Il y a 60 ans, Charonne

Il y a 60 ans, neuf personnes trouvaient la mort au métro Charonne, dans la répression policière sanglante d’une manifestation pacifique pour la paix en Algérie. Le climat était alors à la répression féroce des opposants, aux « ratonnades », aux rafles et à la torture. Le terrorisme d’extrême-droite de l’OAS sévissait et ciblait les militants progressistes. Le 17 octobre précédent avait vu des dizaines de manifestants algériens jetés dans la Seine par la police…   

Le 8 février 1962, alors que les manifestants se dispersaient, les forces de police du préfet Maurice Papon (qui sera ensuite condamné pour sa responsabilité dans la déportation de juifs sous l’occupation) les chargent violemment, les frappent, les pourchassent et les acculent à la bouche de métro Charonne pour finir par écraser la foule sous les grilles des arbres, jetées dans les escaliers de la station.

Les neuf manifestant.e.s tué.e.s étaient tou.te.s membres de la CGT et huit étaient adhérent.e.s du PCF.

Les obsèques des victimes rassemblent des centaines de milliers de gens, et les accords d’Évian mettent ensuite rapidement fin à la guerre coloniale en Algérie, le 19 mars 1962.  

Depuis 60 ans est attendue la reconnaissance de ce crime d’État. Mais cette année encore le président de la République s’est contenté d’un communiqué succinct d’hommage aux victimes.

Ce 8 février 2022, un important rassemblement s’est tenu au métro Charonne sur les lieux mêmes du drame, à l’appel notamment de la CGT et du PCF. Dépôts de gerbes et prises de parole ont rappelé les faits et la nécessité que l’État reconnaisse sa responsabilité. Philippe Martinez, Fabien Roussel, Henri Cukierman pour le comité « Justice et Vérité pour Charonne », le maire PS du 11è arrondissement, ainsi que Delphine Renard, gravement blessée dans un attentat de l’OAS dans les jours précédents la manifestation de 1962, se sont succédé.e.s au micro.  

En ces temps où ressurgissent les discours d’extrême-droite, n’oublions jamais de quoi sont capables les nostalgiques de Vichy.  

Un crime d’État

Tuée en manifestant pour la paix