Incendies, les insuffisances publiques

Incendies : « Les insuffisances publiques s’alimentent »

GIRONDE Le chef de file des députés communistes, André Chassaigne, s’est rendu dans le département ravagé par les flammes et appelle à en finir avec le désengagement de l’État.

Article paru dans l’Humanité du mercredi 17 Août 2022 ; Cyprien Caddeo

Alors que le gouvernement a annoncé le 15 août un plan d’aides fiscales à destination des collectivités, particuliers et entreprises sinistrés par les flammes en Gironde, le député PCF André Chassaigne appelle à des mesures plus structurelles et à s’attaquer à la racine du mal : les manquements de la puissance publique.

La question du manque de moyens revient sur bien des aspects. Les pompiers, notamment, alertent une nouvelle fois sur leur manque d’effectifs.

Oui, il y a une double crise. D’abord, du volontariat : il y a de moins en moins de volontaires, ils sont actuellement un peu moins de 200 000 (la Fédération ­nationale des sapeurs-pompiers estime qu’il en faudrait au moins 50 000 de plus – NDLR). Mais il faut aussi plus de pompiers professionnels pour les encadrer. Le problème, c’est que les insuffisances publiques s’alimentent : les pompiers sont amenés de plus en plus à suppléer l’hôpital public ou les urgences, qui sont débordées. Ils sont de fait moins disponibles pour lutter contre le risque incendie.

Quel levier peut-on activer en matière de gestion forestière pour prévenir les incendies ?

Le problème de la gestion forestière, c’est le statut des forêts. Nous avons en France des forêts nationales ou communales qui sont du domaine de ­l’Office national des forêts (ONF), et sur lesquelles il y a obligation d’avoir un plan de gestion : ça implique le risque incendiaire, le débroussaillage et la surveillance des départs de feux. Il y a aussi des forêts privées, où un plan de gestion est obligatoire au-dessus de 25 hectares de surface. Mais la forêt de La Teste, d’où est parti un des incendies, est une forêt usagère, un cas particulier et unique. Elle est soumise à un droit qui date du XVe siècle, avec des propriétaires et des usagers qui ne se sont pas mis d’accord sur un plan de gestion clair. Il y a quelque chose d’irrésolu sur ce point. Cela étant dit, dans tous les cas, il faut mettre plus de moyens : l’ONF a vu ses effectifs sabrés, tout comme les centres régionaux de la propriété forestière, qui sont en lien avec les propriétaires privés.

Qu’en est-il de la flotte de Canadair et d’hélicoptères ?

Notre flotte est en partie vieillissante, avec parfois des problèmes de maintenance. Certes, il existe désormais un mécanisme européen, rescUE, qui est une flotte de bombardiers d’eau et d’hélicoptères à destination de tous les États membres de l’Union européenne (UE). Le fait qu’on puisse avoir une protection civile à l’échelle du continent est une bonne nouvelle : cela montre qu’on peut faire de belles choses au niveau de l’UE. Mais des solutions pourraient aussi être mises en œuvre au niveau français. Airbus a testé des avions A400M (avions de transport militaire – NDLR) modifiés avec des réserves d’eau amovibles. Ce sont des avions rapides, puissants, qui peuvent transporter de gros volumes d’eau (20 000 litres, trois fois plus que le Canadair). J’ai posé le 9 août une question au gouvernement pour savoir pourquoi ils ne sont pas déployés. J’attends la réponse à la reprise des sessions parlementaires. Car la nouvelle commande de Canadair, elle, ne sera livrée qu’en 2026.

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