit tous avoir accès à la même école et partout dans tout le territoire. Or, ce ne sera pas le cas et c’est sur la base du volontariat en plus. Quelle est la part du volontariat pour un salarié qui est au chômage partiel, qui touche un salaire partiel et qui n’aura pas d’autre choix que de mettre ses enfants à l’école, parce qu’il est obligé d’aller travailler. Il aura peur que le virus rentre à la maison le soir ! Et à l’inverse, ceux qui ne veulent pas mettre leurs enfants à l’école, est-ce qu’ils ont la possibilité, l’autorisation de les garder chez eux et donc de ne pas reprendre le travail sans être menacé de licenciement ou de perte de salaire ? Ces questions sont sans réponse. Ce n’est pas prévu, ce n’est pas organisé. Nous avons le sentiment que cette reprise est précipitée et qu’elle est plus soumise à des injonctions économiques, aux besoins de la machine économique plutôt qu’une réponse pour nos enfants, pour la continuité pédagogique, plutôt que de créer les conditions de la sécurité pour tous.

Combien ils seront à Renault Douai demain ? Là où il y a 3 000 salariés. Ils vont diviser les effectifs par trois pour produire les voitures ou ils vont leur demander de continuer à travailler les uns sur les autres sur les chaînes de montage ?

Il ne fallait pas faire repartir la machine économique ?

Cette question économique, elle est entendable. Personne ne dit qu’il faut continuer à bloquer l’économie encore pendant des semaines, des mois, jusqu’à ce que nous trouvions le vaccin. Et ce n’est pas ce que nous disons, nous, communistes. Pour nous, le travail, c’est la conquête de la dignité humaine. C’est le propre de l’homme et nous avons tous besoin d’avoir une place dans la société à travers le travail. Mais pas dans ces conditions-là. Aujourd’hui, le Premier ministre renvoie aux chefs d’entreprise le soin d’organiser la sécurité sanitaire au travail, alors que c’est ce même gouvernement qui a supprimé les CHSCT, alors que les salariés et les syndicats ont moins de pouvoir au sein des entreprises. Qui va vérifier les conditions sanitaires au travail ? Comment ça va être organisé ? Aujourd’hui à l’Assemblée nationale, nous sommes 75 et nous n’avons pas le droit d’être plus que 75 députés dans l’hémicycle au lieu de 577. C’est ça la réalité : comment nous organisons le travail différemment, les horaires de travail, les conditions de travail pour faire en sorte que la machine économique reparte, mais pas au prix de la vie. Pas en allant au travail la peur au ventre. Nous devons faire fonctionner notre pays, mais en créant des conditions de sécurité sanitaire pour tous et nous pensons que c’est possible. Les syndicats font eux mêmes des propositions pour retrouver le travail, mais dans des conditions garanties pour tous.

Est-ce que les collectivités ont les moyens réellement de s’occuper de toutes les modalités au cas par cas du dé confinement dans leur territoire ?

Mais non. Et ils le disent depuis plusieurs semaines et depuis que le président de la République a annoncé cette date du 11 mai. Tout le monde appelle à la concertation avec les élus locaux. Le président de la République et le Premier ministre l’ont entendu et ils ont écouté les élus locaux. Mais les élus locaux ont bien dit qu’ils n’avaient pas la capacité eux-mêmes d’apporter du personnel supplémentaire dans les écoles pour garder les enfants, puisque c’est ce qui leur est demandé. Quand on met 15 élèves par classe sur une classe de 35, il y aura 15 élèves avec un instituteur ou institutrice et pour les 15 autres élèves on demande aux élus locaux de trouver du personnel municipal pour les garder. Faire de l’activité sportive, de l’éducation civique. Mais comment ? Il est où ce personnel municipal ? On a supprimé les contrats aidés. Ce gouvernement a supprimé les contrats aidés. On a baissé les budgets des collectivités. Il y a une directrice d’école qui a dit dans un de mes villages, on me demande de faire de la garderie sans moyens supplémentaires. L’école, ce n’est pas ça. Pour créer les conditions pour que les enfants sortent de chez eux, il faut que l’on mette les moyens en face.

Lucien Sève

Le philosophe communiste Lucien Sève est mort lundi 23 mars à l’âge de 93 ans, des suites du Covid-19.

Ce penseur prolifique – auteur notamment de Marxisme et théorie de la personnalité (1969, Éditions sociales) ; Communisme : quel second souffle ? (1990, Messidor/Éditions sociales) ; ou encore la somme, restée inachevée, en plusieurs volumes Penser avec Marx aujourd’hui (2004-2019, La Dispute) –, fin connaisseur de l’œuvre de Karl Marx, a marqué durablement l’histoire des idées de son courant de pensée qu’il a largement contribué à renouveler, surtout à partir des années 1980.

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, lui a rendu hommage : « Lucien Sève, philosophe communiste, est décédé. Emporté par le coronavirus, celui qui a irrigué le PCF de ses réflexions jusqu’à la fin de sa vie, restera un intellectuel qui a fait vivre une pensée marxiste toujours d’actualité. »

En sa mémoire, cet article d’Yvon Quiniou, paru en mars 2019 sur le site de Mediapart.

lucien sèveUn film passionnant sur Lucien Sève

Un film passionnant sur le philosophe marxiste Lucien Sève vient d’être réalisé. Il évoque ses « trois vies », comme il dit, à savoir son enfance, sa présence à l’École de la rue d’Ulm, son passage de Sartre à Marx grâce à Althusser, puis les déboires que ses convictions communistes ont entraînés dans sa vie comme dans sa carrière. Mais il y a aussi une œuvre considérable, trop méconnue.

Voici une chose étonnante, à un double titre : un film sur un philosophe encore vivant et productif, Lucien Sève (seul Marcel Conche a bénéficié de cette faveur dans la dernière période), mais en plus sur un philosophe « marxiste » (= se réclamant de Marx) dont la particularité est d’être ignoré – j’entends : censuré – par la plupart des médias français tant ceux-ci sont au service de l’idéologie néo-libérale dominante, qu’il le sachent et le veuillent ou pas. Cet étonnement s’accroît encore plus quand on prend conscience de l’importance quantitative et qualitative de son œuvre, qui a commencé avec son livre Marxisme et théorie de la personnalité (1969), qui a connu une diffusion internationale considérable (il vient même d’être réédité en Argentine), qui s’est poursuivie avec une réflexion constante sur ce que pourrait être une philosophie disons s’inspirant de Marx, pour le prolonger, l’approfondir et témoigner de son actualité par-delà le  naufrage qu’a constitué l’expérience soviétique, en opposition directe avec les enseignements de l’auteur du Capital. Avec, pour la dernière période d’au moins dix ans, un renouvellement assez important de sa pensée dans une trilogie de trois ouvrages substantiels sous l’égide de Penser avec Marx aujourd’hui, comportant Marx et nous, « L’homme » ? et « La philosophie » ?, qui sera suivie d’un quatrième livre « Le communisme » ?, en préparation. Et l’on remarquera que ces titres mettent entre guillemets des termes connus et sont suivis d’un point d’interrogation, manière de suggérer d’emblée qu’il questionne, s’interroge et ne se contente pas d’affirmer dogmatiquement. Bref, il est en recherche et il faut suivre cette recherche iconoclaste par rapport à ce qui se publie aujourd’hui, même si l’on n’est pas d’accord avec toutes ses conclusions.

Pourtant, l’intérêt de ce film ne se résume pas à l’évocation « abstraite », quoique dialoguée, de sa pensée. Il est en réalité passionnant parce qu’il évoque la vie d’un philosophe et, plus précisément ses trois « vies » successives, avec ses états psychologiques différents et des anecdotes, drôles ou éprouvantes. Il a eu une enfance heureuse, ce qui peut expliquer son équilibre et son dynamisme, avec des parents aimants et engagés politiquement à gauche, spécialement dans le combat laïc. Un détail amusant : enfant, ne pouvant aller à l’école et voyant que son frère aîné y allait, il se mit à hurler et à cogner sur la porte de son habitation, comme si la soif de savoir était déjà là en lui. On le retrouva endormi contre cette porte ! Ses succès scolaires l’entraînèrent jusqu’à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, mais la préparation du concours avait été tellement fatigante que ses deux premières années à l’École il les passa à voir des films et à tenter d’écrire dans divers registres, dont celui de la poésie. L’on retiendra ses impressions très négatives sur cette École : non à cause de son enseignement, de qualité, mais à cause de sa fréquentation par les enfants d’une bourgeoisie privilégiée dont les défauts humains et mondains l’irritèrent au plus haut point. Mais il y avait une cellule communiste, qui l’attirait bien qu’il la trouvât un peu « stalinienne », et surtout il y avait Louis Althusser, dont il suivit les cours et devint l’ami : c’est ce qui le fit basculer de Sartre à Marx, définitivement, comme il le dira. Comment se passa son agrégation, pour lui le brillant sujet ? Ce qu’il en raconte vaut, si j’ose dire, le détour de ce film… comme ce qu’il s’en suivit.

Reçu au petit oral qui conditionnait l’accès au grand oral, il dut traiter de la croyance. Et son exposé irréligieux suscita la colère du jury, alors qu’il n’était pas là pour juger une orientation mais la qualité philosophique de son argumentation, et Sève était donc destiné à être collé. Mais une aide extérieure intervint, qui convainquit ce même jury de l’entendre au grand oral avant de le coller. Or son exposé de qualité, sur un sujet spinoziste « neutre », lui permit d’être reçu : quelle époque ! En tout cas, son allure vestimentaire « mondaine » acceptable lui valut d’être nommé au consulat de Bruxelles… sur une base pour le moins curieuse ! Et dans ce cadre, un nouvel incident, mais pire, intervint : patatras ! On lui proposa un cycle de conférences qui déplut fortement à la bourgeoisie de la ville parce qu’il se fit  alors l’avocat de Marx contre Sartre. Conséquence qu’on a de la peine à imaginer aujourd’hui : il fut limogé de son poste, nommé dans une petite ville, Chaumont, et menacé à terme de radiation de l’enseignement (ce qui eût été parfaitement illégal). Du coup, il anticipa son service militaire pour échapper à cette conclusion, (on ne peut radier un professeur absent !) et partit en Algérie où on l’affectât à un poste très pénible et dangereux, puis dans un bataillon de combat tout aussi dangereux. Et tout cela en guise de représailles pour ses convictions communistes et son appartenance désormais au PC. Je laisse l’auditeur-spectateur de ce film découvrir ses conditions de vie désastreuses et comment il en réchappât au final. Tout cela est édifiant.

Comme fut édifiant sa nomination, ensuite, non à Bordeaux, mais dans un petit lycée de sa périphérie, à Talence. Il avait déjà dans son dossier un rapport d’inspection négatif de G. Canguilhem, excellent épistémologue mais inspecteur abominable, capable de casser une carrière par hostilité idéologique. Heureusement, il s’en sortit bien car il savait enseigner et ce malgré la réputation sulfureuse qu’il avait à l’extérieur : des élèves mal intentionnés rapportaient certains de ses propos en surdéterminant politiquement leur signification… ce qui m’est arrivé aussi à moi ! En tout cas les choses rentrèrent dans l’ordre quand une bonne inspection, honnête intellectuellement, annula la précédente. Il put alors se faire nommer à Marseille et c’est là que son militantisme s’affirma et qu’il se mit pourtant à écrire beaucoup. Il accepta  d’être élu au Comité central du PC, il prit la direction des Éditions sociales, ce qui était une tâche écrasante mais qui ne l’empêcha pas de collaborer à diverses revues comme la Nouvelle critique, d’approfondir sa conception de ce qu’il appelait encore à l’époque « La philosophie marxiste » (il renonça par la suite à cette expression, on l’a vu). Mais surtout, tout en étant d’une fidélité assumée à l’extérieur, il s’engagea de plus en plus dans un combat interne pour une « refondation » du communisme et de son parti, mais qu’il manifestait aussi dans des ouvrages politiques, fût-ce à mots couverts ou prudents, avec un forme de fascination pour Lénine qu’il opposait radicalement à Staline. La suite on la connaît davantage : ses rapports compliqués avec la hiérarchie du Parti, ses amitiés fortes dont celle pour Althusser alors qu’il s’éloignait pourtant de plus en plus de ses positions philosophiques, le travail de traductrice de sa femme grâce à qui il put faire traduire et éditer en France les œuvres de Vygotski, ce grand théoricien de la psychologie et de l’art, scandaleusement passé sous silence dans notre pays. Mais son intérêt pour lui atteste de l’importance qu’il a toujours accordé au problème de la personnalité individuelle et donc de la psychologie au sein du marxisme : l’homme est aussi un « je » actif, quels que soient les influences sociales qu’il subit et intériorise.

Je laisse de côté sa troisième « vie », philosophique essentiellement, puisque je l’ai évoquée d’emblée et qu’elle dure encore, avec cette idée qu’il défend avec pertinence : nous sommes à une époque où la retraite peut ne pas être un vieillissement précoce et ennuyeux, sans activité enrichissante. Ce peut être, au contraire, un véritable « vie », la troisième donc. Ce film réalisé par Marcel Rodriguez, vivant, voire drôle et même en chansons parfois, soutenu par la Fondation Gabriel Péri, en est un très beau témoignage. On aimerait donc que les médias en parlent et cessent d’occulter tout ce qui peut déranger leur confort idéologique et politique, ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle ! Mais, comme je l’ai indiqué ici même, confondant (comme les communistes de l’époque d’ailleurs) le « marxisme de Marx » et celui de ses continuateurs avec ce qui s’est fait en son nom dans les « pays de l’Est », qui n’en était qu’une trahison, on a l’impression que, pour eux, le marxisme n’existe pas ou est mort et que seules existent les pensées molles de notre temps. Ils risquent fort d’être surpris par le « réveil de la taupe » et ils feraient mieux de l’anticiper ! Ce serait un signe d’intelligence.

                                                                     Yvon Quiniou 

Les 3 vies de Lucien Sève, philosophe. Un film de Marcel Rodriguez. Avec l’appui de la Fondation Gabriel Péri.

Communisme municipal

Lu dans « Le courrier des maires et des élus locaux »

Municipales 2020

A l’approche des élections, le communisme municipal cherche à se « réinventer », par Olivier Schneid

Alors que le paysage politique français a subi le chamboulement du macronisme naissant il y a trois ans, les élections municipales des 15 et 22 mars devraient signifier le retour en force des partis de « l’ancien monde ». Parmi eux, le PCF, de plus en plus menacé en milieu urbain, cherchera son salut dans sa forte implantation rurale.

Le communisme municipal en 2020 en France, ce sont 661 maires et environ 6 700 élus, selon les chiffres de l’Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR). Tous ne sont « pas nécessairement encartés, mais ils se considèrent dans la mouvance », précise un membre de la commission élections du PCF, Yann Le Pollotec. Ces mairies se situent dans 80 départements et elles recouvrent une population de près de trois millions de personnes. Ce sont des communes urbaines et rurales, de tailles très diverses – la plus grande, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), compte 111 135 habitants ; la plus petite, Oreilla (Pyrénées-Orientales), 23.

« Avec plus de mairies communistes, on n’aurait peut-être pas eu la crise des Gilets jaunes »

« Nous ne les garderons peut-être pas toutes, mais la majorité restera chez nous, prédit Yann Le Pollotec. Nous en gagnerons de nouvelles. Il y aura des chassés-croisés. Et le solde sera positif, en nombre d’élus et de collectivités. » Il fonde son pari sur l’adéquation entre le projet porté par son parti au niveau local et les attentes qu’il perçoit de la population : des services publics et de la démocratie participative. Deux fondements de ce communisme municipal, né dans les années 20. « S’il y avait eu plus de mairies communistes dans ce pays, on n’aurait peut-être pas eu la crise des Gilets jaunes », assure-t-il. « Les équipements publics que nous mettions en place il y a des dizaines d’années, alors vus comme ringards, sont aujourd’hui considérés comme des solutions d’avenir, comme les centres de santé avec des médecins salariés (pour faire face aux déserts médicaux) », avait, dans le même esprit, déclaré le président de l’ANECR, Ian Brossat, en octobre 2019. « Ce sont aussi les villes à direction communiste qui ont mené les premières pratiques de démocratie participative », ajoutait-il.

En rouge et vert

« On ne veut pas pérenniser mais réinventer le communisme municipal », proclame Yann Le Pollotec. En vantant un projet « moderne ». Pour illustrer des municipalités communistes « dans l’air du temps », il évoque des programmes alternatifs de livraison à vélo ou de mise en relation de voyageurs, concurrents de plateformes comme Deliveroo et Airbnb, en l’occurrence Coopcycle et les Oiseaux de passage qui fonctionnent sur un mode coopératif.

Et, par conviction, mais parfois aussi faute d’alliés, de plus en plus de maires constituent des listes en partie citoyennes. Interrogé sur le virage écologique récent du PCF, qualifié par certains de circonstance, alors qu’une image productiviste lui colle toujours à la peau, il proteste : « On avait déjà de fortes préoccupations écologiques, mais on ne les mettait pas en avant. Et on n’est plus dans la logique productiviste qui a prévalu jusqu’aux années 80. » « Le PCF veut conjuguer rouge et vert », comme l’a titré le quotidien L’Humanité en novembre 2019. Mais les faits sont têtus.

« Dilemme tragique »

« Depuis les élections municipales de 1983, le PCF perd à chaque échéance plus de communes qu’il n’en gagne, constate ainsi le politiste David Gouard, chercheur à l’université de Toulouse. Ce déclin est plus ou moins fort, mais il n’a jamais été enrayé. Je pense que ce sera encore le cas cette fois, même si les pertes seront moins importantes. »

« Les maires communistes sont confrontés à une équation qui rend leur position particulièrement fragile aujourd’hui », renchérit un autre chercheur en sciences politiques, basé, lui, à Saint-Etienne, Stéphane Cadiou. Il y voit un « dilemme tragique ». « Si l’élu veut changer l’image de sa ville, ‘‘monter en gamme’’ en termes de population, il s’expose à l’arrivée d’habitants pouvant avoir des affinités avec un autre courant politique, détaille-t-il. Si, au contraire, il cultive l’image d’une ville du logement social, il risque de perdre une partie de son électorat traditionnel, les couches populaires étant celles qui s’abstiennent le plus. »

Un glissement inexorable

Le premier cas de figure, David Gouard l’a observé dans des « banlieues rouges » d’Île-de-France. Comme Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Le phénomène de gentrification y a eu un impact, lent mais régulier, sur les résultats électoraux. Et contraint le maire à « laisser, scrutin après scrutin, plus de place aux autres composantes de la gauche », observe-t-il. Le coup fatal pourrait être porté en mars 2020, le PCF étant fortement menacé dans ce fief emblématique, détenu depuis 1925. Philippe Bouyssou devra affronter au premier tour une liste EELV-LFI-PS, conduite par l’écologiste Sabrina Sebaihi.

L’autre cas d’école est Givors. Cette commune de la métropole de Lyon, détenue depuis 1953 par le PCF, pourrait être remportée par le Rassemblement national (RN), « qui en a fait une cible », précise Stéphane Cadiou. Le résultat devrait se jouer « sur une triangulaire et dans un mouchoir de poche, poursuit-il. Si le PCF perd le contrôle de cette ville populaire, ce sera en raison d’une forte abstention dans son socle électoral. Et non d’un transfert de voix. » « On a longtemps considéré, à tort, simplement parce que c’était concomitant, que le déclin du PCF et la montée du Front national (FN) dans les années 80/90 résultaient d’un jeu de vases communicants, complète-t-il. Mais les études ont montré que, s’il y a eu des mouvements de l’un vers l’autre, ils se sont le plus souvent opérés par étapes, en empruntant d’autres voies avant d’arriver au FN, et n’ont de toute façon jamais été massifs. »

Qui se rassemble ne se ressemble pas toujours

La perte d’influence du communisme municipal peut aussi s’expliquer par le développement des intercommunalités, notent les deux chercheurs. Dans les Alpes-Maritimes, des mairies communistes se sont regroupées en communautés de communes pour conserver leurs spécificités et « se protéger » face à la montée en puissance de la grande ville, Nice. L’une, les Pays des Paillons, est demeurée indépendante, mais pour combien de temps ? L’autre, Les Coteaux d’Azur, a fini par fusionner dans la Métropole. Dans le Val-de-Marne, Choisy-le-Roi, Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine, toutes PCF, ont constitué la Communauté d’agglomération Seine-Amont… qui a dû se dissoudre dans la Métropole du Grand Paris, présidée par le maire LR de Rueil-Malmaison Patrick Ollier. Et, dans une intercommunalité, l’élu communiste « doit composer avec ses homologues, accepter des compromis et mettre en œuvre des politiques auxquelles il n’adhère pas nécessairement », relève Stéphane Cadiou. Avec pour conséquence, une perte d’identité.

Précieux ancrage rural

Dans ce chassé-croisé envisagé par Yann Le Pollotec, des villes sont en danger. Et l’ex-conseiller municipal délégué du Blanc-Mesnil sait de quoi il parle, la commune ayant été détenue par le PCF… de 1935 à 2014 ! Ainsi, Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), un autre symbole de l’implantation du communisme, en l’espèce, en relation avec son histoire cheminote. Dirigée par le PCF depuis près d’un siècle, elle pourrait ne pas résister au départ de sa maire, Marie-France-Beaufils, régulièrement réélue, comme ses prédécesseurs, dès le premier tour, et qui ne se représente pas. D’autres peuvent être regagnées, estime-t-il. Comme Bobigny (Seine-Saint-Denis), perdue en 2014 après 94 ans de direction communiste.

Mais le PCF devra sans doute avant tout miser sur son ancrage rural pour conserver des positions. Plus des deux-tiers des communes qu’il dirige comptent moins de 3 000 habitants et près de la moitié en ont moins d’un millier. Le communisme s’y est implanté « par le biais d’amicales, de comités des fêtes, à travers le monde des chasseurs, indique Stéphane Cadiou. C’est un autre type de solidarité et de sociabilité qu’en milieu urbain. » Ces localités étant « moins soumises à des transformations démographiques, cela lui donne plus de chances de s’y maintenir », remarque David Gouard.

Cet enracinement dans le monde rural est précieux à un autre titre. Le contingent d’élus locaux qui en découle offre au PCF une représentation surdimensionnée, au regard de son audience nationale, au Sénat, ce qui lui a permis de former un groupe parlementaire. Il est aussi en capacité de parrainer des candidats à l’élection présidentielle. Deux bonnes raisons supplémentaires pour lui d’accorder une attention extrême au scrutin des 15 et 22 mars 2020. 

Un système de retraites révolutionnaire

Retraites : Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, expose la réforme alternative des communistes. Il demande au gouvernement de l’examiner et invite la gauche à en discuter le 11 décembre.

Fabien Roussel est interrogé  par Julia Hamlaoui, pour l’Humanité, le lundi 25 Novembre 2019

Vous appelez à la mobilisation du 5 décembre, quels sont vos griefs contre la réforme des retraites du gouvernement ?

Fabien RousselFabien Roussel De la dizaine de réformes conduites en trente ans, celle-là est certainement la pire. Elle casse complètement le système de solidarité et impliquera pour tous de travailler plus. Avec ce système où le montant des pensions ne serait pas défini à l’avance puisque la valeur du point pourrait varier d’une année sur l’autre, le gouvernement veut nous pousser à souscrire à des retraites par capitalisation. C’est le cœur de cette réforme : casser notre modèle pour orienter les Français vers des assurances privées.

Vous organisez un meeting à Saint-Denis le 11 décembre avec l’objectif de ne pas en rester à la contestation de cette réforme. Pourquoi un contre-projet vous paraît-il indispensable ?

Fabien Roussel On ne peut pas en rester au statu quo quand un tiers des retraités ont une pension inférieure à 1 000 euros et qu’en moyenne les pensions correspondent à 50-55 % du dernier salaire. Le 11 décembre, nous proposons d’en discuter avec les forces syndicales et politiques de gauche et écologistes pour voir tout ce que nous avons en commun et pouvoir dire « si demain nous sommes au gouvernement voilà ce à quoi nous nous engageons ». Adrien Quatennens, de la France insoumise, Olivier Faure, du PS, les écologistes nous ont déjà assurés de leur présence comme des organisations syndicales. Nous attendons d’autres confirmations. Nous, PCF, mettons sur la table notre propre réforme des retraites et demandons au gouvernement de l’étudier.

Votre Conseil national a validé ce week-end votre projet de réforme. Vous proposez un régime « unifié » et plus simple, quels droits ouvrirait-il pour tous ?

Fabien Roussel Le gouvernement martèle que l’existence de 42 régimes crée des injustices. Mais ceux qui subissent l’injustice sont ceux qui n’ont pas un régime leur permettant de partir à 55 ans quand les travaux sont pénibles ou à 60 ans avec une pension suffisante et garantie. Nous voulons, nous, un régime unifié par le haut. La France produit suffisamment de richesses pour cela.

Comment proposez-vous de pérenniser le système par répartition alors que la durée de vie augmente ?

Fabien Roussel Le gouvernement ne cesse de répéter que nous sommes passés de 4 actifs pour 1 retraité à 2 pour 1. Or, dans le même temps, entre 1960 et 2000, le PIB a été multiplié par 4. Selon les projections disponibles, la production de richesses doublera presque d’ici à 2040. Pour pérenniser le système solidaire par répartition, il faut augmenter la part de richesses que nous y consacrons. Le gouvernement veut plafonner ce financement à 14 % du PIB, nous pensons qu’il faut le porter à 17 %. Mais, outre la répartition des richesses, il faut changer leur mode de production. Le système de retraites que nous proposons, par son financement, est révolutionnaire. Il permet non seulement de répondre à l’allongement de la durée de la vie mais propose un nouveau modèle économique respectueux des salariés et de la planète grâce à une modulation des cotisations.

Comment fonctionnerait un tel système ?

Fabien Roussel Les aides publiques sans contrepartie, comme le Cice et toutes les exonérations de cotisations, qui nous coûtent 66 milliards par an, seraient supprimées pour que les cotisations financent bel et bien le système de retraites. Celles-ci seraient alourdies pour les entreprises qui délocalisent, embauchent des intérimaires au lieu de CDI, ne forment pas leurs salariés ou ne respectent pas les objectifs environnementaux. Au contraire, celles qui répondent aux objectifs écologiques et sociaux cotiseraient normalement mais seraient accompagnées dans leurs investissements par des prêts à taux 0 %. Nous estimons qu’en cinq ans 50 à 70 milliards d’euros peuvent ainsi être apportés au financement de notre système de retraites. Mais c’est aussi l’un des leviers pour changer notre modèle économique : Emmanuel Macron a fait la leçon aux ouvriers de Whirlpool à Amiens vendredi, c’est indécent, alors qu’il a fait la preuve de l’incapacité du capitalisme à répondre à l’impératif social et écologique de la relocalisation de la production.

Quels autres leviers de financement défendez-vous ?

Fabien Roussel Les revenus financiers – 298,8 milliards d’euros en 2018 – doivent contribuer au même taux que les cotisations employeurs, soit 10,45 %. L’égalité salariale femmes-hommes apporterait 6 milliards d’euros à la caisse des retraites : avec une loi contraignante, l’objectif peut être atteint en deux ans. Enfin, il y a la hausse des salaires. Nous demandons au premier ministre d’organiser une conférence sociale salariale pour qu’à la date du 1er janvier le Smic augmente de 20 %. C’est réparer une injustice, et apporter de nouvelles ressources pour les retraites. À ce sujet, on ne peut que se réjouir de voir que d’autres forces, y compris des députés de la majorité, trouvent désormais légitime une meilleure répartition de la richesse créée en faveur du travail.

Ce rendez-vous du 11 décembre est-il pour vous la première pierre d’un rassemblement appelé à dépasser la question des retraites ?

Fabien Roussel Ma première préoccupation est d’essayer d’unifier le monde du travail, que le gouvernement fait tout pour diviser, comme avec le débat sur l’immigration ces dernières semaines. Salariés du public « privilégiés » contre ceux du privé, usagers du train contre cheminots, ceux qui touchent le Smic contre allocataires du RSA, travailleurs contre chômeurs… Nous subissons tous en réalité les mêmes maux, ceux d’un régime capitaliste qui pompe nos richesses. Le rôle du Parti communiste doit être de ressouder la classe de ceux qui vivent de leur travail, de l’université à la retraite. Évidemment, si nous sommes plusieurs à gauche à dire que c’est possible, nous serons plus audibles.

La gauche peut-elle y travailler de concert dans un contexte où pour les élections municipales elle se présente souvent en ordre dispersé ?

Fabien Roussel Dans 90 % des cas nous sommes unis avec d’autres forces de gauche et écologistes. Nous faisons tout pour élargir ces rassemblements sur la base de projets locaux décidés avec les habitants. L’union est notre ambition, c’est compliqué, c’est aussi un combat. Les discussions se poursuivent mais je regrette que des forces politiques qui ont déjà en ligne de mire la présidentielle ne fassent pas le choix du rassemblement aux élections municipales.

Emmanuel Macron et Édouard Philippe essaient ces derniers jours de déminer le terrain, comme avec le plan Buzyn. Alors que les luttes sociales ont eu ces dernières années du mal à obtenir gain de cause, est-on à un point de bascule du quinquennat ?

Fabien Roussel C’est possible. Sur l’hôpital, le gouvernement ne prend toujours pas la mesure des difficultés et n’y répond que partiellement en tentant de diviser les soignants pour qu’ils n’appellent pas à manifester le 5 décembre. C’est petit, méprisant, et sans doute le signe de leurs craintes. Sur les retraites, pour désamorcer la mobilisation, il prétend ouvrir la discussion mais uniquement sur la base de son système par points : il n’y a pas de dialogue. Au-delà des seules retraites, la vie chère mine le moral des ménages et plombe leur porte-monnaie.

Le 5 décembre, ce sont aussi ces questions qui sont à l’ordre du jour. D’ailleurs, les gilets jaunes appellent à manifester. Quant à la gauche, sa responsabilité est immense. Dans une société si fracturée, l’insurrection peut être chaotique. Faute d’offrir une perspective progressiste, c’est l’extrême droite, le fascisme, qui peut être perçue comme l’alternative. À nous, forces de gauche, de travailler main dans la main avec les syndicats, les citoyennes et citoyens qui se mobilisent pour gagner de nouvelles avancées sociales dignes de notre siècle.

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