Le maire nous cite l’abbé Pierre dans sa carte de vœux 2023.
« Un sourire coûte moins cher que l’électricité, mais donne autant de lumière ».
Ce qui laisserait croire qu’on pourrait lutter contre la misère avec peu de moyens, juste avec de la gentillesse…
On n’ira pas jusqu’à penser que c’est pour cela que la subvention gratiennoise du CCAS n’a pas évolué depuis tant d’années… Quelques sourires suffiraient-ils à l’action sociale ?
Mais au fait, qui était l’abbé Pierre ? Un homme qui disait aussi : « La politique, au fond, consiste à savoir à qui tu prends l’argent pour le redistribuer à qui… »
Une phrase plus audacieuse que la précédente !
À Grenoble, en 1942, il commence par cacher chez lui des juifs traqués, puis se forme à la confection de faux papiers. Avec un ami guide, il crée une filière de passage en Suisse par les glaciers de la vallée de Chamonix.
Il crée un maquis dans le massif de la Chartreuse, qui passe ensuite dans le Vercors.
Arrêté par la police, puis par la Gestapo, il s’évade.
Il reçoit la mission de rejoindre la résistance à Paris, puis de créer un réseau de passage dans les Pyrénées. Arrêté de nouveau, il s’évade, passe à pied en Espagne.
Dénoncé par des moines espagnols, il est fait prisonnier de la police franquiste, qui sentant la victoire alliée possible, décide de le remettre à l’évêque de Vitoria.
Il passe clandestinement la frontière espagnole pour rejoindre Gibraltar, où personne ne veut l’aider. Il soudoie un pilote américain qui lui indique comment se cacher dans un sac postal de l’aéropostale américaine.
Il est arrêté par la police militaire américaine à Alger, et enfin libéré par les autorités françaises.
Il veut s’engager pour le débarquement de Provence, mais est recalé pour raison de santé.
Il finira la guerre comme aumônier de la marine nationale sur le Jean Bart.
Député de la Constituante, puis réélu à Nancy, il est secrétaire de la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Il démissionne du MRP. Il dénonce publiquement ce parti qui » ne peut pas être uniquement celui de ceux qui vont à la messe« , suite à la mort en 1951 du syndicaliste CGT, Édouard Mazé, tué par la police d’une balle dans la tête, lors d’une manifestation syndicale.
Il crée le parti de la gauche indépendante.
L’homme politique qu’il admire le plus est Pierre Mendès France.
Ses meilleurs amis sont des théologiens et des députés communistes…
Ses pires ennemis sont l’extrême-droite, en général, et en France la famille Le Pen.
En dehors de la création du mouvement Emmaüs, il participe et appelle aux occupations illégales de logements vides, et construit des habitations sans permis, invitant le ministre du logement à leur inauguration…
Il se battra contre la criminalisation des migrants.
Une de ses dernières apparitions publiques, en fauteuil roulant, sera d’aller surveiller à l’Assemblée que le RPR ne fasse pas voter une loi anti squatteurs.
Enfin il dénonça sans relâche, la tentation de certains partis de droite, tentés par une alliance avec le Front national…
L’abbé Pierre ne faisait donc pas que sourire…
Merci à Gérard T. pour ces éléments biographiques !