Soirée démocratique

J’étais hier soir mardi 5 octobre 2022 à la réunion de quartier des Marais.

Seule élue de l’opposition, peut-être à cause de l’horaire inadapté aux salarié.e.s et/ou aux chargé.e.s de famille (20h!), peut-être à cause d’une communication a minima. Il fut un temps où le maire envoyait aux élu.e.s les dates de ces assemblées. Dorénavant, il nous faut surveiller de près la page Facebook de la ville ou lire in extenso le Mag municipal… On ne trouve d’ailleurs plus sur le site de la ville, ni la composition des groupes de quartier, ni le compte-rendu des assemblées. Un signe que la « démocratie de proximité » tant vantée à Saint Gratien est quelque peu en panne ?

  Merci à ASGVO pour cette carte

Difficile de prévoir à l’avance l’ambiance de la réunion, les sujets évoqués, ou le nombre des habitant.e.s qui vont y assister. Il y a bien sûr des questions récurrentes, telles que les nuisances dues à la circulation ou au stationnement. Sauf exception, la soirée suit un schéma immuable : présentation des projets et réalisations de la ville, puis l’exercice des questions au maire, qui en général, apporte toujours la (bonne) réponse. Le « C » de la dénomination de ces « ACQ, assemblées consultatives de quartier » est donc totalement usurpé, puisqu’aucune consultation n’est jamais organisée sur quelque sujet que ce soit.

La réunion de ce 5 octobre n’a pas dérogé à la règle : présentation des travaux de rénovation de la salle Georges Brassens et de la salle d’armes, implantation des bornes de recharge pour véhicules électriques. Tous ces dossiers étant bouclés, il n’y a évidemment plus lieu d’en débattre. On ne sait pas trop non plus quelle est l’activité réelle du groupe de quartier, à laquelle il n’a pas été fait allusion. L’objectif de « permettre de débattre de projets de quartiers », comme le site de la ville nous l’annonce, est donc illusoire. Quant à la nouveauté des « marches exploratoires » qui précèdent la réunion, elle ne donne lieu qu’à une énumération des mêmes problématiques d’un quartier à l’autre : problèmes de stationnement, propreté des espaces, état des trottoirs… Rien de bien neuf ni de très « démocratique » dans ces procédures.

Malgré cette organisation très encadrée qui fait que les « ACQ » ne sont finalement que des réunions d’information municipale, je trouve utile d’y assister  parce que les échanges avec les habitant.e.s font toujours émerger des sujets intéressants pour mon activité d’élue.

Voici les points que j’ai retenus de la soirée à l’école Jean Moulin, sans viser à l’exhaustivité.

Inévitable sujet, la sécurité ou plutôt le « sentiment d’insécurité », qui recouvre on ne sait trop quoi car comment quantifier un « sentiment » tout à fait subjectif, est arrivé avec son corollaire, la demande d’installation de caméras. C’est assez incroyable de constater combien est répandue cette croyance, qui n’est étayée par aucune enquête ou étude quelconque, selon laquelle la présence de caméras apporterait par elle-même une absolue sécurité dans un quartier. Il s’agit là de faits de « petite » délinquance, même si je sais bien que cela peut suffire à empoisonner le climat d’un quartier : déchets jetés hors des poubelles, regroupements nocturnes, stationnements gênants, vitesse excessive… et peut-être trafics en tous genres, le fait n’est pas clairement établi. Très étonnant d’entendre les riverains réclamer des caméras, qui, rappelle le maire, sont très onéreuses, et dont l’efficacité, et ça le maire ne le rappelle pas, n’a jamais été démontrée. D’ailleurs la délinquance a-t-elle disparu dans les endroits où nous sommes vidéosurveillés, oups, il faut dire à présent, vidéoprotégés, terme évidemment beaucoup plus positif ? Mais quand le maire passe un long moment à déplorer le manque de forces de police nationale, qu’il a rappelé que la police ne se déplace plus quand les habitant.e.s signalent des nuisances, même nocturnes, comment croire que des images, même scrutées 24h sur 24, suffiront à nous mettre à l’abri ? D’ailleurs, tout le monde le reconnaît à demi-mot, en réclamant ensuite des patrouilles -à pied- des forces de l’ordre, nationales ou municipales. Cela s’appelait la police de proximité, avant que N. Sarkozy, de la même formation politique que notre maire, ne la supprime.

Le sujet principal, qui a fait se déplacer une bonne trentaine de riverain.e.s, est celui des inondations qui ont gravement touché le quartier au-delà du cimetière, en limite de Sannois. Le 18 août dernier, un orage particulièrement violent avec de fortes précipitations a entraîné inondations des caves et maisons avec des dégâts importants. Le fait n’est pas isolé et s’est déjà produit, suscitant l’inquiétude des habitant.e.s de ces rues. Il est établi que le dérèglement climatique apporte des pluies moins fréquentes mais plus importantes. Se posent les questions techniques des avaloirs à déboucher, des bassins de rétention à construire, des collecteurs d’eau à redimensionner. Mais au-delà, et plus fondamentalement, celle de l’adaptation de nos villes au changement climatique. Nos villes qui seraient trop bétonnées, tiens tiens. Des sols qu’il faudrait dés-imperméabiliser et revégétaliser, tiens tiens. Jusqu’à nos cours d’école ! Un discours étonnant puisqu’il vient du directeur des services techniques lui-même, la semaine où nous nous sommes fait beaucoup moquer, lorsque nous avons soulevé le problème des cours d’école en Conseil municipal. Peut-être finalement n’avons-nous pas totalement prêché dans le désert…

Les indispensables économies que doit faire Saint Gratien, à l’instar de toutes les villes de France confrontées à l’envolée des prix de l’énergie, vient sur le tapis. Le maire nous rappelle que la ville procède à son « relamping », anglicisme qui signifie que les anciennes lampes à sodium sont remplacées par des « LED », et que cela, couplé à une réduction de l’intensité de l’éclairage public, amènera suffisamment d’économies. J’en doute ! L’éclairage conserve 70% de sa puissance, cela est d’ailleurs indétectable à l’œil nu, pour nombre de rues où personne ne passe en pleine nuit, et le versant écologique, protection des espèces nocturnes, n’est pas pris en compte. Le sujet arrive dans la discussion car le quartier des Marais et les rues avoisinantes au-delà du cimetière, sont limitrophes de Sannois, commune qui fait partie de l’agglomération Val Parisis dans laquelle l’éclairage public est éteint totalement entre 1h15 et 4h45. Les personnes présentes relatent l’expérience. « Houlà, dit le maire. Ça fait bizarre, la ville dans l’obscurité complète ! » C’est vrai, il a avoué la semaine dernière  sortir beaucoup la nuit dans les rues gratiennoises. Mais aussi tardivement ?

Un scoop au détour d’une question. Le maire répond que oui, la taxe foncière augmentera certainement en 2023. Une info qu’il n’avait pas donnée au Conseil municipal la semaine dernière, mais qui ne faisait pourtant guère de doute.

Ma propre question est récurrente mais hélas, toujours actuelle. J’interroge le maire sur le devenir des locaux commerciaux de la résidence des Marais, vides depuis des années. Ils sont la propriété du bailleur social, qui ne prend même pas la peine de répondre à la sollicitation d’un boulanger qui souhaitait y réimplanter son activité. Un commerce qui serait pourtant le bienvenu pour les Marais, au-delà pour le quartier pavillonnaire alentour, et pour les nouvelles constructions qui ont vu le jour le long de la rue d’Ermont. La ville ne peut-elle pas intervenir auprès de 1001 vies pour que ces locaux soient loués ou vendus ? Acquiescement du maire, qui évoque néanmoins une complication au sujet du bail. Affaire à suivre jusqu’à la prochaine réunion de quartier…

Prochaine assemblée dans le quartier du Parc, le 8 novembre prochain à 20h, au centre culturel des allées vertes.