Une belle campagne

Déclaration de Ian Brossat à l’issue des élections européennes

Mesdames, Messieurs,

IB affiche.jpgJe souhaite ce soir remercier très chaleureusement les centaines de milliers d’électrices et les électeurs qui nous ont fait confiance.

C’est une belle campagne qui s’achève, après 12 ans d’absence à une élection nationale. C’est une campagne que nous avons voulue sincère, combative, fidèle aux combats et aux valeurs de la gauche. En dépit de nos efforts, il arrive que la marche soit parfois trop haute pour être franchie du premier coup. Ce soir, nous n’atteignons pas encore nos objectifs.

Première leçon. L’extrême-droite arrive en tête de ce scrutin. Rappelons-nous, il y a encore 10 ans, la liste du Front National ne dépassait pas les 6%. Le score d’aujourd’hui est le résultat d’un pari perdu, un pari forcément perdant et dramatique pour notre pays. Cette stratégie, c’est celle d’Emmanuel Macron, qui impose aux Français ce face-à-face avec Marine Le Pen pour assurer sa survie politique. Non, ce n’est pas un duel comme on cherche à nous le faire croire, c’est un duo : un duo imposé par les deux camps, un duo mortifère pour notre pays et pour la démocratie. A force de jouer avec le feu, Macron s’est brûlé.

Deuxième leçon. La gauche a également sa part de responsabilités. Je prends ma part de responsabilité, il ne s’agit pas de se dédouaner. Ce soir, la gauche est affaiblie, tout est à reconstruire.

J’ai l’intime conviction que l’avenir passe par l’humilité, le travail collectif, le respect mutuel, le refus de la tentation hégémonique. Écoutons-nous, respectons-nous, travaillons ensemble.

Cette gauche, cette gauche que nous devons reconstruire, que nous allons reconstruire, doit placer au cœur de son projet la justice sociale et l’urgence écologique.

Et soyons clairs: cette reconquête des cœurs et des esprits ne sera possible que dans la rupture avec le libéralisme.

Reconstruire une gauche digne de ce nom en France, c’est à cet objectif que le Parti Communiste doit consacrer tous ses efforts, dans les semaines et dans les mois à venir.

À tous les communistes, à celles et à ceux venus d’autres horizons et qui nous ont rejoints, je voudrais vous témoigner de ma profonde gratitude.

Être votre candidat, vous représenter, fut un honneur et un privilège.

Je voudrais dire à chacune et chacun de nous ce soir : le combat continue — il continue partout, il continue toujours.

Je voudrais remercier chaleureusement Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, pour son aide, pour son engagement, pour son énergie. Je voudrais avoir une pensée à destination de ma chère Marie-Hélène Bourlard, lui dire que nous y étions presque et que demain nous y arriverons.

Nous formons une belle et une formidable famille, mes amis, mes chers camarades.

Camarade, c’est un joli nom.

C’est uni, comme une famille, que je veux vous demander ce soir deux choses. Je vous le demande du fond du cœur.

Ce soir, demain, cette semaine, dans les prochains mois : conservons en nous ce formidable état d’esprit et cette énergie qui fut le nôtre durant cette campagne. Faisons-les vivre ! Conservons-en nous cette joie d’être ensemble, cette envie, ce bonheur de nous être retrouvés.

La deuxième chose que je vous demande et j’en terminerai ainsi : dans cette période politique trouble, n’oublions jamais que nous n’avons aucun adversaire à gauche. Conservons la bienveillance qui fut la nôtre, conservons cette envie sincère de tendre la main, de réussir le rassemblement demain.

Nous avons réalisé une formidable campagne. Ne nous arrêtons pas là !

Je vous remercie.

18 réflexions sur “Une belle campagne

  1. épingle du jeu ou dans une meule de foin ?

    EELV est la seule formation à gauche à avoir tiré son épingle du jeu lors des élections européennes de dimanche, au sein d’une famille fragmentée. Les différences de lignes politiques et stratégiques pourraient continuer à faire obstacle à d’éventuelles alliances pour la suite.

    . Un total de gauche en progression

    Malgré l’exaspération de certains électeurs face à l’incapacité des chefs de parti à se mettre d’accord, les européennes ont paradoxalement donné de la force à la gauche, qui totalise 31,7% des voix (sans compter LO), contre à peine 26% à la présidentielle de 2017. « Macron a été capable de siphonner l’électorat de droite, pas celui de la gauche », analyse pour l’AFP Simon Persico, professeur à Sciences Po Grenoble.

    . EELV postule au leadership

    Avec 13,47% des suffrages exprimés, EELV se hisse largement au-dessus des autres formations de gauche, faisant par exemple plus du double de La France insoumise, à 6,31%, qui était leader depuis la présidentielle, et du PS/Place publique, à 6,19%, la gauche de gouvernement historique.

    Pour Simon Persico, c’est « l’écologie politique qui structure désormais l’espace à gauche », « mais tout dépendra de la capacité d’EELV à se montrer ouvert pour accueillir des cadres de haut niveau et ne plus être un parti groupusculaire ».

    La tête de liste d’EELV Yannick Jadot ne semble pas vouloir changer la stratégie qui a fait son succès. Lundi matin, tout en disant vouloir « rassembler, rassembler, rassembler », il confiait qu’il ne ferait « pas demain ce qu(‘il) n’a pas fait pendant les dix mois » de campagne, « se mettre autour d’une table entre anciens partis du 20e siècle pour faire des accords, des machins, des trucs ».
    Cependant pour « gagner les prochaines élections », il promet le « dépassement d’EELV » vers « un grand mouvement de l’écologie politique ».

    Le chef de parti, David Cormand, a apporté une nuance, souhaitant s’adresser aussi « aux forces constituées », c’est-à-dire les partis de gauche. M. Cormand a écarté toute alliance avec LREM.

    . La France insoumise centrée sur ses problèmes internes

    Avant de parler à d’éventuels partenaires, la formation de Jean-Luc Mélenchon doit faire l’examen approfondi de sa déroute, à des années lumière de son score de 2017 (19,58%). Le mouvement a des difficultés à faire vivre deux lignes politiques et stratégiques: le populisme souverainiste qui envisage de quitter l’Union européenne et la gauche radicale traditionnelle qui tient aux marqueurs de gauche et estime que, sans des alliés de ce côté-ci de l’échiquier, LFI restera faible.

    L’une des représentantes de la deuxième tendance, la députée Clémentine Autain, a dégainé dès dimanche soir sur TF1: « Le débat qui va s’ouvrir à gauche doit être nourri. Il faut sans doute un profil plus rassembleur que clivant, qui permette de faire vivre le pluralisme pour faire advenir une force à vocation majoritaire, qui travaille davantage du côté de l’espérance que de la haine ».
    L’ancien orateur national de LFI François Cocq, bien qu’exclu depuis janvier, a quant à lui résumé la position inverse: « En abandonnant le champ de l’expression populaire pour se corneriser dans la petite gauche, LFI s’est détournée de la tâche de la révolution citoyenne ».

    De la résolution de ce conflit interne va dépendre l’attitude des Insoumis. Jean-Luc Mélenchon a cependant toujours prévenu qu’il ne ferait pas de « tambouille » avec les partis de gauche, sa « fédération populaire » devant plutôt rassembler les associations et mouvements sociaux.

    . Le PS et le PCF lancent un appel

    Alliés dans de nombreux exécutifs locaux, le PS et le PCF, à respectivement 6,19% et 2,49%, préparent la succession d’échéances locales à venir, dont les municipales dès mars 2020. Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, fervent promoteur du rassemblement, croit disposer d’un argument: « La force centrale dans les territoires, ça reste les socialistes, donc il faudra bien sûr discuter entre nous ».

    Mais EELV voudra-t-elle s’allier avec une formation en pente descendante depuis le quinquennat Hollande, à la conversion écologiste toute récente? La question est encore plus problématique avec le PCF, historiquement pro-nucléaire et productiviste, dont les lignes commencent seulement à bouger.

    La tête de liste Ian Brossat et le patron des communistes Fabien Roussel ont en tout cas lancé un « appel » dès dimanche soir. Il faut « passer à l’action » pour « reconstruire dans le respect de la diversité un large rassemblement sur des propositions de gauche », a ainsi déclaré le second.

    AFP, publié le lundi 27 mai 2019 à 14h05

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  2. Claude G.

    L.R s’est « trompé ».

    L.R s’est « trompé » de stratégie en privilégiant « une opposition politicienne à tout prix à l’égard de Macron », a affirmé le député Claude Goasguen lundi dans les couloirs de l’Assemblée après la déroute de son parti aux européennes.

    « On ne gagne pas une élection à être déchaîné dans l’opposition contre quelqu’un comme Macron. Il a un côté ambigu qui a fait qu’un certain nombre de nos électeurs nous ont dit: +Pourquoi vous enquiquinez quelqu’un comme Macron, il n’est pas si mauvais que ça?+ », a expliqué l’élu de Paris.

    « C’est une défaite comme on n’en a jamais connu, une défaite qui va bien au-delà des personnalités. Moi, je pense que (Laurent) Wauquiez s’est trompé mais il n’y a pas que lui… (François-Xavier) Bellamy a fait une très belle campagne mais nous n’avons pas été entendus », a poursuivi l’ex-maire du XVIe arrondissement de Paris.

    Il estime que le résultat des élections européennes à Paris – LREM en tête avec 32,92% – handicape LR pour les élections municipales. « On va avoir besoin de ne pas se désorganiser un peu plus si on veut battre Anne Hidalgo (maire PS). Sinon, on va disparaître sur Paris comme on est en train de disparaître au niveau national », ajoute-t-il.

    M. Goasguen estime que son parti court « à la catastrophe » s’il se contente d’une « refonte de stratégie en gardant les mêmes », alors que les Républicains réunissent leur bureau politique ce lundi à 18h00.

    « Il faut avoir le courage de dire: on s’est trompé. Mais pas seulement sur les personnes car tout le monde a été associé dans cette défaite », insiste-t-il.

    « Si Wauquiez veut partir, je ne le retiendrai pas. Je parlerai au bureau politique en disant qu’il prenne ses responsabilités », conclut-il.

    AFP, publié le lundi 27 mai 2019 à 18h00

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  3. gueule de bois

    AFP-Services, publié le mardi 28 mai 2019 à 08h48

    Visiblement peu pressé de laisser sa place, Laurent Wauquiez a proposé d’organiser des « états généraux » lors desquels il entend « tout remettre à plat sur les valeurs, le projet, le fonctionnement et la stratégie d’alliance ».

    C’est une débâcle historique, de l’avis des observateurs et des premiers concernés, Les Républicains. Depuis dimanche soir et l’annonce des résultats, de nombreuses voix s’élèvent à droite pour remettre en cause la ligne politique ou la direction, jusqu’au fondateur même du parti.

    Nicolas Sarkozy estime qu’il faut « tout changer » après cet « échec terrible », rapporte Le Parisien lundi 27 mai.

    « On a tous la gueule de bois, et lui aussi », confie au quotidien un membre des Républicains qui s’est entretenu avec l’ancien président, qui ne fait officiellement plus de politique partisane, selon ses proches. Pourtant, il garde un œil sur son parti. Et cette défaite a surement un goût tout particulier pour lui. En effet, rappelle Le Parisien, il était lui-même président de l’ancêtre des Républicains, le RPR, lors de la déroute des élections européennes de 1999 (12,8% des voix). « Moi j’ai vécu 1999, Nicolas Sarkozy n’a pas tenu, se souvient un sarkozyste historique. Au début, il a voulu rester, mais il n’a pas pu. Il y avait trop de vents contraires. Et pour Wauquiez, je pense que c’est pareil. »

    Évoquant un « échec terrible », l’ancien chef de l’État estime qu' »il est urgent de tout changer » chez Les Républicains, rapporte le quotidien. « Il m’a dit qu’il y avait deux enjeux : que l’on se parle et que l’on engage une révolution de la ligne, indique un membre du parti. Il s’inquiète que le parti se soit rétréci. »

    Malgré les critiques, Laurent Wauquiez ne semble pourtant pas disposé à laisser sa place. Après avoir réalisé le plus mauvais score de la droite sous la Ve République (8,48%), le patron de LR devait « absolument prendre une initiative politique », selon un de ses soutiens. Lors d’un bureau politique réuni au siège du parti, il a mis sur la table sa proposition d’organiser des « états généraux » lors desquels il entend « tout remettre à plat sur les valeurs, le projet, le fonctionnement et la stratégie d’alliance ».

    Lors de ces états généraux, « chaque sensibilité devra pouvoir s’exprimer, il faut pouvoir associer tous ceux qui le souhaitent, même ceux qui sont extérieurs aux Républicains », a assuré M. Wauquiez, souvent critiqué depuis son élection en décembre 2017 pour sa ligne droitière et sa gouvernance jugée « solitaire ».

    Dans la matinée, Valérie Pécresse avait déclaré qu’à la place de M. Wauquiez, elle démissionnerait de la présidence. « Il faut que tout change pour que ne rien ne change », a de son côté ironisé l’ancien patron du parti Jean-François Copé, qui dans la journée avait jugé « intenable » la situation et évoqué un « rejet massif » des dirigeants du parti

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  4. Clémentine Autain

    « Ce qui est en cause » dans la déroute de La France Insoumise aux européennes, « c’est la ligne politique » du parti, a jugé lundi la députée Clémentine Autain, déplorant l’accent mis sur « le ressentiment » et le « clash » depuis deux ans.

    « L’état d’esprit polémique et clivant a sans doute pris le dessus sur la mise en avant de notre vision du monde et de nos propositions. Or notre famille politique prospère quand elle s’appuie sur le ressort de l’espérance et non sur celui de la haine », a affirmé l’élue insoumise de Seine-Saint-Denis dans un entretien publié sur le site internet de l’Obs.

    Si LFI a récolté 6,31% des voix dimanche, loin des 19,58% obtenus par Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle, c’est parce que ses électeurs « ont été désarçonnés ou mécontents de la proposition politique qu’on leur a faite », a-t-elle souligné.

    En 2017, « on avait eu un Mélenchon rassembleur » qui « avait réussi à faire le plein au sein de la gauche radicale et à capter un électorat déçu du PS » mais « ce capital politique s’est érodé », a expliqué Mme Autain.

    Pour la parlementaire, « la séquence des perquisitions », menées en octobre au siège de LFI et au domicile de Jean-Luc Mélenchon « a évidemment pesé mais ce n’est pas le seul paramètre ».
    La codirectrice de publication de la revue « Regards » déplore « la récurrence de formulations » visant à « cliver » ainsi que « des murs » dressés « là où il aurait davantage fallu chercher à construire des passerelles ».

    Elle cite pour exemple le « Manifeste pour l’accueil des migrants », publié en septembre par l’hebdomadaire Politis, la revue Regards et Médiapart. Jean-Luc Mélenchon a fait le choix « d’entrer en opposition frontale avec les signataires » de ce texte, souligne-t-elle.
    Le député des Bouches-du-Rhône est-il encore le candidat naturel de LFI pour la présidentielle de 2022 ?

    « Ce n’est pas le sujet. La discussion que nous devons avoir, c’est quelle stratégie et comment on se met en mouvement pour reconstruire une perspective de transformation sociale et écologiste », répond Mme Autain.

    Mais dans un « travail de refondation » de LFI, « la démarche doit être collective », considère-t-elle.
    « J’ai posé la question du pluralisme et de la démocratie interne il y a plus d’un an. Cela avait été très fraîchement accueilli à l’époque. On nous avait promis des changements à l’été, un meilleur fonctionnement de l’espace politique… Mais rien n’a été fait en ce sens », a-t-elle regretté.

    AFP, publié le mardi 28 mai 2019 à 07h38

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  5. « Personne n’est capable de fédérer » la France insoumise comme Jean-Luc Mélenchon, a assuré lundi le député LFI Eric Coquerel, estimant que le mouvement avait « besoin » d’une telle « figure tribunitienne », malgré l’échec des Européennes.

    « On est dans la Vème République, on a besoin d’une figure tribunitienne. Moi, ce que je constate, c’est que pour l’instant, je ne vois personne qui est capable de fédérer de manière aussi naturelle les choses » que Jean-Luc Mélenchon, a souligné sur Europe 1 le député de la Seine-Saint-Denis.
    Le résultat très décevant (6,31%) aux élections européennes a ouvert une crise à LFI avec la fronde de plusieurs cadres dénonçant le fonctionnement en interne, l’offensive de la députée Clémentine Autain pour changer la ligne ou encore le départ de Charlotte Girard, une figure du mouvement.

    Jean-Luc Mélenchon lui-même a laissé planer un doute sur son avenir à la tête du mouvement, qui a frôlé les 20% à la présidentielle de 2017. Après le 6 juin, « je proposerai une suite pour notre chemin et je dirai ce qu’il en sera pour moi », a-t-il écrit sur son blog, sans plus de précisions.
    Eric Coquerel estime que l’échec des Européennes « peut-être juste une chute de tension » si LFI réussit à ne pas « partir dans des affrontements internes qui n’ont pas lieu d’être ». Tout en avouant « sentir monter des tensions, des mots, des anathèmes », suffisamment fort pour lancer lundi un « appel à la raison ».

    Contestant les accusations d’autoritarisme contre M. Mélenchon, le député de la Seine-Saint-Denis a qualifié de « piège » la colère très médiatisée du chef de file de LFI durant les perquisitions au siège du mouvement en octobre.

    « On a par exemple laissé monter une caméra comme celle du (l’émission) Quotidien qui nous a jamais été véritablement très favorable. Il y a eu des erreurs. Mais une scène d’une heure a été synthétisée en une minute. On a été manipulés. Le vrai problème, c’est qu’aucune force démocratique (…) ne se soit insurgée contre le fait que nous ayons été perquisitionnés comme des terroristes », s’est-il ému.

    AFP, publié le lundi 10 juin 2019 à 10h31

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