La fermeture des écoles était inéluctable. Nombre de cas en forte hausse, nombre important de classes fermées, le fameux « taux d’incidence » dépassant les normes…
Le virus circule partout, et fort logiquement il n’a pas épargné les écoles. Face à la vague, l’école a craqué. Il n’y a pas eu d’autre solution que de fermer, et d’allonger les vacances de printemps. Une semaine supplémentaire pour le primaire, deux pour le secondaire.
Les écoles pourront-elles rouvrir le 26 avril ? On l’espère, car le premier confinement a confirmé ce que nous savions déjà : rien ne remplace l’enseignement dans les écoles, et les premiers à souffrir de leur fermeture sont les élèves les plus fragiles, ceux qui n’ont personne pour les aider à la maison, ceux qui ne sont pas équipés de matériel informatique, ceux qui ont besoin de la maîtresse, la maîtresse près d’eux, pas derrière un écran, et du coup de main de leurs copains, en classe, pas derrière un écran.
Nous pensons évidemment aussi aux familles sans ordinateur et c’est pourquoi nous avions interrogé la ville pour savoir si elle avait envisagé à Saint Gratien des dotations en tablettes pour certaines familles. Non, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Ce n’est pas faute d’avoir alerté : le service public de l’éducation, comme celui de la santé, est victime de ses faiblesses structurelles, dénoncées par les professionnel.les et leurs syndicats bien avant la crise du Covid. Des protocoles sanitaires successifs bien imparfaits ne pouvaient faire le poids. Les écoles souffrent depuis bien longtemps d’un encadrement humain insuffisant, et de locaux parfois inadaptés.
Comment respecter les « gestes barrière » dans une classe surchargée ? Comment assurer une bonne aération des locaux quand les fenêtres sont défectueuses et les systèmes de purificateurs d’air inexistants ?
Comment surveiller le lavage des mains de 30 petits quand les Atsem manquent cruellement en maternelle ?
Comment garantir la sécurité sanitaire à la cantine, quand les locaux sont en temps ordinaire déjà bondés et les animateurs en nombre réduit ?
Comment éviter les « brassages » quand le manque de professeurs remplaçants, déjà criant en temps ordinaire, est désastreux en temps de pandémie ?
Comment assurer un port du masque efficace, quand l’équipement des enfants est laissé à la charge des familles, pour un coût non négligeable ?
Comment dépister les cas positifs avec des tests salivaires, beaucoup commentés mais bien peu réalisés, (4 écoles gratiennoises sur 14 les ont connus) et pas ciblés lorsqu’un cas était détecté, alors que les épidémiologistes s’accordent à dire que c’est ce qu’il faut faire pour intervenir sur les foyers de contamination ?
On ne parlera pas de la vaccination des enseignant.es, promise pour avril, puis repoussée… aux calendes grecques ? On parle dorénavant de fin juin.
Ce sont pourtant des personnels en « première ligne », qu’il aurait fallu vacciner massivement si l’incurie de nos gouvernants ne nous avait pas privés de vaccins, après nous avoir privés de masques et de tests en temps utiles. Enseignant.es, Atsem, AESH, animateurs et animatrices de cantine… sont au contact rapproché d’enfants, qui parfois comme en maternelle, ne portent même pas de masques…
Pendant ce temps, le ministre Blanquer nous assène que « aller à l’école, c’est rester en bonne santé ». Résultat ? Des écoles qui ferment en catastrophe, à peine le temps pour les enseignant.es d’organiser le travail à distance de leurs élèves, et aux familles d’organiser deux semaines de vacances à de nouvelles dates. Et le fiasco de « l’école à distance » quand là encore les moyens ne sont pas au rendez-vous, que parfois même les enseignant.es ne sont pas informatiquement équipé.es, que les connexions échouent et qu’on laisse sur le carreau les élèves les plus en difficulté…
Comment mettre à profit les semaines à venir pour enfin mettre en place une stratégie permettant le maintien en présentiel du service public d’éducation dans un cadre sanitaire sécure ? Car il importe de garantir une réouverture des écoles, seule à même de ne pas creuser davantage les inégalités scolaires, de permettre aux élèves de poursuivre les apprentissages collectifs et de maintenir un lien entre eux.
Cela signifie un accès prioritaire et rapide à la vaccination pour les personnels travaillant dans les écoles, la règle de fermeture de classe fixée partout à un cas avéré, des tests salivaires massifs ciblés et réalisés partout de façon hebdomadaire, les locaux équipés de capteurs CO2, des masques chirurgicaux fournis aux élèves et aux personnels, des classes allégées… parce que dans le même temps, des fermetures de classes continuent d’être prévues à la prochaine rentrée scolaire !
Recrutement d’enseignants, des adultes en nombre dans les écoles, une partie de la solution est là.
Une autre clé est la concertation avec l’ensemble des acteurs concernés. L’inverse de ce qu’a fait la ville de Saint Gratien, en proposant une mesure -l’élargissement de la pause méridienne- qui visiblement ne convenait pas et n’a finalement pas pu être mise en application. Quel dommage de ne pas avoir pérennisés, comme nous l’avions suggéré, les « groupes de travail » associant parents, enseignant.es, élu.es, à la déclinaison d’un protocole sanitaire efficace !