Transports, habitat, justice sociale et environnement. Droit à la ville et droit à la mobilité : dans quelle société voulons-nous vivre ?
Tribune de Jacques Baudrier Conseiller de Paris, animateur du collectif PCF sur les mobilités, parue dans l’Humanité du 31 octobre 2018
Jacques Baudrier était notre invité à la fête de l’Humanité, où il a participé à un débat sur « transports et écologie », organisé dans le stand « Pot rouge-espace fédéral du Val d’Oise ».
Des droits essentiels pour la vie en ville
Le droit à la mobilité est un droit essentiel du droit à la ville. Sans mobilité, pas de droit aux loisirs, au travail, au logement, à la santé, à l’éducation…
Au XXIe siècle, il doit être un droit à une mobilité très peu polluante. C’est vital : 48 000 personnes meurent chaque année de la pollution atmosphérique, due pour une bonne part aux transports. Il nous faut généraliser un accès simple aux déplacements à pied, à vélo, en transports collectifs.
Pour cela, un développement massif des infrastructures est indispensable. De transports collectifs d’abord, où notre pays a pris des décennies de retard. C’est possible : en Île-de-France, avec le Grand Paris Express et ses 200 kilomètres de métro en construction, le niveau d’investissements a été multiplié par 20 en dix ans.
On attend toujours les mêmes investissements massifs à Marseille, Toulouse, Bordeaux… Il faut des moyens. Les communistes ont des solutions : augmentation de la taxe locale sur les bureaux, création d’une taxe sur les parkings des hypermarchés. Ces propositions, nous les avons imposées en Île-de-France. Utilisons-les pour toutes les villes de France.
Plusieurs dizaines de villes françaises ont réussi l’expérience des transports publics gratuits. Pour démultiplier l’utilisation des transports publics, ils doivent être partout gratuits, financés par l’augmentation du versement transport des entreprises. Tout de suite dans toutes les villes petites et moyennes, comme le propose le projet de loi déposé à l’Assemblée nationale par les députés communistes. À moyen terme pour toutes les grandes agglomérations, où il faut d’abord construire des infrastructures pour accueillir toute la demande.
Il faut aussi investir massivement pour la pratique du vélo en ville. À part Strasbourg, Grenoble et Bordeaux, les villes de France sont « vélo sous-développées ». C’est un drame de santé publique. Le développement de la pratique du vélo peut faire reculer très fortement la mobilité automobile en ville. Et est extrêmement efficace pour lutter contre l’épidémie de sédentarité, contre le surpoids, l’obésité. Aménager des pistes cyclables, du stationnement vélo de façon massive, c’est possible, rapide, ultra-efficace, d’un coût limité – 500 millions d’euros par an de crédit d’État (dix fois plus que ce que prévoit le gouvernement).
Pour une mobilité peu polluante, l’urbanisme commercial joue un rôle clé : l’hypermarché génère le déplacement et « l’urbanisme automobile », comme le capitalisme la guerre. Il faut augmenter et généraliser la taxe sur les parkings d’hypermarché que nous avons créée en Île-de-France pour favoriser des commerces accessibles à pied, à vélo ou en transports publics : petits commerces, petits et moyens supermarchés.
Enfin, il ne faut pas oublier ceux qui ont le plus de difficultés. Sept millions de personnes ont du mal à avoir accès à l’emploi du fait d’un problème de mobilité. Il faut pour elles des plateformes de mobilité leur permettant l’accès à des voitures ou des vélos partagés, à des taxis parfois, à des services personnalisés.
A Dunkerque, Anne Hidalgo explore « les pistes » de gratuité des transports
La maire de Paris s’est rendue à Dunkerque, où le bus est gratuit, pour « comprendre et savoir si le chemin de la gratuité est empruntable pour la ville de Paris ».
La maire de Paris Anne Hidalgo (PS) a exploré ce mardi « les pistes de gratuité » des transports publics lors d’un déplacement à Dunkerque (Nord), qui a récemment mis en place le bus gratuit pour tous.
« Je cherche à comprendre et à savoir si le chemin de la gratuité est empruntable pour la ville de Paris », a déclaré Anne Hidalgo. « Mon intuition c’est qu’il y a des pistes de gratuité à étudier à Paris. »
Sortir du « débat idéologique »
« Je souhaite que le débat public soit éclairé, qu’on sorte d’un débat idéologique entre ceux qui seraient pour et ceux qui seraient contre », a ajouté la maire de Paris, alors que la question suscite l’opposition de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR).
Le 1er septembre, l’agglomération de Dunkerque, qui compte environ 200.000 habitants, a mis en place le bus 100% gratuit sur l’ensemble du réseau de la communauté urbaine.
Lors de son déplacement, Anne Hidalgo s’est notamment déplacée dans un bus rose habillé aux couleurs des quatre clubs élites du Dunkerquois, aux côtés du maire de Dunkerque, Patrice Vergriete.
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Pierre Dharéville nous raconte une petite histoire…
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