Comme tou.tes les Gratiennois.e.s, je reçois dans ma boîte une lettre du maire nous alertant sur la situation de la commune, confrontée comme toutes les autres, à une explosion des prix de l’énergie. Les conséquences risquent d’ être douloureuses pour les habitant.e.s.
Quelques remarques sur ce courrier.
Les décisions gouvernementales imposées aux collectivités territoriales ont déjà beaucoup affecté leurs budgets, souligne tout d’abord notre édile. On est d’accord ! Les gouvernements successifs, que ce soient ceux de N. Sarkozy, de F. Hollande ou d’E. Macron ont tous fortement mis à mal les recettes des collectivités. Baisse drastique des subventions et notamment de la DGF, mais aussi suppression de la taxe d’habitation après celle de la taxe professionnelle, ont quasi anéanti l’autonomie budgétaire des collectivités, à présent dépendantes des compensations d’État, fort aléatoires comme on le sait. Le contraire de la décentralisation, en somme. Cela va continuer avec la disparition annoncée de la CVAE, contribution des entreprises, dernière taxe reliée au territoire. Seule subsiste maintenant la taxe foncière.
On s’étonne donc un peu de cette critique, venant d’un élu de la même sensibilité politique qu’un Président de la République qui a contribué à l’affaiblissement budgétaire de notre commune.
« Nous cherchons toutes les pistes d’économies possibles » sans faire « peser trop fortement toutes ces augmentations sur le taux d’imposition des habitants». C’est dit avec beaucoup de délicatesse, mais on a tous compris que notre taxe foncière allait augmenter en 2023. La seule question est : de combien ?
Ce que ne nous dit pas le maire, c’est que vont augmenter aussi, et assez fortement sans doute, les tarifs des services publics locaux, notamment les tarifs des prestations périscolaires. En effet, les entreprises de restauration collective demandent à cor et à cri la révision des prix. Sogérès, à laquelle la ville a confié la gestion des cantines scolaires, ne manquera pas de demander une augmentation des tarifs puisqu’elle subit également les hausses de l’énergie et des matières premières. La seule question est : de combien ? Les négociations s’engagent la semaine prochaine. Rappelons que Saint Gratien a déjà les prix de repas parmi les plus chers, voire les plus chers du département. Une nouvelle augmentation, après celles récurrentes de + 3 % connues ces dernières années, ne manqueront pas de mettre en difficulté nombre de familles. + 3% chaque année, y compris celles où l’inflation était quasi nulle ! Pour mémoire, nous nous sommes exprimés sur ce sujet à de nombreuses reprises, voir ici par exemple.
Le maire vante ensuite sa politique dans le domaine environnemental. La ville aurait investi dans les énergies renouvelables, panneaux photovoltaïques, installation d’ampoules LED pour l’éclairage public et le parking P1. On apprend au passage que si le stationnement payant a été délégué à la société Effia, l’éclairage du P1 reste à la charge de la ville…
Petite précision : les panneaux photovoltaïques seront, futur, installés sur la toiture de la salle d’armes au cours des travaux de rénovation. Et seulement sur cet équipement… Nous suggérons depuis de nombreuses années l’implantation de ces dispositifs sur les toits des bâtiments communaux, voire sur les immeubles d’habitation comme cela se fait dans des villes voisines. Tout arrive donc. Mais au compte-gouttes.
Quant aux LED, si elles sont déjà installées dans les bâtiments communaux, elles le sont bien peu en ce qui concerne l’éclairage public : 150 LED sur 3 300 points lumineux… soit 4,5%. Un bémol sur ces nouvelles lampes : si elles sont effectivement très économiques par rapport aux lampes à sodium, des études montrent qu’elles sont aussi beaucoup plus nuisibles pour la biodiversité, importante y compris en zone urbaine dense… on reviendra sur ce sujet.
Concernant l’éclairage public, le maire nous annonce qu’il connaîtra une nouvelle baisse d’intensité de 20% entre 23h et 6h30. Tiens ! Pourtant il nous affirmait il y a peu que l’éclairage public ne coûtait pas grand-chose et qu’il était inutile d’y chercher des économies… Je reste convaincue qu’une extinction totale entre 1h et 5h du matin comme le pratiquent des villes voisines serait préférable. Cela apporterait davantage d’économies qu’une simple diminution de l’intensité, et cela serait couplé à une mesure écologique importante, puisqu’on sait que l’éclairage public est responsable de la disparition massive des insectes et perturbe en profondeur la faune, la flore… et le sommeil des humains.
L’extinction serait synonyme d’augmentation de la délinquance ? Et bien non, cela ne se constate pas dans les 40% de communes de France qui ont choisi d’éteindre leurs lampadaires une partie de la nuit. Au contraire, de la même manière que les routes obscures ne sont pas plus accidentogènes que les autres mais moins, les rues non éclairées connaîtraient moins de rassemblements et pas davantage de délits. Voire moins… c’est à lire ici.
Ce qui augmente avec l’extinction de l’éclairage, c’est le sentiment d’insécurité, une peur ancestrale du noir peut-être ? Le fait est que la plupart de nos rues sont désertes bien avant minuit, plus de cafés, de restaurants, de cinéma, ni de trains… et qu’on y éclaire donc pour rien. Un sujet sur lequel nous reviendrons aussi.
Ouf, nous sommes rassurés par le paragraphe suivant de la lettre du maire : marché et illuminations de Noël sont saufs !
Par contre, inquiétude pour les sportif.ves qui devront supporter 15° dans les gymnases… il faudra pratiquer intensivement !
Le maire conclut en espérant que tous ces gestes sauveront le budget municipal.
Hélas.
Les solutions sont autres. Bien sûr qu’une politique d’économie d’énergie et de développement des énergies renouvelables est indispensable. Nous pensons d’ailleurs que la ville doit aller bien plus loin dans cette démarche.
Mais pour protéger les collectivités territoriales de la hausse des prix de l’énergie, c’est au gouvernement qu’il faut s’adresser pour limiter l’impact de cette hausse par des mesures immédiates.
C’est pourquoi nous demanderons que les élus de Saint Gratien réclament par le biais d’une motion votée en Conseil municipal l’instauration des mesures suivantes :
- Qu’un bouclier tarifaire soit mis en place pour limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie pour les collectivités territoriales, par des solutions immédiates comme :
– la mise en place d’un fond d’urgence de compensation,
– l’application d’un taux de TVA réduit sur les factures énergétiques des collectivités et leurs groupements,
- Que toutes les collectivités qui le souhaitent puissent bénéficier des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité, au lieu d’être soumises aux prix du marché,
- Que ces tarifs réglementés soient bloqués, comme le permet l’article L 410-2 du code de commerce,
- Que l’on renonce à l’extinction des tarifs réglementés de vente de gaz naturel (TRVG) en 2023,
- Que soient développées des politiques d’aides aux collectivités territoriales pour la rénovation énergétique,
- Que la DGF soit indexée sur l’inflation,
- Qu’une contribution exceptionnelle soit instaurée sur les profits spéculatifs des multinationales de l’énergie.
D’autre part, il nous apparaît essentiel que les habitant.e.s de notre commune, premiers concerné.e.s par la crise énergétique et les menaces qu’elle fait peser sur les services publics locaux, soient associé.e.s à cette démarche, par l’intermédiaire d’une carte-pétition reprenant les demandes du Conseil municipal et adressée au Président de la République.
Le maire nous écrit… et si nous écrivions, nous aussi ?
Oops… cela risque de continuer dans le mauvais sens…
https://actu.orange.fr/politique/gabriel-attal-dement-l-etude-d-un-demantelement-d-edf-magic-CNT000001UzjFt.html
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Sur un tout autre sujet, pour illustrer que « bien sûr qu’une politique d’économie d’énergie et de développement des énergies renouvelables est indispensable », une initiative se tenait ce soir à Eaubonne sur la question du devenir des déchets nucléaires. Une question qui doit dépasser le clivage des anti ou pro nucléaires, au regard des enjeux de retraitements, de re-développement ou pas de la filière nucléaire, de la souveraineté énergétique de la France et de l’Europe, de la maîtrise sociale ou pas d’EDF…
https://actu.fr/ile-de-france/eaubonne_95203/eaubonne-face-a-la-relance-du-nucleaire-les-verts-se-mobilisent_55027559.html?utm_source=newsletter&mgo_eu=fc91a7b60d06557109e11d729547f894&mgo_l=38af2864-7865-4770-a82a-c475c77e61ee.31.4&utm_campaign=mediego_gazette_val_doise&utm_medium=email
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