Danielle Casanova

Il y a 80 ans, le 9 mai 1943, Danielle Casanova, résistante communiste, mourait du typhus au camp de déportation d’Auschwitz.

Son nom a été donné dès fin 1944 à une des plus importantes avenues de Saint Gratien.

Nous souhaitons aujourd’hui lui rendre hommage.

Responsable des jeunesses communistes, créatrice de l’Union des jeunes filles de France,  Vincentella Perini, Danielle Casanova après son mariage, a été durant la période du Front populaire une des figures des femmes communistes.

Réfugiée dans la clandestinité à partir d’octobre 1940, elle dirigea la mise en place des comités féminins dans la région parisienne et la zone occupée. La police l’arrêta le 15 février 1942 et elle fut déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943 dans un convoi de femmes résistantes dont Marie-Claude Vaillant -Couturier.

Affectée dentiste, Danielle Casanova se sert de sa position pour soutenir par tous les moyens les femmes du camp. Elle réussit à nouer des contacts à l’extérieur afin de faire connaître la réalité des camps et d’informer des familles de déportées.

« Elle incarna pour nous toutes un idéal. Elle devint un symbole, et pas seulement un exemple pour les Françaises. (…) Elle savait qui avait besoin d’être aidé et comment il convenait d’aider : à l’une, des arguments politiques, à l’autre un morceau de pain, à la troisième un chant révolutionnaire ou un entretien privé. 

Le 9 mai 1943, Danielle Casanova meurt du typhus. Un cortège funèbre traverse les allées du camp sous le regard médusé des SS. Une nouvelle et dernière fois, elle aura créé l’exception.

Une stèle érigée en sa mémoire lui rend hommage à Vistale, près du village corse de Piana.

En 1950, l’artiste Boris Taslitzky, déporté à Buchenwald, peindra la mort de Danielle Casanova qu’il rapproche d’une descente de croix. Ce tableau fut exposé en 2019 à Gennevilliers dans le cadre de l’exposition « Trésors de banlieue ».

En avril 2023, le 39è Congrès du PCF entendra, avec émotion, la nièce de Danielle Casanova évoquer son souvenir.  Son nom est aujourd’hui cité pour entrer au Panthéon.

En savoir plus : 

Musée de la résistance

Le maîtron

Ci-dessous l’article de Shirley Wirden dans l’Humanité du 28 avril 2023

En 1936, sous le soleil de Marseille, le congrès des Jeunesses communistes confiait à Danielle Casanova, « aux yeux de feu sous des cheveux noirs (…) pleine de confiance et d’entrain », comme la présente l’Humanité du 26 décembre 1936, la création de l’Union des jeunes filles de France (UJFF).

Bien-être et paix sont les mots d’ordre de cette nouvelle organisation : « Nous prenons notre part à la lutte pour la liberté et le progrès, contre le fascisme qui nie et détruit les droits de la femme. »

La conquête de nouveaux droits, en premier lieu de droit de vote

Ardente militante pour la paix et les droits des femmes, Danielle Casanova, née Vincentella Perini, a marqué l’histoire en tant que dirigeante communiste et résistante. Sa détermination à permettre aux femmes d’être des forces motrices de la vie politique comme de leur propre existence, qui fonde la nécessité même de l’UJFF, s’exprime dans son discours au congrès de 1936 : « Il n’est désormais plus possible à la femme de se désintéresser des problèmes politiques, économiques et sociaux que notre époque pose avec tant de force. » L’UJFF participe aux grèves ouvrières, lie le droit au bonheur à la liberté de choisir son métier, de bénéficier d’une meilleure instruction et vie culturelle.

Danielle Casanova revendique le fondement antifasciste de l’UJFF : « Nous ne voulons pas de la souillure du fascisme. La conquête du bonheur est pour la femme liée à son libre épanouissement dans la société, cet épanouissement est une condition nécessaire du développement du progrès social. »

En 1940, en clandestinité, elle met en place les comités ­féminins de Résistance en région parisienne et dans la zone occupée. Le rôle des femmes dans la résistance est un tournant pour la conquête de nouveaux droits, en premier lieu le droit de vote.

Une puissance fédératrice

Après son arrestation en février 1942, Danielle Casanova met au profit de ses camarades son caractère solaire, sororal et solidaire. À la prison de la Santé comme au fort de Romainville, elle s’arrange pour maintenir une activité politique et culturelle, tient une presse clandestine. Elle crée de la vie là où la mort fauche chaque jour.

Le groupe des Françaises reste soudé et plein d’espoir grâce à la puissance fédératrice de Danielle Casanova. Dans sa dernière lettre avant le départ pour Auschwitz, le 23 janvier 1943, elle écrit à sa famille : « Nous sommes fières d’être françaises et communistes. Nous ne baisserons jamais la tête ; nous ne vivons que pour la lutte. (…) Notre belle France sera libre et notre idéal triomphera. »

À l’arrivée du convoi des 231 femmes au camp, Danielle Casanova demande à Raymonde Salez d’entonner la Marseillaise. Un moment historique. Affectée dentiste, elle n’eut de cesse de se servir de sa position pour soutenir par tous les moyens les femmes du camp. Prenant des risques inouïs, elle réussit à nouer des contacts à l’extérieur afin de faire connaître la réalité des camps et d’informer des familles de déportées.

L’annonce de sa mort est une déflagration

Manca Svalbova, docteure tchèque à Auschwitz, témoignait : « Dans les yeux noirs de cette Corse, brillaient la décision, la fermeté, la camaraderie, la sincérité. Son sourire était large, presque naïf, avec quelque chose d’une gaieté enfantine, l’art de savoir se réjouir du bleu du ciel. (…) Elle incarna pour nous toutes un idéal. Elle devint un symbole, et pas seulement un exemple pour les Françaises. (…) Elle savait qui avait besoin d’être aidé et comment il convenait d’aider : à l’une, des arguments politiques, à l’autre un morceau de pain, à la troisième un chant révolutionnaire ou un entretien privé. »

Marie-Claude Vaillant-Couturier renchérissait : « Mais plus encore que les médicaments, c’est sa présence qui nous fait du bien. Quand elle arrive avec son bon sourire dans ce bloc sombre et glacé, c’est comme une flamme qui nous réchauffe. »

Le 9 mai 1943, Danielle Casanova meurt en déportation du typhus. Sa stature est telle qu’un cortège funèbre traverse les allées sous le regard médusé des SS. Une nouvelle et dernière fois, elle aura créé l’exception. L’annonce de sa mort est une déflagration qui nourrit les appels à la résistance.

Marie-Claude Vaillant-Couturier livrait ce cri du cœur : « Danielle, Danielle, Danielle, pourquoi m’as-tu laissée toute seule ? La tâche est trop lourde pour moi ! Et pourtant, il faut qu’il y en ait qui rentrent. Il le faut, il le faut pour continuer la lutte, pour que la France soit belle comme elle la voulait. »

« Du soleil plein le cœur »

« Les cloches se mirent à sonner dans tous les villages, à Piana, à Vistale, à Vico. Oui, les curés des villages firent sonner les cloches pour une communiste », nous rapportait ainsi la journaliste Simone Téry. Les honneurs qui lui sont alors rendus sont les mêmes qu’aux hommes.

Le 8 avril dernier, retour à Marseille, qui accueillait sa nièce, Isaline Amalric-Choury. Invitée à témoigner au 39 e congrès du PCF à l’occasion des 80 ans de la mort de Danielle Casanova, elle a fait naître une vive émotion dans l’assistance.

À quand la panthéonisation de Danielle, « l’indomptable », « l’immortelle », celle qui avait « du soleil plein le cœur » ? Pensons à Martha Desrumaux, Marie-Claude Vaillant-Couturier. La France doit honorer ces femmes, ces communistes qui ont changé le cours de l’histoire. 

5 réflexions sur “Danielle Casanova

  1. SB

    Le dimanche 9 avril, c’est Shirley Wirden qui officiait au congrès du pcf à Marseille pour rendre l’hommage à Danielle Casanova. Les documents projetés étaient issus d’une exposition temporaire montée à l’occasion du congrès. Certains sont en photo ci dessus.
    L’hommage s’est poursuivi par l’intervention devant les congressistes de la nièce de D.Casanova. Celle-ci doit être visualisable sur le site du pcf..

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